ACTU : Les Bavardes et la place des femmes dans le sport

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À l’occasion de la semaine « Sport Féminin Toujours », nous nous sommes entretenus avec Estelle Camoes, salariée au sein des Bavardes, association féministe et lesbienne amiénoise, qui organise ce week-end « Femmes de sport ».

Pour commencer, pouvez-vous nous parler de l’association Les Bavardes ?

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C’est un collectif devenu une association féministe et lesbienne, créé en 2017. Et nous avons organisé et coorganisé des événements avec des partenaires locaux. Notamment la première marche des fiertés. C’est un collectif qui lutte pour la visibilité de toutes les femmes et aussi contre les LGBTphobie. Ça passe par plein d’actions qu’elles soient culturelles ou festives, des manifestations aussi.

Ces événements (« Sport féminin toujours », « Journée internationale du sport féminin ») sont nécessaires, mais finalement, ne devraient plus avoir lieu ?

Ils sont essentiels oui, mais dommage qu’ils existent, puisque normalement une journée comme le 8 mars (Journée internationale des droits des femmes) ne devrait pas exister. Mais c’est essentiel de militer aujourd’hui pour que ça n’existe plus par la suite.

Ce week-end, vous organisez « Femmes de Sport », pouvez-vous nous parler de cette initiative ?

Nous avions créé cela la première année des Bavardes. Une des créatrices des bavardes, qui est sportive, avait remarqué qu’il manquait quelque chose dans son domaine. Là c’est la troisième édition, donc a mis pas mal de choses en place, notamment des ateliers body balance, circuit training et barre au sol, par des professionnels du sport et de la danse. Tout se fait en ligne. Le samedi soir il y a un Kino coorganisé avec l’association Carmen. Et le dimanche un Blabla, un groupe de parole, en non-mixité, justement pour libérer la parole de la femme. Le thème c’est le sport, le développement de soi et du corps par le sport.

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L’affiche de Femmes de Sport, de la première édition en 2019

Malheureusement la situation sanitaire actuelle engendre une perte d’impact pour votre association ?

Complètement. Nous c’est notre essence en tant que Bavardes, de voir du monde, de discuter, de rencontrer, d’échanger, de s’éduquer entre nous en fait, du coup ça manque beaucoup. C’est moins naturel en ce moment.

Le sport reste un domaine, où, les inégalités femmes-hommes sont encore, malheureusement, très présentes…

Les inégalités salariales dans le sport se font beaucoup ressentir. Il y a aussi le sujet de la médiatisation des sportives, depuis combien d’années on voit la coupe du monde masculine, alors que les femmes, ça ne fait que peu de temps. Pourquoi il n’y a pas d’équipe mixte ? Il y a trop de différences en fait.

Comment expliquer ces différences de médiatisation ?

C’est l’influence de la société patriarcale. Les hommes ont plus de place que les femmes dans l’espace public et c’est une domination masculine trop présente. C’est à l’image de la société, ce qui se passe dans la vie de tous les jours, que ce soit dans le milieu professionnel ou personnel.

Les hommes ont plus de place que les femmes dans l’espace public et c’est une domination masculine trop présente

Vous militez pour du sport mixte collectivement ?

Tout à fait. On ne se considère pas beaucoup moins forte que les hommes et pas plus fortes, juste leurs égales en fait, du coup pourquoi ne pas faire des équipes mixtes ?

Voyez-vous une évolution positive depuis vos débuts ?

On a récupéré des archives de l’un des premiers collectifs féministes amiénois. J’ai eu l’occasion de lire quelques articles de leur magazine et c’est là que l’on se dit : « Mince, on avance, mais trop doucement. » On voit une évolution dans le sens où il y a de plus en plus de collectifs féministes et on prend notre place au quotidien, on s’assume plus. Je pense que ça évolue dans le bon sens.

On voit une évolution dans le sens où il y a de plus en plus de collectif féministes et on prend notre place au quotidien, on s’assume plus

Et sentez-vous un changement d’image sur les « féministes » ?

Je pense que pour certains on apparaît toujours un peu comme « des sorcières ». Je pense que de plus en plus de gens savent qu’en tant que femmes féministes on est là et on existe, on est un plus acceptées, on a un peu plus d’alliés.
On fait beaucoup d’interventions dans le milieu scolaire. Quand on intervient dans les lycées, dans les classes, il y a beaucoup moins de stigmatisation et beaucoup moins de clichés, car la nouvelle génération a évolué. Il y a une évolution au niveau des générations.

Vous venez de réaliser un DVD (« Filles ou garçons on a la même passion, stop au sexisme dans le sport !« ) à visée pédagogique, pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est une initiative suite à Femmes de sport, et suite à plusieurs rendez-vous avec nos partenaires, notamment avec Amiens Métropole Natation. On s’est dit que l’on avait plein d’outils d’éducation populaire, pourquoi on ne les mettrait pas à disposition des équipes pédagogiques qui ont des groupes de jeunes, allant du CM1, aux étudiants par exemple. Et pourquoi ne pas leur proposer des outils clés en main afin de casser les clichés. On est en train de réfléchir sur la façon de faire, mais il y a un bon de commande disponible sur notre site : lesbavardes.org.
On va faire un démarchage auprès des écoles, collèges, lycées, UPJV. Et nous on peut se déplacer pour venir former.

Quels sont les projets à venir de l’association ?

On est en préparation d’une scène ouverte 100% en ligne, que l’on a fait pendant les premiers confinements. Scène ouverte c’est une place où on laisse les femmes s’exprimer par leur art, 100% meuf, hyper inclusif. On prépare forcément le 8 mars la journée des droits de la femme, on prépare un beau petit programme avec deux trois surprises.

Découvrez notre série d’articles sur le Sport au Féminin :
1. Entretien avec Dorine Cocagne de l’AUC Badminton
2. Entretien avec Lucie Jacquet-Malo du RCA
3. Entretien avec Brigitte Schleifer, présidente de la FFFA
4. Entretien avec The Rolling Candies
5. Les Bavardes et la place des femmes dans le sport
6. Amiens SC Féminines peaufine sa condition
7. Féminines, les oubliées de la Coupe de France



Propos recueillis par Quentin Ducrocq

Crédit photo DR