FOOTBALL – Sofian Ameur : « Je suis venu pour jouer la montée »

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Arrivé en début de saison à Camon, Sofian Ameur nous présente, avec enthousiasme et ambition, son parcours et son ressenti sur cette saison de l’équipe de Titi Buengo.

Bonjour Sofian, est-ce que tu peux nous présenter ton parcours ?

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Mon parcours est atypique parce que j’ai une formation au Racing, à Paris, jusqu’à mes 18 ans, en faisant sport-étude à côté. Après, j’ai trouvé du travail et j’ai mis un peu le foot de côté. Je suis resté dans un petit club de niveau R3-R4. Mon travail me plaisait donc, à ce moment, le foot, c’était plutôt un à-côté. Puis, le travail s’est fini puisque le CDD arrivait à terme. A ce moment-là, je connaissais quelqu’un qui jouait à l’AC Amiens. Il m’a proposé de participer à des tests qui se déroulaient pile au moment de la fin de mon travail. J’y ai été. J’étais le seul joueur de Régional. Ça s’est bien passé, j’ai été pris. Entre-temps, j’avais aussi fait du futsal, ça m’a aidé. Et là, c’est ma quatrième année à Amiens, trois à Amiens Nord, et cette année à Camon.

Comment as-tu eu ce contact à l’AC Amiens ?

C’est Karim Meliani, il vient de ma ville. Donc on se connaît depuis qu’on est petits. On m’a toujours dit d’essayer de jouer plus haut. Sauf que j’avais mon travail donc je ne voulais pas. Là, c’était l’occasion, je me suis dit que j’aurais des regrets si je ne le faisais pas. Après, quitter sa ville, cela fait bizarre quand ça fait 22 ans que tu y vis. Mais je voulais jouer à ce niveau-là, donc je ne regrette pas du tout.

Qu’est-ce qui a été le déclencheur de ton passage de l’AC Amiens vers Camon ?

C’est ma vie personnelle. J’ai 27 ans, à un moment, il faut trouver un travail, quelque chose de stable, parce que le foot, à moins d’être professionnel… Du coup, j’ai pensé personnel, emploi. J’ai préféré aller à Camon. Les horaires d’entraînements ont joué en faveur de Camon. Parce que s’entraîner parfois à 11h, parfois à 13h, parfois à 15h, ça oblige à trouver un travail le soir. Je l’ai fait pendant 2 ans quand j’étais à l’AC Amiens. Sauf que j’ai une femme, et rentrer à une heure tous les matins, ce n’est pas possible. Après, j’ai aussi des amis qui sont allés à Camon, j’ai fait trois saisons à l’AC Amiens, ça me permettait de voir autre chose et en même temps de pouvoir trouver un travail pendant la journée.

Et puis, Camon, c’était un bon compromis entre ces aspects personnels et le fait de rester à un bon niveau d’un point de vue football ?

Voilà, le fait que Camon monte en R1 a aussi facilité mon choix. Le fait de descendre au niveau Régional était quelque chose de compliqué parce que je suis venu à Amiens pour le niveau National. Passer de N3 à R2, j’aurais réfléchi un peu plus, je pense. Mais le fait que Camon soit monté m’a conforté dans mon choix. Et je ne regrette pas du tout !

Tu suis encore le parcours de l’AC Amiens sur ce début de saison ? Qu’est-ce que tu en penses ?

Techniquement, je pense qu’ils sont au-dessus de toutes les équipes de leur groupe. Ils ont la balle, ils ont les joueurs pour, c’est presque une équipe de National 2.

Il y a toujours une part de chance dans un championnat et ils ne l’ont peut-être pas eu au début. J’ai vu qu’il s’étaient pris je ne sais pas combien de rouges sur un match, avec des points en moins. Ryan Da Veiga était présent au match contre Beauvais et m’a dit qu’ils devaient gagner. Je pense que c’est plus mental parce que techniquement, je pense qu’ils sont au-dessus de toutes les équipes de leur groupe. Ils ont la balle, ils ont les joueurs pour, c’est presque une équipe de National 2. Je pense que ça se joue plus au niveau du mental, sur le fait de rester concentrés.

