À l’approche du prochain match à domicile de ce samedi, nous nous sommes rendus au cabinet de diététicien d’un des grands buteurs de l’APH, Thomas Zirn.
Salut Thomas, pourrais-tu commencer par te présenter ?
Je m’appelle Thomas Zirn, j’ai 28 ans et je suis ailier droit à l’APH. À côté, je suis diététicien nutritionniste, je travaille aussi à la fac en tant que diététicien et avec les pompiers. J’ai commencé le hand en Picardie, je suis originaire de Noyon, j’ai joué à Cambronne également où j’y ai un peu fait mes armes en -15 et en -18. Suite à ça j’ai fait une saison à l’APH pendant ma dernière année de -18 pour jouer avec la N3 parce que j’étais au Pôle d’Amiens.
Après ça je suis parti à Ivry sur Seine qui jouait en D1, j’y ai fait quatre ans de centre de formation ; au bout de la deuxième année j’ai intégré les pros puis j’ai signé un contrat professionnel pendant trois saisons.
Pourquoi avoir choisi les « Pirates » plutôt qu’un autre club ?
Il y a trois ans de ça, je suis revenu à l’APH, c’est donc maintenant ma quatrième saison ici ; on me proposait de revenir en tant que joueur professionnel et de me lancer dans la diététique.
En plus de cela je connaissais aussi Clément Bonin avec qui j’avais passé un été sympa il y a quelques années, c’est lui qui m’avait contacté sur Facebook mais je pense que derrière ça il y avait également Julien Richard qui voulait certainement que je revienne.
Après l’APH parce que j’ai aussi mes marques ici. Je connaissais bien la ville et le projet du club était intéressant. Quand je suis arrivé, l’équipe était déjà en N1 avec un projet de monter en D2 à l’époque avant l’arrivée du statut VAP. Je me sens vraiment bien ici au club, j’ai été super bien accueilli. Ils ont tout fait pour que je re-signe l’année dernière, même si chacun a fait des compromis, je pense que tout le monde est gagnant dans l’histoire. J’aimerais pouvoir finir ma carrière ici, j’espère qu’elle ne se finira pas l’année prochaine, mais si le club a le souhait de me garder je serais ici avec plaisir. C’est une vraie volonté de rester.
Depuis que je suis à Amiens il n’y a pas eu de mauvaise saison, et avant moi il n’y en avait pas non plus. C’est aussi pour ça que je suis venu : ils ont monté les échelons très rapidement, il y avait du beau monde ici et c’est ça qui m’a donné envie de venir. Aujourd’hui depuis que je suis là il y a juste l’année dernière où on a manqué les play-offs de pas grand-chose en jouant dans une grosse poule, mais on a fait une super deuxième partie de saison qui nous a permis d’accéder à la poule élite cette année.
Un poste de prédilection sur le terrain ?
Ailier droit bien sûr. Etant plus jeune, j’étais arrière droit, mais là je pense que le coach ne veut pas trop m’essayer… Pourtant j’ai un grand talent d’arrière droit ! Il faudra lui passer le message…
Des objectifs personnels, collectifs ou professionnels particuliers pour cette saison ?
Côté professionnel j’aimerais bien continuer à développer mon activité annexe qu’est la diététique, notamment en libéral parce qu’à la fac ça marche vraiment bien avec les consultations gratuites pour les étudiants.
Sur le plan sportif, j’aimerais qu’on continue de cette manière-là. Éviter les blessures serait chouette au niveau personnel, et collectivement continuer à gagner des matchs pour se maintenir. En fait ce qui va être frustrant ça va être de ne pas pouvoir jouer la montée, j’aurais bien aimé jouer en D2 avec cette équipe d’Amiens parce qu’on sait qu’il va y avoir la fin d’un cycle avec les départs potentiels même si j’espère qu’on gardera le même groupe l’année prochaine. En tout cas ça va arriver à un moment ou un autre et d’ici là on ne sera pas VAP et c’est ce qui va être gênant, de se reconstruire après ça. Peut-être que l’accession en D2 ne se fera pas tout de suite, mais avec un groupe différent. Alors que c’est ce groupe-là qu’on a envie de voir parce que c’est celui qui a créé la N1 avec les Julien Richard, Clément Bonin, Yurii Petrenko, Marcel Tchinda également qui est arrivé dans les débuts ; c’est eux qu’on aurait eu envie de voir en D2 parce qu’ils le méritent. Ils ont fait venir tout le monde et ils ont fait les résultats pour pouvoir être en N1 aujourd’hui donc ce sont vraiment eux qui méritent d’y être plus que les autres.
