HANDBALL : Clément Bonin, « Je n’ai pas le souvenir d’une mauvaise saison sportive ici »

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Alors que l’APH est en passe de rentrer en lice pour les Coupes de France nationales ce samedi, nous sommes allés à la rencontre de Clément Bonin, un des piliers du collectif depuis maintenant sept saisons.


Salut Clément, même si tu es connu à l’APH, peux-tu te présenter en quelques mots ?

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Moi c’est Clément Bonin, j’ai eu 34 ans il n’y pas longtemps, j’ai grandi pas très loin d’ici du côté de Compiègne. Le hand c’est un peu une histoire de famille : mon père était handballeur, il a joué au plus haut niveau de l’époque aussi en région parisienne alors, logiquement avec mon frère on a suivi. 

J’ai d’abord joué à Compiègne avec mon grand frère, ensuite je suis parti au centre de formation de Dunkerque, toujours avec mon grand frère donc on s’est un peu « tiré la bourre » là-bas. J’ai également signé un contrat professionnel à Dunkerque et j’y ai passé six ans ; après ça je suis parti jouer à Dijon pendant quatre saisons, toujours en tant que joueur professionnel. 


Pourquoi avoir choisi l’APH ?

Après mes dix années en joueur professionnel j’ai eu l’opportunité de venir sur Amiens pour rejoindre un collègue, Julien Richard. On a un peu le même parcours et donc on a eu l’occasion de rentrer dans une entreprise qui fait des réseaux fibre optique. Un nouveau métier donc, ce qui était intéressant ! Je n’avais pas forcément le bagage avec moi qui suivait, mais j’avais l’envie et la motivation. Toujours avec Joël Peron, l’idée de s’impliquer dans le sport et de créer son entreprise, l’alliance des deux était parfaite : le projet a commencé comme ça et ça a dû l’inspirer pour la suite, preuve qu’on était de bons éléments. 

Avant l’APH j’étais joueur pro, mais j’avais fait un peu le tour. Je n’étais pas vieux à 27 ans, mais j’en avais un peu marre de ce quotidien, d’être toujours un peu en décalage avec tout le monde. Il y avait des très bons moments mais on se déplace beaucoup et c’est des contrats à durée déterminée donc on ne sait jamais trop ce qu’il va se passer. Il y a de la pression aussi, les gens ne se rendent pas forcément compte mais il n’y a pas que le match, il y a tout ce qui se passe à côté. Donc je commençais à ne plus trop supporter et pour pouvoir me stabiliser j’ai eu cette option-là ; il y en a eu d’autres mais pas aussi intéressantes professionnellement parlant. 


Comment s’est passée ton arrivée chez les « Pirates » ?

Je suis arrivé à Amiens il y a sept ans, en août 2012 quand le club était encore en N2. Ça n’a pas été facile de s’adapter au niveau mine de rien, même en venant de plus haut parce qu’on passait aussi à moins d’entrainements, ce n’était pas la même équipe ni le même entraîneur. Le travail à côté était nouveau pour moi également, mais c’est une belle aventure !


Ton ressenti quant à l’objectif de maintien dans cette poule élite pour le club ?

Je voulais être astronaute mais cette année on se retrouve en N1 élite, l’antichambre du niveau professionnel. Je pense qu’avec les moyens qu’a le club aujourd’hui, les joueurs qui composent l’équipe (des professionnels mais aussi des travailleurs et des étudiants) ça sera difficile de faire mieux dans ces conditions, c’est déjà très bien d’être arrivé là. Depuis que je suis arrivé en 2012 le club a évolué chaque saison, on a gravi les échelons doucement mais mine de rien toujours avec des bases assez stables. Il y a eu des petits couacs avec des fois les finances qui ne suivaient pas forcément, mais on s’est toujours accrochés et battus alors je n’ai pas le souvenir d’une mauvaise saison sportive ici. Contrairement au monde professionnel où c’est notre job, il y avait des moments durs parfois qui nous affectaient plus qu’aujourd’hui à l’échelon de la N1. 

Le club a bien évolué mais maintenant la marche qu’il y a au-dessus ne dépend pas non plus que de nous sur le terrain, ça dépendra aussi des collectivités qui nous aident déjà beaucoup mais on a toujours besoin de plus.

La semaine on se donne à fond pour le boulot et pour le hand, alors le samedi on se récompense déjà avec le match, mais en plus avec la victoire si possible

Clément Bonin


Le fait d’avoir un collectif aussi hétérogène pour toi c’est vraiment un aspect positif de l’équipe ?

Jusqu’à présent ça a toujours été un bon mélange et puis de toute façon on ne pourra pas avoir que 15 joueurs pros ici, pas tout de suite en tout cas. Si on avait 15 étudiants ou 15 salariés je pense que ça serait compliqué aussi. On a le bon mix d’avoir nos jeunes qui sont là pour essayer de nous secouer, et les travailleurs comme moi et d’autres qui essayons toute la semaine de faire comme on peut pour venir, être présents et mettre l’intensité qu’il faut. Il y a des soirs où c’est plus dur que d’autres mais le samedi on a vraiment cette rage parce que c’est notre récompense : on n’est plus des joueurs pros mais la semaine on se donne à fond pour le boulot et pour le hand alors le samedi on se récompense déjà avec le match mais en plus avec la victoire si possible. 


Quel est ton poste de prédilection ?