J’ai lu que contre Arras, c’était un non-match, mais c’est très rare. Et même quand Azouz pense faire un non-match, ce n’est pas forcément ce que voient les gens en face. Je sais que, pendant trois ans tu t’entraînes, au début, tu te dis qu’il y a du niveau et à force, quand tu es dedans, tu ne t’en rends plus compte, même quand ce que tu fais est bien.

Le début de saison à Camon se passe très bien, c’est ce que tu imaginais en arrivant chez un promu ?

J’évite d’imaginer mais j’étais venu pour ça. Quand je viens dans un club, je ne suis pas là pour jouer le milieu de tableau. On ne se l’est jamais vraiment dit mais je connais Isambart et da Veiga, Torvic un peu moins mais tout de même un peu parce qu’il était avec moi pour passer les tests à l’AC Amiens, je sais ce que ces gars-là ont dans la tête et ils ne viennent pas dans un club pour faire beau.

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On fait cinq nuls. Après 2-3 nuls, tu te dis que tu es quand même promu, que c’est une équipe où il y a 9 nouveaux. Mais au bout de 4-5 nuls, je me suis dit qu’il fallait commencer à gagner parce que l’on n’avançait pas. Sur les derniers matchs, on a quatre victoires, donc c’est un bon début de saison, mais c’est super serré donc il ne faut pas que l’on croit que c’est acquis. On aurait pu faire pire, mais on aurait aussi pu faire mieux, on a lâché des points. Mais, ça reste un bon début de saison parce qu’on est beaucoup de nouveaux, il fallait qu’on trouve le bon engrenage.

Est-ce que, tout simplement, vu les joueurs qui le compose, cet effectif ne vaut pas mieux qu’un promu classique ?

Sur la papier, en prenant chaque joueur, on peut se dire qu’on ne va pas jouer le bas de tableau, mais on peut reprendre l’exemple de l’AC Amiens. Si on prend les joueurs séparément, je pense qu’ils sont au-dessus de n’importe quels joueurs de leur poule mais, pourtant, ça ne le fait pas. Si on ne forme pas une équipe et que l’on reste chacun individuel, on n’y arrivera pas. On a gagné des matchs à Dunkerque ou à Marck où il n’y avait pas d’individualité. On était tous là pour prendre 3 points. On marque un but, on tient jusqu’à la fin. Et là, j’ai plus vu une équipe de copains que de joueurs qui viennent de N2 ou N3. Corentin Nagy ou Dylan Adam n’ont peut-être pas joué à ce niveau mais tu les vois autant que nous. C’est ce que j’aime dans cette équipe, c’est cette homogénéité. Il y a aussi des jeunes, comme Lomboto, et quand on fait de bonnes performances, c’est grâce à tout le monde.

Titi Buengo n’était pas très content des entrées le week-end dernier. Est-ce que le petit manque de cette équipe ne se trouverait pas dans la profondeur de banc ?

Je pense que oui. Ce n’est même pas par rapport aux coéquipiers. Il y a de la frustration chez eux, ça, c’est normal, parce qu’il y a des mecs qui ont joué et fait monter l’équipe l’année dernière qui se retrouvent sur le banc. Peut-être que c’est aussi mental. Je n’en ai pas parlé avec ces joueurs parce que je n’aime pas savoir ce qui se passe dans leur tête. J’ai été à leur place à l’AC Amiens, je sais qu’il faut patienter.

Mais c’est vrai que quand tu rentres pour 15-20 minutes, tu as le joueur qui a le mental et qui va se dire qu’il a ce temps pour prouver et tu en auras d’autres qui l’auront un peu moins et se disent qu’ils vont moins pouvoir montrer en 15-20 minutes. Après, c’est aussi vrai que c’est dur de rentrer dans les matchs, on n’a pas le même souffle, il faut prendre la température en 2-3 minutes, sur le temps qui nous est donné. Je ne pense pas que ce soit un manque de qualité, je pense plus que c’est une question de mental.

Si je prends l’exemple d’Heliot Goyet, il joue le premier match contre les premiers, il marque. La qualité, elle est là. C’est plus dans la tête, je pense.

Globalement, ce que tu ressors de ce début de saison, c’est la création d’un groupe, y compris au-delà du terrain ?

Oui, c’est ça. Et puis il y a le coach. Il parle de tout ce qui est technique, du plan tactique mais il insiste beaucoup sur le groupe, sur le fait qu’on doit être une équipe de copains que quand on rate, il ne faut pas lui crier dessus. Il nous inculque des valeurs que nous avions peut-être déjà mais que nous n’avions pas assez extériorisées. Je sais que moi-même, s’il y a une erreur technique, je vais crier, alors que j’en fait.