L’accession pourra se faire, mais ça sera sans eux et ça sera dommage parce que je pense qu’ils ont envie de voir le club en D2 à un moment ou à un autre.
Ton ressenti quant à l’objectif de maintien affiché cette saison ?
C’est totalement cohérent puisqu’on a une équipe qui est quand même solide avec une grosse assise défensive notamment grâce à Julien Richard, Daniel Tatto et Marcel Tchinda… Même Rabah fait le boulot, au final tout le monde peut gérer ! On a franchement une belle rotation sur chaque poste et c’est très intéressant. On n’a peut-être pas l’équipe pour monter, et je ne dis pas ça dans le sens où on n’a pas les capacités individuelles c’est qu’au niveau du fonctionnement du club on ne s’entraîne pas suffisamment, mais je suis persuadé qu’avec cette équipe-là, si on était tous professionnels et qu’on s’entraînait tous tous les jours ensemble, on pourrait atteindre la D2. Quand on regarde sur le papier il n’y a que des grands joueurs quasiment dans cette équipe.
Est-ce qu’on pourrait dire donc qu’il y a une petite notion de « regret » derrière tout ça ?
La première année où je suis arrivé c’était encore Tarik (ndlr : Hayatoune) l’entraîneur, il nous avait bien fait comprendre que c’était le fonctionnement du club et qu’il ne fallait pas trop en attendre par rapport à ça. Du coup personnellement je me suis mis bien dans la diététique et je le comprends, les gars ont le boulot qui est fatigant. D’ailleurs c’est franchement dur leur rythme, quand ils bossent et doivent venir s’entraîner le midi ou le soir ; je le vis cette année avec la diét’ notamment quand je fais des grosses journées je suis vraiment fatigué quand j’arrive à l’entraînement.
Le fait d’avoir moins d’entraînements par semaine finalement ça permet de gérer la vie professionnelle et personnelle parce que sinon ça fait des journées à rallonge. Ça fait du bien aussi dans le sens où du coup on est content d’y aller et c’est important, on n’a pas la flemme. Quand c’est un métier il y a moins le plaisir parce qu’il y a des obligations et des contraintes.
J’aime bien aussi exister pour ce que je suis et pas forcément pour ce que je représente par la performance. Ici même si on n’est pas bons, on va quand même boire une bière avec les potes et on parle d’autre chose.
Thomas Zirn
Un moment fort à souligner sur tes années de hand ? Sur celles passées à l’APH ? Une rencontre particulière ?
Mes années de centre de formation à Ivry étaient vraiment supers, notre titre de champions de France en D2 était chouette aussi. Sur le plan des rencontres, j’ai bien aimé jouer surtout avec les frères Simonet (ndlr : joueurs nationaux Argentins), je suis parti au mariage de Sebastiàn (ndlr : ainé de la fratrie Simonet) en Argentine. Il y a Leo Martinez aussi avec qui j’ai encore beaucoup de contact et avec qui je me suis éclaté.
Après sur mes années à l’APH, pour le moment ce n’est que la quatrième mais elles sont toutes sympas ; l’avantage c’est que sur ces quatre saisons il n’y a pas eu de blessures contrairement à Ivry où j’en avais connus pas mal. C’est quand même cool de pouvoir faire des saisons quasi pleines sans passer sur le billard ! Les rencontres ici sont quand même humaines contrairement à ce que j’ai pu vivre par rapport au fait que ce soit plus petit, moins pro et que l’on n’existe pas uniquement à travers la performance. C’est ce que j’ai reproché au haut niveau et c’est peut-être aussi parce que je ne suis pas fait pour ça, mais même si je suis un compétiteur qui apprécie gagner, je déteste perdre même, j’adore la rigueur du boulot et de l’entraînement ; mais j’aime bien aussi exister pour ce que je suis et pas forcément pour ce que je représente par la performance. Ici même si on n’est pas bons, on va quand même boire une bière avec les potes et on parle d’autre chose.