J’ai été joueur professionnel à l’aile gauche, de par aussi mon physique je n’étais peut-être pas assez grand pour jouer sur la base arrière. Mais ici je joue plutôt arrière gauche parce que c’est sûrement le poste où je suis le plus utile à l’équipe. Quand je suis arrivé en N2 ça aurait été dommage de continuer à m’utiliser sur l’aile où on est beaucoup dépendants des autres. Je ne suis pas un grand buteur, j’ai déjà été bien plus buteur dans le passé, mais je suis plutôt altruiste et je joue pour mes copains. 


Est-ce qu’à 34 ans on arrive toujours à se dire qu’il reste une marge de progression ?

Il n’y a pas d’âge pour apprendre je pense. Avec l’expérience on a aussi plus le souci du détail alors que quand on est plus jeune on ne fait pas forcément attention à tout. Il faut faire attention au sommeil, à l’alimentation, on dépense moins son énergie à d’autres choses même si finalement tout dépend de chacun, c’est la vision que j’en ai. On a aussi des technologies qu’on n’avait pas il y a quelques années qui nous aident sur la récupération physique mais aussi sur l’étude des équipes adverses avec la vidéo. Il faut savoir se servir de ce que l’on a. 

On ne va dérouler le tapis rouge à personne, aucune équipe ne nous fait peur dans cette poule, c’est à nous de faire peur aux autres.

Clément Bonin


Est-ce qu’après une telle succession de victoires on se met à rêver plus grand quand on joue dans une poule qui pourrait s’apparenter à une D3 ?

Dans le championnat on est tous partis sur un pied d’égalité, tout le monde part avec 0 point et 15 ou 20 mecs dans son collectif. C’est un pied d’égalité pour nous, on s’en fout de qui est pro ou non, de qui est plus riche que qui, on y va pour essayer de faire le mieux possible : on ne va dérouler le tapis rouge à personne. On a été gagner à Pau, ça a été compliqué mais on l’a fait donc aucune équipe ne nous fait peur dans cette poule, c’est à nous de faire peur aux autres.

La question du statut VAP revient depuis plusieurs années mais ça ne nous empêche pas de jouer le samedi. C’est plutôt une question administrative ou une réaction que vont avoir les autres clubs en se disant « ils n’ont pas le statut VAP, peut-être qu’ils s’en fichent ».


L’objectif principal reste donc le maintien avant de rêver plus haut ?

Nous on veut rester dans cette poule de barrage où le niveau de jeu est très élevé. C’est parfait aussi pour les jeunes qui arrivent et sont confrontés directement à des joueurs qu’on ne rencontre pas forcément tous les weekends. La marche est peut-être encore un peu haute mais pour l’instant notre équipe réserve est encore à un niveau trop bas (ndlr : prénationale) pour servir d’intermédiaire. C’est aussi un des objectifs du club de bosser sur les jeunes pour faire monter cette équipe B à l’échelon supérieur en N3. Ça serait génial pour qu’on garde aussi ces jeunes qui souvent sont amenés à partir pour les meilleurs : on a perdu deux joueurs cette année qui sont partis à Abbeville, les autres sont aspirés du côté de Dunkerque avec le Pôle Espoir. C’est aussi la loi du sport, les meilleurs s’en vont.


Comment parvient-on à gérer une saison où on n’est plus en poule géographique avec beaucoup de déplacements à venir ? La cohésion d’équipe trouve toute son importance pendant ces trajets ?

C’est vrai que c’est important, on parle souvent de « bien se déplacer » et d’avoir des bonnes conditions de déplacement. On n’est pas à plaindre ici même si ça reste long. Il y a trois semaines on est partis à Pau : départ le samedi matin à 6 heures et retour le dimanche à 19 heures, on n’a pas le temps de trop user les draps à la maison ! On s’entend très bien et heureusement sinon ça ne se passerait pas comme ça donc finalement ça nous sert aussi d’exutoire : on se déplace ensemble, on sait qu’on est ensemble 48 heures. Il y a des moments comme ça dans la saison comme bientôt on s’en va à Frontignan, on rentre pour la semaine de boulot et on enchaîne sur un autre déplacement à Angers. Ça fait aussi partie du sport, on sait qu’une fois c’est chez nous et une fois c’est à l’extérieur, moi c’est comme ça depuis plus de vingt ans. C’est toujours difficile de se déplacer mais c’est bon de savoir qu’on a les copains avec nous.

On préfère jouer les équipes plus cotées et relevées

Clément Bonin


Un mot sur le premier match de Coupe à venir ce weekend ? Comment est abordée la rencontre face à une équipe d’échelon inférieur ?

Non on n’est pas démobilisés, on a envie de gagner et de passer ce tour. Seulement on dit ça mais quand on se retrouve à jouer une équipe d’un niveau moindre, on est souvent moins appliqués, notre spécialité c’est un peu de s’adapter au niveau de jeu qu’il y a face à nous. On préfère jouer les équipes « plus cotées et relevées », mais ça fait aussi partie du jeu et c’est ça la Coupe de France, des fois il y a des petits poucets qui arrivent à aller loin.


Quelque chose à ajouter pour les supporters pour finir ?

Ils sont de plus en plus nombreux depuis plusieurs années, pas encore cette saison même s’il y a déjà du monde on a déjà connu plus forte affluence. Mais c’est génial d’avoir un soutien comme ça, quand on joue à domicile on sait qu’il y aura cette ferveur, il y a du monde et les gens s’intéressent. Ce n’est pas le cas partout et ça aussi il faut le rappeler : on va peut-être jouer dans des plus belles salles mais aussi beaucoup moins remplies avec moins d’engouement. Là-dessus on a de la chance, les équipes d’en face ne sont pas toujours habituées à ce qu’il y ait autant de monde et ça galvanise.

Océane KRONEK

Crédits photos : Léandre Leber – Gazettesports.fr

Publié par La Rédaction

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