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Sinon, on mange ensemble. Le président nous permet de nous retrouver pour manger ensemble avant les matchs. On se retrouve des fois après les entraînements pour des matchs de Ligue des Champions. Je pense qu’ils le font parce qu’ils savent qu’avec un groupe nouveau comme cela, il faut que l’on reste ensemble en dehors du terrain pour se battre pour les autres sur le terrain parce que si on ne se connaît pas, inconsciemment, on ne va pas le faire.

Et c’est vrai même avec l’équipe réserve. A la base, c’était prévu qu’on s’entraîne au moins un jour avec uniquement les joueurs de l’équipe une, on le fait de temps en temps mais on s’entraîne beaucoup avec la réserve. Donc quand un joueur de la réserve monte, ce n’est pas un inconnu, on s’entraîne avec lui, on connaît ses qualités, ses défauts, on peut le gérer, lui parler avant le match. C’est bien parce que l’on sait qu’on a des petites blessures, on sait que l’on a pas une profondeur de banc énorme donc il faut qu’on compte sur tout le monde. Quand quelqu’un monte et qu’on le connaît, c’est toujours mieux que de s’entraîner à 15-16 toute la semaine, de ne connaître personne et quand un joueur monte, on le regarde et on connaît à peine son prénom.

Ce début de saison est marqué par une grosse qualité sur le plan défensif, c’est cette cohésion de groupe qui permet cela, selon toi ?

Si tu ne prends pas de but, tu ne perds pas.

Oui, oui. Il n’y a pas que les défenseurs, il y a notre gardien qui fait de sacrés arrêts, les attaquants n’arrêtent pas de harceler. C’est un travail d’équipe parce que nous, derrière, parfois, on fait des erreurs. Je sais que, moi, je prends des risques, donc on n’est pas à l’abri de se prendre un but et il y a toujours un copain pour sauver le truc. C’est important et c’est bien parce que cela nous laisse l’objectif d’être la meilleure défense. En tout cas, je le vois comme ça. Je voulais qu’on reste invaincus, je savais que cela allait être dur, ça ne l’a pas fait même si on peut toujours le rester à domicile. On voit qu’on est toujours la meilleure défense en prenant 4 buts sur les 2 derniers matchs donc ça laisse des objectifs. Et je pense que le groupe en est conscient. Et puis, si tu ne prends pas de but, tu ne perds pas.

Puisque tu évoques des objectifs, à titre personnel, ce début de saison te donne l’envie de regarder vers le haut ou l’objectif prioritaire reste le maintien ?

Ah, moi, je veux monter, je suis venu pour ça. Sachant que je ne connaissais pas grand monde quand je suis arrivé. Mais déjà, j’étais là dans un esprit de montée. C’est dur de jouer le maintien, je n’aime pas être dans un club pour jouer le maintien parce que c’est dur entre les joueurs, dans le club. Quand j’ai vu l’équipe, je ne l’ai dit à personne mais je me suis dit qu’on avait une équipe pour monter. Après, c’est vrai qu’il faut déjà obtenir le maintien. Mais, je joue tous les matchs pour prendre les 3 points. C’est l’objectif de tout le monde. Mais quand je vois notre équipe, je me dis qu’on ne peut pas jouer le maintien ric-rac, si on reste concentrés, cela devrait le faire. Après, c’est vrai que quand on regarde le nombre de points, on est aussi obligé de regarder en dessous. Mais on sait que l’on est dans la position d’être chassés, donc si on ne fait pas d’erreur, on restera devant.

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Sur le derniers matchs, tu as joué plus haut qu’en début de saison, c’est surtout pour dépanner ou c’est réellement un positionnement que tu affectionnes ?

Je me pose moi-même la question. Le premier match de la saison que j’ai joué à ce poste, je n’avais pas fait un bon match donc je m’étais dit que c’était à cause de ce poste. Là, contre Aire, je me suis senti bien. Mais je ne sais pas. Parce que latéral, je pars de loin et milieu droit, à l’AC Amiens, je jouais à ce poste et j’avais bien aimé. Tant que je suis sur le couloir droit, ça me va, je laisse le coach décider. Il ne m’a pas dit si c’était pour dépanner ou non. Quand da Veiga reviendra, on verra, c’est là où je saurais si c’était pour dépanner on pas.

