Champion en honneur, promu en avril et septième de Fédérale 3 à la trêve hivernale, le RCA de Martin Saleille a connu une année riche en émotions. Retour avec le manager sportif et coach principal du club sur la cuvée 2019 du club amiénois.
Martin, est-ce que tu peux nous raconter ton meilleur souvenir 2019 ?
Sans hésiter la finale qui nous donne la montée en Fédérale 3 ! C’était face à Calais après deux matchs de demi-finale qui ont été d’un suspens assez insoutenable (ndlr : 11-11 à l’aller, 16-13 au retour). En face de nous il y avait un club où, sur le papier, on était meilleurs, mais il y avait aussi des arguments en face. Ce qui m’inquiétait aussi beaucoup était le coach adverse, Pierre Jacqmin. C’était un collègue avant que je quitte la ligue des Hauts-de-France et c’est un très bon ami. Je me suis dit qu’il avait peut-être trouvé la faille chez nous, quelque chose que je n’aurais pas anticipé et qu’il allait nous avoir la dessus. Pour l’anecdote, il me l’a avoué à la fin du match : « quand le jeu se déplace très vite au large vous avez du mal à vous replacer » et on prend un essai là-dessus dans la rencontre.
C’était ma quatrième saison, avec deux finales perdues et une demie-finale. Pour cette nouvelle finale, je ne pouvais, et ne voulais, pas perdre. J’en avais marre de perdre des finales, et ça a été beaucoup de remise en question pour moi. Sur cette finale, je ne me suis jamais senti prêt. J’étais plein de stress, j’ai même dû changer de tee-shirt à la mi-journée (rire) ! Les joueurs me demandaient si j’étais stressé, je leur répondais « non pas du tout ». Par contre à la fin du match, où Calais fait l’erreur de jouer le drop, on comprend qu’on a gagné, et là ça explose. J’étais venu au RCA pour faire partie d’une aventure comme ça. C’est mon meilleur souvenir de l’année, parmi beaucoup de nombreux bons moments.
Ton pire souvenir, ou ta plus grosse frustration ?
C’est difficile d’en trouver dans une année comme celle là. On finit le championnat honneur invaincu sauf lors du dernier match où ne jouait plus rien (ndlr : face au RC Villeneuvois, 19-0). Je pense peut-être à la réserve qui ne gagne pas sa finale (ndlr : face au RC Villeneuvois, 22-5). Ils ont cravaché toute l’année, l’équipe fait une bonne première mi-temps mais n’y arrive pas dans la seconde. Un titre aurait été bien pour eux mais ça a été atténué par le bouclier de l’équipe première, et au final tout le monde était heureux.
À coté de cela je pense à la défaite à Evreux 19-15 en Fédérale 3 à la mi-octobre. On fait pas un grand match et on passe à côté d’un essai qui aurait changé le score. Après la rencontre on est dans le dur avec les coachs, et on se demande ce qu’on a pas réussi. Si on gagne ce match, on bascule du bon côté et on fait un coup à l’extérieur plus tôt dans la saison. Je ne sais pas si on aurait du gagner, mais on n’aurait pas du perdre.
Les joueurs progressent énormément et je suis bluffé de leur capacité à apprendre et à s’améliorer.
Ton bilan en tant que coach ?
C’était une année si bien (rires). On finit le mois d’avril et le championnat honneur sur une note parfaite, on démarre la saison de Fédérale 3 avec une victoire, et on finit décembre sur une petite défaite face à Domont, où on méritait mieux. Je garde un bilan très positif de l’année. On finit la saison 2018/19 en étant champions, on ramène un bouclier, on monte, on démarre la Fédérale 3 on gagne le premier match et derrière on fait quelques scores intéressants. On sent qu’on va devoir encore batailler jusqu’au bout car la saison est longue et la poule est très serrée. Les joueurs progressent énormément et je suis bluffé de leur capacité à apprendre et à s’améliorer. Je suis très content du groupe et du staff. Tout le monde a haussé son niveau et son investissement, et parfois dans des contextes difficiles pour chacun. C’est un régal.
Tu parles du staff, l’année aurait été bien différente sans eux..
On avait démarré avec Jean-Sébastien (Leblond) l’année dernière, Yann (Mailly) nous a rejoint et ça a très bien matché. Puis on perd Jean-Baptiste (Segais) en tant que joueur. À ce moment là ce n’était pas possible de le perdre complètement du groupe, donc il a rejoint le staff. Bertrand a amené sa touche aussi à l’entrainement, et les joueurs adhérent à fond. Tout cela me fait dire qu’on a un staff qui fonctionne vraiment bien. À côté de nous il y a Abdel aussi, qui tient un rôle important sur toutes les petites choses qu’on ne voit pas. Bien sur il y a aussi tous les autres dirigeants, les bénévoles, la commission médicale, etc ! Mais sur le terrain, je sais que je peux laisser les rênes et qu’il n’y a pas de soucis. Tout le monde prend ses responsabilités et c’est un bonheur d’être entouré comme ça. C’est comme une équipe dans l’équipe.
Tes attentes et objectifs pour 2020 ?
Le maintien ! Il n’y a pas de doute là dessus et il n’y a que ça qui compte. Je réfléchis déjà à comment jouer le deuxième bloc, quels plans de jeu, et comment faire pour mettre derrière nous au classement les équipes adverses.
On doit aussi commencer à préparer la saison d’après. L’été dernier a été intense, et on ne veut pas revivre toute cette tension autour du recrutement. On a un groupe qui marche bien, et dans lequel on fait confiance à chaque gars présent. Après on s’est rendu compte qu’ajouter quelques éléments fasait progresser l’équipe, donc on va voir si on peut faire quelque chose. Mais ça reste à voir avec les résultats de la saison et les matchs qui nous attendent.
Je ne nous vois pas descendre en avril. Mais on reste conscient qu’on fait du sport, et dans le sport tout va très vite. Ma première année je nous sentais invincible, et quand on perd ça recadre vite les idées. Parfois la victoire se joue à une balle de tennis qui tape le filet, et tu attends de savoir si elle va le franchir ou non. Face à Domont, la balle est restée de notre côté. À la fin de la saison je veux que cette balle passe le filet et qu’on gagne le point, et qu’on se maintienne. Ça passera par des moments décisifs dans la saison où on devra répondre présent.
Benjamin Poupart
Crédit photo : Léandre Leber – GazetteSports