Le fait d’avoir une saison composée d’autant de longs déplacements contrairement à la saison dernière est un souci de plus à gérer pour l’équipe ?
Pour moi c’est génial, j’adore voyager avec les copains, quand on dort à l’extérieur on se marre bien. Le voyage est effectivement fatigant mais ce sont des bons moments.
Un bilan à dresser sur cette mi-saison qui approche ?
Je trouve que notre parcours est plutôt correct. Hormis la coupe de France où c’est toujours un peu particulier, chacun défend son bifteck et puis ça se joue sur un match. Le bilan du championnat est plutôt correct puisqu’on a gagné contre Grenoble alors que ce n’était pas dans la ligne de mire. Là on a perdu à Frontignan mais honnêtement c’est une très belle équipe qui avait peut-être mal commencé la saison, ils ont des super joueurs, quasiment tous les mecs qui n’ont pas signé en pro à Montpellier, leurs joueurs sont également en reconversion professionnelle pour la plupart donc c’est intéressant. Finalement c’est un peu notre miroir presque dans le championnat.
Et puis il y a Angers aussi qui est une super équipe VAP. Honnêtement là le gros regret… on n’en a pas sur le début de saison ! Effectivement on aurait pu faire quelque chose à Angers, Frontignan on est passés à côté mais c’est une équipe qui est très solide, Grenoble on a pris des points donc c’est plutôt intéressant, Pau à l’extérieur c’était vraiment compliqué, déplacement un peu bourbier mais on est revenus vainqueurs.
Il y a beaucoup de positif ! Là maintenant il y a trois matchs qui arrivent, il faudrait qu’on arrive au moins à faire 2 / 3.
Sur vos trois prochains matchs, deux sont à domicile mais pas au Coliseum. Est-ce que c’est aussi un problème pour vous ?
Depuis le début des vacances on a réussi à régler le souci des entraînements, on nous a informés hier que l’on aurait des créneaux d’entraînements pour les trois derniers soirs de la semaine. On va faire trois séances aux 4 Chênes et tant mieux parce qu’il faut que l’on prenne nos marques. Ce n’est pas une salle inconnue parce qu’on y a déjà joué les années passées, mais c’est ce qui est un peu frustrant : le Coliseum était bien plein, on va perdre une partie de notre public, même si on remplit les 4 Chênes ce weekend ça ne sera pas pareil. C’est assez frustrant qu’on nous ait délocalisés, c’est dommage de ne pas revoir le Coliseum avant le mois de février. Malgré les solutions trouvées ça reste un problème parce qu’on n’a pas la sensation d’être à la maison… Mais c’est comme ça et on n’a pas le choix donc il va falloir qu’on gagne, on ne pourra pas s’en servir comme excuse en cas de défaite.
C’est vraiment une division à part. On est presque en D3, personne ne veut l’appeler comme ça officiellement mais c’est ce que représente cette poule « élite »
Thomas Zirn
Des ambitions particulières pour la deuxième partie de la saison ?
On va commencer par recevoir Vernouillet puis se déplacer à Vernon, ça reste deux belles équipes, en tout cas ce sont deux équipes en haut de tableau à l’heure actuelle. Vernon est un gros prétendant à la montée, Vernouillet a bien recruté et pourrait être VAP. Donc ce ne sont pas forcément les objectifs, mais par contre il va falloir gagner Pau à la maison par exemple parce qu’on a réussi à aller prendre des points à l’extérieur et il faut les conserver à la maison. Et puis se faire un petit coup pourquoi pas à Grenoble ou à Caen avant la trêve, mais l’objectif sera dans tous les cas de finir dans la première partie de tableau et éviter de descendre parce que c’est vraiment une division à part. On est presque en D3, personne ne veut l’appeler comme ça officiellement mais c’est ce que représente cette poule « élite. »
Qu’en est-il des statuts VAP dans cette poule ? Dirais-tu que c’est une « intra-poule » ou que c’est un détail ?
Non c’est quand même important ce statut, ce sont des équipes qui ont plus de budget, qui s’entraînent plus. Malgré que ça ne rapporte pas plus de points de gagner contre ces équipes, ça reste des points bonus, si on arrive à le faire c’est top. Et puis forcément quand on joue une VAP, c’est comme en D1 : quand on joue le PSG on a envie de tout donner, et quand ils sont VAP on a envie de leur montrer que l’argent ne fait pas tout.