C’est vrai que j’ai moins de mètres à faire quand je suis plus haut. Mais ça reste du débordement, il y a beaucoup de choses qui se ressemblent. Mais c’est vrai que j’ai moins de repli défensif à faire et si je prends un risque, il y a quelqu’un derrière moi. Mais j’aime bien partir de loin, aussi. Je me pose la question mais je suis bien dans les deux postes. Je ne suis pas quelqu’un qui boude. Et que ce soit latéral ou milieu droit, je sais que je vais me retrouver devant donc ça me va.

On sent que l’attaque commence également à trouver son rythme de croisière. Notamment avec un Zahir Zerdab de plus en plus présent, cela doit être quelque chose qui doit aider quand on joue à ses côtés ?

C’est clair. On commence à savoir comment jouer avec ses partenaires. On sait que si on lui met un ballon, que ce soit en l’air ou à terre, dos au but, il y a 95% de chances qu’il ait la balle. A Dunkerque, derrière, c’était un jeune qui faisait une tête de plus que lui, vif. Et Zahir, il n’est plus tout jeune, tout de même, mais ça ne se voit pas. A chaque fois qu’il y a un ballon sur sa tête ou sur celle de Michel Monteiro qui aussi un timing impressionnant, quand je cours vers eux, j’y crois. Et puis, Zahir voit vite les choses. Tu sais que si tu fait un appel, dans la seconde, il va lever la tête et la donner. Il ne croque pas la balle. Dos au jeu, tu la lui donnes, il te la redonne. Je sais que j’ai besoin de donner et de partir après et quand tu as un joueur qui te la remets directement, c’est cool. Il fait jouer les autres, en fait. Et en même temps, il marque.

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Son exemple illustre assez bien ce que l’on évoquait en termes de profils individuels qui apportent leur vécu tout en se fondant complètement dans le collectif ?

Oui, il arrive à avoir des stats individuelles et en même temps à faire des passes. Il gagne les duels. Il va au bout des matchs. Il est comme nous malgré ses années en plus. Et puis déjà, on nous apprend, dans les clubs qui évoluent un peu au-dessus, à limiter le nombre de touches, et donc à faire jouer les autres, à ne pas jouer que pour soi.

Et en fait, c’est le cas de tout le monde, nous comme ceux qui n’ont pas évolué au-dessus. Quand tu regardes Sofiane Delgove ou Corentin Nagy, ils jouent pour les autres. Tout le monde joue pour tout le monde. Quand un joueur perd la balle, on essaie tous de récupérer derrière. Au début, c’était peut-être plus tendu, parce que l’on était frustrés, et que cela se ressentait sur le terrain mais les victoires nous ont bien aidé.

Tout ces aspects que l’on évoque, c’est une patte Titi Buengo ?

C’est le premier entraîneur que j’ai eu qui insiste beaucoup sur l’être humain.

C’est le premier entraîneur que j’ai eu qui insiste beaucoup sur l’être humain. Des fois, les matchs à l’extérieur, c’est la guerre, et il nous fait passer le message. Des fois, il ne nous parle pas vraiment football. Il nous dit « là, c’est un match de foot, mais il faut se battre, on est tous des copains, quand il y en a un qui est par terre, il faut le relever ». C’est vrai que je n’en avais pas beaucoup l’habitude. Ça parlait beaucoup tactique, technique, ça insistait sur les duels. Mais lui parle de l’homme. C’est spécial mais c’est bien à entendre avant un match de foot, cela motive.

Tu évoquais ta volonté de toujours viser le plus haut possible. Comment tu concilierais une montée en fin de saison avec ta vie personnelle et professionnelle que tu évoquais comme raison pour ton départ vers Camon ?

Le problème, ce n’était pas tant le nombre d’entraînements. Je suis prêt à faire 4-5 entraînements dans la semaine. C’est plus le moment de la journée. Vu le moment où travaillent les joueurs de l’équipe, je ne pense pas que cela changera si l’on monte. Et si l’on garde les entraînements le soir, ça ne me dérangera pas.

Morgan Chaumier

Crédit photo : Audrey Louette – Gazettesports