SPORT- SANTÉ : Marie et Camille, “C’est un combat que tu ne peux pas gagner.”

Leandre Leber Sport Santé Marie Et Camille
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“Le cancer, c’est aussi tout l’état d’esprit. Quand c’est trop lourd, on tombe tous malade”, c’est le sentiment qu’ont eu Marie et Camille pendant que leur mère se battait contre la maladie. Les jeunes femmes de 20 et 21 ans reviennent sur le côté destructeur du cancer, chez les patients comme chez les familles.

Pour les deux soeurs, participer à cette campagne de prévention n’était pas une évidence. Au-delà de la “nudité”, c’est le regard qu’elle porte sur son corps qui a un peu freiné Marie. “Ce n’est pas du tout la même chose quand on se voit et quand les autres nous voient” déclare la rugbywoman. C’est finalement “les bons retours” de leurs coéquipières qui les ont convaincues. Finalement, les deux sont ravies du résultat, trouvant que “les photos dégagent des choses très positives”

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La vie avec la maladie

Camille et Marie ont eu à faire au cancer très tôt. Alors qu’une leucémie a emporté leur mère, leur belle-mère est maintenant atteinte d’un cancer du sein. “Quand je l’ai appris, pour ma mère, j’avais 12 ans je crois, explique Camille, et pour moi, c’était un truc qui n’arriverait jamais à ma famille”. De son expérience, Marie retient surtout le côté “destructeur” du cancer, “pas juste pour la personne qui est malade mais pour les gens autour aussi”. “C’est toute la vie qui doit se réorganiser,” explique la jeune fille, surtout quand la fin est évidente. “Nous, dans ce cas là, on savait qu’elle n’allait pas s’en sortir et du coup c’était lourd”. Elle ajoute que “quand on vit au quotidien avec la personne, il y a forcément un moment où c’est trop dur”. Ce n’est cependant pas la perte de leur mère qui a été le plus dur à surmonter, “en fait la mort c’est la fin de la vie, mais le cancer, c’est plus vicieux que ça”, explique-t-elle.

Pour les deux filles, le cancer est plus dur à surmonter que la mort. “Tu vois la personne être diminuée et la personne se voit aussi diminuer énormément”, exprime doucement Camille, avant que sa soeur n’ajoute “à chaque fois, c’est des mauvais résultats et à vivre pour la personne, ça doit juste être horrible. C’est un combat que tu ne peux pas gagner.“ Face à cette souffrance tout au long de la maladie, Camille tente de dédramatiser la mort, “finalement quand elle meurt, on se dit que c’est un soulagement pour elle, parce qu’elle ne souffre plus”. 

C’est le cancer qui me fait peur, je n’ai pas peur de l’attraper, mais la souffrance de la personne est tellement difficile à comprendre.

Pour se protéger, Marie a toujours essayé de créer une distance avec la maladie, ce qui l’a souvent éloigné des personnes malades. “C’est le cancer qui me fait peur, je n’ai pas peur de l’attraper, mais la souffrance de la personne est tellement difficile à comprendre” confie-t-elle. La rugbywoman exprime son “impression de ne servir à rien et surtout de ne pas pouvoir changer quoi que ce soit” et explique que cette participation est pour elle un moyen de “ne plus fuir, en s’investissant”. Sa soeur Camille s’est elle retrouvée à l’internat pendant toute la maladie de sa mère, ce qui a créée une approche différente pour elle. “Pour moi c’est un peu différent parce que j’étais en internat pendant toute sa maladie. Elle est décédée juste à la fin de ma scolarité au collège et du coup je ne la voyais que les week-ends puis les vacances, en général j’étais à la maison mais elle était à l’hôpital.

Anticiper comme premier traitement 

Traverser ces épreuves a fortement marqué les deux jeunes femmes et aujourd’hui, elles réalisent l’importance du dépistage. “Se faire dépister, c’est super important, notre mère par exemple, son cancer on l’a su trop tard, trop tard pour qu’il soit guéri” raconte Camille. “Je comprends que des gens aient peur de savoir” dit Marie, mais “même si ça fait peur, j’ai encore plus peur de me retrouver dedans trop tard, ça serait le pire truc du monde”. 

Les deux soeurs sont d’accord sur une chose, on ne parle pas assez des réalités du cancer. “Ca n’arrive pas qu’aux autres” termine Marie, “et c’est trop grave pour ne rien faire” enchaîne Camille dans la foulée.

Youssrah Mahadali

Crédits photos : Leandre Leber Gazettesports.fr


Cette série de photos et d’interviews seront exposés lors du colloque de la recherche de la ligue nationale contre le cancer le 30 et 31 janvier à Amiens, en partenariat avec la ligue contre le cancer de la Somme. Si vous souhaitez témoigner, participer à cette série, contactez nous à l’adresse suivante : leandre@gazettesports.fr

Retrouvez les portraits précédents :

# 1 : Mélanie Doutart : Il faut savoir s’écouter, que cela nous fasse du bien malgré la maladie.
# 2 : Valentine Roger: “un combat au corps-à-corps”
#3 : Tiffany : “ma mère, une guerrière.”
# 4 : Valentine.B : “On pense souvent que l’on a beaucoup de temps devant soi.”
# 5 : Margaux : “Qu’est ce qui fait la féminité ?”
# 6 : Justine : “Le cancer, c’est le « fléau de l’humanité »”
# 7 : Agnès Boulet “Pour moi, le mot cancer c’est un mot terrible”
# 8 : Céline Csore : “Relever la tête et aller au combat”
# 10 : Leslie P / Catherine B – “Il faut être optimiste, il faut continuer à se battre”
# 11 : Edwige et Lucie :  “Quand on est très bien entouré, qu’on se bat contre un cancer, c’est plus un match de rugby qu’un combat de boxe.”
# 12 : Bérénice et Mathilde “L’activité physique régulière, permet de prévenir les maladies”
# 13 : Justine : Quand on voit les dégâts qu’un cancer peut faire, on se dit qu’il ne vaut mieux pas attendre.

Publié par La Rédaction

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