Mais ce qui est bien avec cette formule c’est qu’on joue tous les weekends des gros matchs. Il n’y a plus de match où on est sûrs de mettre +10 à l’adversaire ; on a été jouer à l’ACBB où on a gagné dans la douleur : même s’ils sont derniers, ce sont de bons derniers, ils sont vaillants. Et c’est vraiment chouette cette année de ne pas avoir de match où on se dit « là on va faire tourner ».
La configuration de la poule impose des déplacements compliqués mais propose des choses plus intéressantes en termes de jeu et nous on joue au handball pour avoir des matchs comme ça. C’est du semi-professionnalisme, VAP veut vraiment dire « Voie d’Accession au Professionnalisme » donc c’est clairement une poule un peu intermédiaire où il y a des équipes qui sont dans le même système que nous et d’autres qui sont professionnelles.
En étant VAP il ne faut pas se tromper dans le recrutement pour commencer, c’est une autre gestion. Là en l’occurrence on n’a pas de pression, on se dit qu’on doit se maintenir, mais si on ne le fait pas c’est juste dérangeant pour le club ; en tant que VAP, une fois que l’on dit que l’on est susceptibles de monter, il faut le faire.
Un mot sur le match de ce weekend face à Gonfreville où vous revenez enfin à domicile après un mois ?
On sait que Gonfreville est une belle équipe qui se projette beaucoup vers l’avant et monte tous ses ballons. Ça sera sûrement du jeu rapide pour eux mais on va essayer d’éteindre un peu ça, on va continuer à jouer comme on le fait depuis le début de saison, on a bien travaillé et le weekend de repos nous a fait beaucoup de bien. On a levé un peu le pied, la saison était longue puisqu’on ne s’était pas arrêtés depuis août, on commençait à être un peu fatigués donc mine de rien cette coupure nous a soulagés ; certains sont allés jouer avec la B quand même mais je pense qu’ils auraient bien aimé avoir leur weekend de repos aussi.
On a envie de faire bien ce weekend, on sait que ce sont des matchs importants pour le maintien, que si on les gagne ça comptera pour le classement final. Normalement c’est une équipe à notre portée, on est censés prendre des points.
Au sujet de cette équipe B dont vous parliez, est-ce vraiment un deuxième groupe bien distinct du votre ou faites-vous des choses en commun ?
Il y a une bonne partie des mecs du groupe de la B qui s’entraîne avec nous comme Aubin (ndlr : Fournaise), Théo (ndlr : Chardenet) ou Nicolas Barret, principalement des gars qui ont un bon petit niveau de hand. Ils sont partenaires d’entraînement jusqu’ici parce qu’on ne les a pas encore vus en N1 mais ils sont toujours là à l’entraînement et ils bossent bien. Ils sont encore jeunes alors j’espère que c’est un de leurs objectifs d’intégrer la N1, parce que, même si on ne leur fournit pas beaucoup de temps de jeu en match, ils sont tous très importants, à l’entraînement ils s’entraînent vraiment dur et ce sont des bons gars.
Sinon en dehors de ça on ne voit pas trop le groupe prénationale, avant on s’entraînait le vendredi soir dans les mêmes locaux donc ça nous arrivait de boire une bière avec eux à la fin, cette année un peu moins. Mais on les connaît, l’arrivée de Julien Dubus a fait du bien, on le voit un peu en dehors ; et c’est un groupe qui est super sympa. C’est aussi l’objectif du club de ne pas avoir un « intra-club » avec l’équipe N1, on est une entité de l’APH même si c’est vrai que les échanges se font plus ou moins.
Un mot à vos supporters pour finir ?
C’est super d’avoir toujours une salle remplie, pour nous ça change beaucoup et ça fait la différence. On est super contents de voir des habitués et des nouvelles têtes, on aimerait partager un peu plus de temps avec eux donc c’est chouette quand ils viennent et ils sont importants dans nos victoires alors on espère qu’ils vont venir pour les deux prochains matchs qui sont primordiaux. Ça serait bien de pouvoir partir en vacances bien classés.
Propos recueillis par Océane KRONEK
Crédits photos : Kevin Devigne / Léandre Leber – Gazettesports.fr