Au printemps 2004, des milliers de personnes se retrouvaient à l’hôtel de ville d’Amiens pour célébrer ce qui reste aujourd’hui, le dernier titre de champion de France des Gothiques. Nous nous sommes replongés, 20 ans après, dans ces souvenirs aux côtés des acteurs de cette réussite. Aujourd’hui, rencontre avec Simon Petit.
Quand je vous évoque le titre de 2004, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?
Ce qui me vient à l’esprit tout de suite, c’est la parade dans la ville. On était monté à la mairie avec toute la foule devant, c’était plutôt incroyable comme sentiment, sachant que moi, j’étais tout jeune à l’époque. En 2004, j’avais 18/19 ans, c’était ma première année professionnelle.
Comme vous le dites, c’était votre première année professionnelle et vous vivez un titre, quel sentiment ça procure ?
Ce qui était sympa, c’était qu’à l’époque, on avait une équipe avec presque, que des Français. On avait juste un défenseur finlandais dans l’équipe (Tommi Hämäläinen, ndlr). C’était un pari et c’était sympa d’avoir été au bout avec cette équipe. Mais c’est sûr qu’aller au bout dans sa première année, c’est plutôt cool.
Est-ce qu’il y avait une pression d’intégrer cette équipe qui avait les moyens d’aller jusqu’au bout ?
Je ne sais pas si on savait qu’on avait les moyens jusqu’au bout, parce que ce n’était pas gagné. La pression, elle venait surtout de l’année d’avant, pendant que j’étais aux États-Unis, l’équipe d’Amiens avait perdu face à Rouen en finale. Il y a toujours une pression de faire mieux que l’année d’avant. Mieux que la finale, c’est de gagner le titre. Cette année-là, ils avaient pris des joueurs français de qualité, énormément de joueurs internationaux, c’était gage de résultat normalement.
Qu’est-ce que vous retenez de cette finale en match aller-retour face à Grenoble ?
Je m’en rappelle bien. La formule était assez différente de ce que l’on voit actuellement. On jouait le deuxième match à Grenoble parce qu’ils avaient fini devant nous en saison régulière. Je me rappelle qu’on avait gagné à Grenoble et qu’il n’y avait rien d’ouvert pour faire un peu la fête. On avait dû rentrer à Amiens pour célébrer ça. Je me souviens également qu’il y avait beaucoup de monde pour le premier match au Coliseum et aussi que, vu que ce sont des matchs qui arrivent tard dans la saison, il faisait encore jour dans le Coliseum au moment de débuter le match. Ce qui marque beaucoup, c’est l’engouement. Amiens, c’est quand même une ville où il y a un engouement pour le hockey assez important. Plus on avançait dans les play-offs, plus les gens étaient excités à l’idée de se rapprocher du titre.
Avec le recul, qu’est-ce que vous pensez de cette équipe, de ces joueurs avec qui vous avez soulevé la Coupe ?
Il faut le dire, on avait aussi un bon gardien (Antoine Mindjimba). C’est important de le souligner dans une équipe qui va jusqu’au titre. Surtout qu’au hockey, il faut naturellement un gardien qui fait de bons play-offs. Et après, c’est vrai que nous étions beaucoup de jeunes dans cette équipe, on était surtout là pour pallier les blessures. Cette année-là, tout le monde a répondu présent. En plus, il y avait beaucoup d’internationaux français qui se connaissaient beaucoup parce qu’ils avaient joué ensemble à Reims. Il y avait un groupe plutôt homogène. C’était des joueurs expérimentés qui tiraient les autres vers le haut.
Après ce titre, vous n’êtes jamais parti d’Amiens. C’est ce titre qui vous a donné envie de continuer avec Les Gothiques ?
Je suis originaire d’Amiens, donc disons que je n’avais pas besoin de ce titre pour rester à Amiens. C’est le club dans lequel j’ai commencé à jouer au hockey et c’est celui auquel je suis attaché, même encore maintenant. Mais c’est vrai que ça a une saveur particulière de remporter ce titre avec son club de jeunesse.
Avez-vous une anecdote à nous raconter sur cette saison ?
J’étais le plus jeune de l’équipe lorsque l’on a gagné le titre et on a fait la fête au Steak Easy à l’époque. Luc Chauvel, le capitaine, m’a dit que j’étais en charge du trophée Magnus. Ma femme et moi, on a dormi avec le titre dans le lit et le lendemain matin, j’ai fait le tour de ma famille et de mes potes pour leur montrer. Je pense qu’à l’époque, ma femme n’était pas trop contente de dormir avec un si gros trophée dans le lit (sic). C’était quand même une fierté de se dire qu’on avait le trophée pour soi.
Qu’êtes-vous devenu après votre carrière ?
J’ai toujours fait des études et travaillé à côté, jusqu’en 2011. J’ai ensuite travaillé en tant que kiné mais c’est vrai qu’en 2011, s’est tout de même posée la question de savoir si j’allais jouer dans une autre équipe ou non. Et puis finalement, comme j’avais mon métier, je suis resté. Ensuite, je me suis donc orienté vers le roller-hockey mais c’était plus pour le plaisir, dans un contexte amateur. Maintenant, je suis kinésithérapeute dans un petit cabinet à Picquigny, en libéral.
Quel est votre rapport au hockey actuellement ?
J’ai mon plus grand fils qui joue au hockey en catégorie U11, j’ai quand même gardé des rapports avec le hockey sur glace. Ça m’arrive même de monter sur la glace pour donner un coup de main pour les entrainements. Sachant que ma femme est ancienne patineuse artistique, ça lui arrive de monter sur la glace pour aider les jeunes au patinage notamment. Ce qui est sympa, c’est que dans les catégories jeunes nous sommes beaucoup d’anciens joueurs, donc on se retrouve là des années après avec nos enfants qui jouent dans les mêmes catégories. Mon meilleur ami d’enfance, c’est Elie Marcos, qui est manager général des Gothiques et nos enfants jouent ensemble, donc on garde des liens.
Kevin Devigne
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports.fr
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