À 49 ans, Agnès, karatéka, mère d’une jeune fille de 19 ans, ne souffre pas d’un cancer du sein. Et elle espère n’avoir jamais à le connaître. Mais, comme une dizaine d’autres samariennes, elle a accepté de poser pour une série de portraits signés du photographe Léandre Leber. Une campagne de sensibilisation, initiée par le comité de la Somme de la Ligue contre le cancer.
On a tous un rapport différent à la maladie. Agnès est une personne à risque ! Elle est ce qu’on appelle “une petite fille Distilbène” – Le Distilbène est le nom commercial d’une molécule, le Diéthylstiboestrol. Cet œstrogène de synthèse a été prescrit aux femmes enceintes pour prévenir les fausses-couches. Malheureusement, on s’est aperçus tardivement que cette molécule avait des effets secondaires sur les fœtus, notamment sur leur appareil reproducteur. La molécule a entraîné chez les petites filles exposées in utero des difficultés à plusieurs niveaux. Certaines femmes ont aussi développé un cancer. “Je suis une petite fille Distilbène et donc j’ai été imprégnée de cette molécule pendant la grossesse de ma mère” explique-t-elle. Agnès se sent donc concernée en tant que femme, mère et tout simplement parce que c’est pour la bonne cause.
Toute annonce d’une maladie grave est un coup-de-poing. Elle brutalise, révulse et sidère. Rien n’y prépare, rien n’en protège. Installés dans le confort de leur existence à durée indéterminée, les malades et leurs proches se voient soudain confrontés à l’impensable : la précarité de la vie. “Le mot cancer fait peur, parce qu’on va tous mourir un jour, mais pas forcément du cancer (…) le mot cancer fait peur pour tout ce que ça engendre derrière” exprime la Samarienne. Il fait peur, mais n’est pas considéré comme une fatalité en soi, tous espèrent l’avancée des recherches et se mobilisent pour que la recherche avance. “J’ai toujours espoir en moi que d’ici quelques années, ce sera mieux. Au moins pour ma fille, qu’elle n’aura pas à subir tout ça.”
« C’est comme la boxe, il faut anticiper pour mieux combattre l’adversaire. Et je me dis, c’est pareil pour le cancer du sein. Si on veut le combattre, il faut l’anticiper. »
Passé le choc de l’annonce, toute personne atteinte d’une maladie grave se trouve confrontée à une nécessité vitale : il faut « se battre ». Le corps médical emploie très régulièrement un lexique guerrier, que le malade ne comprend pas toujours. Comment lutter quand on est épuisé par la maladie, assommé par les traitements, voire mutilé par la chirurgie ? Et contre quoi, contre qui, quand le mal est en soi ? « C’est comme la boxe, il faut anticiper pour mieux combattre l’adversaire. Et je me dis, c’est pareil pour le cancer du sein. Si on veut le combattre, il faut l’anticiper. » Après 50 ans, il convient d’effectuer des examens médicaux simples pour détecter des maladies. L’objectif des dépistages en cancérologie en général est de dépister des maladies tôt pour les traiter avant qu’elles ne soient plus difficiles à traiter.
Prendre connaissance d’un cancer en amont permet donc de mieux gérer la maladie. L’activité physique est également utile avant un cancer, pendant, et après. Pratiquée à dose suffisante, elle réduit notamment le risque de développer cette maladie. C’est même un des facteurs modifiables de prévention comme l’alcool, le tabac ou encore l’alimentation. L’agressivité des traitements utilisés pour lutter contre les cellules cancéreuses laisse place à des effets secondaires. Entre difficultés à apprivoiser cette nouvelle image de soi et absence de produits adaptés à leurs maux, les femmes se retrouvent souvent impuissantes dans un univers médical où la féminité ne semble plus avoir sa place.
“J’ai eu la chance de voir l’exposition au CHU organisée à l’occasion du mois d’octobre rose. J’ai vu de très belles photos de femmes et ça m’a vraiment émue (…) Je me suis dit “Wow elles sont vraiment belles” et c’est ça au final une vraie acceptation de son corps. Oui les seins, il est vrai que c’est une partie de notre féminité mais sans eux, rien ne nous empêche d’être magnifiques et elles sont magnifiques. ” conclue t-elle.
Youssrah Mahadali
Crédits photos : Leandre Leber Gazettesports.fr
Cette série de photos et d’interviews seront exposés lors du colloque de la recherche de la ligue nationale contre le cancer le 30 et 31 janvier à Amiens, en partenariat avec la ligue contre le cancer de la Somme. Si vous souhaitez témoigner, participer à cette série, contactez nous à l’adresse suivante : leandre@gazettesports.fr
Retrouvez les portraits précédents :
# 1 : Mélanie Doutart : “Il faut savoir s’écouter, que cela nous fasse du bien malgré la maladie.”
# 2 : Valentine Roger: “un combat au corps-à-corps”
#3 : Tiffany : “ma mère, une guerrière.”
# 4 : Valentine.B : “On pense souvent que l’on a beaucoup de temps devant soi.”
# 5 : Margaux : “Qu’est ce qui fait la féminité ?”
# 6 : Justine : “Le cancer, c’est le « fléau de l’humanité »”
# 8 : Céline Csore: “Relever la tête et aller au combat”
# 9 : Marie et Camille – “C’est un combat que tu ne peux pas gagner.”
# 10 : Leslie P / Catherine B – “Il faut être optimiste, il faut continuer à se battre”
# 11 : Edwige et Lucie : “Quand on est très bien entouré, qu’on se bat contre un cancer, c’est plus un match de rugby qu’un combat de boxe.”
# 12 : Bérénice et Mathilde “L’activité physique régulière, permet de prévenir les maladies”
# 13 : Justine : “Quand on voit les dégâts qu’un cancer peut faire, on se dit qu’il ne vaut mieux pas attendre.”