C’est au tour de Leslie et Catherine de nous parler de leur rapport au cancer. Les deux rugbywomen de 27 ans confient leurs craintes et leurs espoirs vis-à-vis de la lutte contre le cancer.
En premier lieu, c’est Leslie, psychomotricienne, qui s’exprime. De par son métier, elle a pu être au contact de personnes qui ont vécu des cancers et a notamment travaillé autour de l’image du corps. Aujourd’hui, c’est un message d’espoir qu’elle veut faire passer.
“Je suis toujours un peu dans l’espoir de me dire que tant qu’on n’est pas “arriver au pire”, ça va aller et qu’il faut être fort.” C’est dans cette optique que Leslie est venu participer à cette campagne. Cependant, “se mettre” devant l’objectif n’était pas une évidence. “Quand on est au rugby avec les filles du vestiaire il n’y a pas de souci. Mais c’est vrai que de là à m’exposer comme ça en photo, ce n’est pas quelque chose que j’aurais pu faire seule. Ca a été un peu un challenge personnel finalement.” Après coup, c’est en souriant qu’elle découvre les photos, fière d’avoir participé à cette campagne.
Leslie semble particulièrement touchée par la manière dont la maladie peut diminuer l’image de soi. “Dans le combat de cette maladie il y a souvent des changements au niveau corporel qui peuvent être compliqués, constate-t-elle, c’est une maladie qui vient troubler, affecter l’image de son propre corps”. Il était important pour la jeune femme d’afficher son soutien. Pour elle, cette campagne est “une preuve d’union et de solidarité” envers les femmes touchées par la maladie.
Si la prévention est faite assez tôt et de façon efficace, il y a toujours de l’espoir.
De nature optimiste, Leslie pense qu’il ne faut pas baisser les bras et se battre contre la maladie. C’est cet état d’esprit qui la guide, même lorsque sa mère est tombée malade. “Ma mère c’est quelqu’un qui a toujours été énormément suivi et c’est vrai qu’ils ont pu déceler des choses très rapidement. Si la prévention est faite assez tôt et de façon efficace, il y a toujours de l’espoir.” Pour la rugbywoman, la prévention reste la meilleure manière de se rassurer.
Leslie termine en s’adressant à toutes les femmes, “battez-vous et gardez au maximum de force même dans les moments les plus compliqués”.
Maintenant, c’est au tour de Catherine, médecin urgentiste, de nous dévoiler sa vision sur la maladie. “D’un point de vue médical, c’est une pathologie à traiter avec plusieurs stades. D’un point de vue personnel, c’est quelque chose qui me fait très peur.” Pour elle, le cancer à deux résonances. Une part médicale, liée à son métier, mais aussi une part personnelle, liée à sa sensibilité.
Catherine B – “Le cancer on a l’impression que c’est la mort, alors qu’aujourd’hui on en soigne de plus en plus”
Poser devant l’appareil n’a pas vraiment été un problème pour Catherine. Habituée à voir des corps nus dans son métier, elle n’a eu aucun mal à montrer le sien. “Finalement, pour moi, c’est anatomique. En soi, on a potentiellement quasiment tous le même.” C’est avec ce même pragmatisme qu’elle aborde le cancer. “On a l’impression que c’est la mort, alors qu’aujourd’hui, on en soigne de plus en plus.” Pourtant, l’idée du cancer lui fait peur. “Ce qui me fait le plus peur c’est toute la diminution, me retrouver diminuée pour faire ce que je fais chaque jour.”
Catherine reste toutefois très rationnelle, au-delà de la peur, elle sait que le cancer n’est “plus une finalité en soi”. De nombreuses personnes n’en n’ont cependant pas conscience, ce qui crée deux types de réactions chez les patients. “Là où certains vont se dire “je me fais opérer, je vais faire ma chimio, ça va aller” et vont tenter de continuer à vivre normalement, d’autres vont être anéantis par cette annonce.” Selon la jeune femme, pour gérer ces deux types de réactions, la prévention a besoin d’être plus personnalisée.
Il y a de l’information mais je pense qu’elle n’est pas assez personnalisée et que ce qui reste la meilleure information c’est quand même lors des rendez vous chez les médecins.
“La prévention globale il y en a assez, mais maintenant, il faut travailler sur l’individuel.” Paquets de cigarettes bariolés, campagnes préventives, Catherine considère qu’à grande échelle, on est assez informé sur l’importance du dépistage. L’important maintenant, c’est de se concentrer sur chaque personne, une à une. “Il y a de l’information mais je pense qu’elle n’est pas assez personnalisée et que ce qui reste la meilleure information c’est quand même lors des rendez vous chez les médecins. Encore faut-il que les médecins aient le temps de faire ce moment de santé publique de prévention.”
Participer à cette campagne était pour Catherine, à l’image de Leslie, une manière d’afficher son soutien et de dire aux femmes : “On est toutes différentes mais qu’importe le sport, qu’importe le milieu, qu’importe la maladie, on est toutes belles”.
Léa Soidriddine
Crédits photos : Leandre Leber Gazettesports.fr
Cette série de photos et d’interviews seront exposés lors du colloque de la recherche de la ligue nationale contre le cancer le 30 et 31 janvier à Amiens, en partenariat avec la ligue contre le cancer de la Somme. Si vous souhaitez témoigner, participer à cette série, contactez nous à l’adresse suivante : leandre@gazettesports.fr
Retrouvez les portraits précédents :
# 1 : Mélanie Doutart : “Il faut savoir s’écouter, que cela nous fasse du bien malgré la maladie.”
# 2 : Valentine Roger: “un combat au corps-à-corps”
#3 : Tiffany : “ma mère, une guerrière.”
# 4 : Valentine.B : “On pense souvent que l’on a beaucoup de temps devant soi.”
# 5 : Margaux : “Qu’est ce qui fait la féminité ?”
# 6 : Justine : “Le cancer, c’est le « fléau de l’humanité »”
# 7 : Agnès Boulet “Pour moi, le mot cancer c’est un mot terrible”
# 8 : Céline Csore : “Relever la tête et aller au combat”
# 9 : Marie et Camille – “C’est un combat que tu ne peux pas gagner.”
# 11 : Edwige et Lucie : “Quand on est très bien entouré, qu’on se bat contre un cancer, c’est plus un match de rugby qu’un combat de boxe.”
# 12 : Bérénice et Mathilde “L’activité physique régulière, permet de prévenir les maladies”
# 13 : Justine : “Quand on voit les dégâts qu’un cancer peut faire, on se dit qu’il ne vaut mieux pas attendre.”