LES 20 ANS DU TITRE DES GOTHIQUES – Anthony Mortas : « On était des bons joueurs et on est devenu des guerriers »

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Au printemps 2004, des milliers de personnes se retrouvaient à l’Hôtel de Ville d’Amiens pour célébrer ce qui reste aujourd’hui, le dernier titre de champion de France des Gothiques. Une finale en aller-retour face aux Bruleurs de Loups de Grenoble. Nous nous sommes replongés, 20 ans après, dans ces souvenirs aux côtés des acteurs de cette réussite. Une dizaine d’anciens Gothiques ont répondu à notre demande, aujourd’hui, rencontre avec l’attaquant Anthony Mortas.

Quand je vous dis « titre de 2004 », qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

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La première chose qui me vient en tête, c’est l’équipe. Il n’y avait pas vraiment d’individualité, c’était vraiment une équipe, un groupe incroyable avec beaucoup de joueurs français, dans la même tranche d’âge (24 ans de moyenne, ndlr). Ma mémoire me fait peut-être défaut mais je crois qu’on a eu beaucoup de galère pour aller jusqu’en finale et quand on y était, on a vraiment très bien joué. On y a dominé notre sujet, le plus dur pour nous c’était d’arriver en finale parce qu’on l’avait perdue l’année précédente. On s’était dit qu’il fallait éliminer tout le négatif qui pouvait parasiter autour des play-offs, on ne parle que des choses positives. Personne ne devait avoir de paroles négatives dans le vestiaire, on y allait, on se retroussait les manches et on allait le faire tous ensemble.

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Comme vous l’avez dit, le chemin vers la finale n’a pas été simple, notamment en quart de finale face à Dijon…

Oui, c’est bien ça, on a failli se faire éliminer et ça nous a mis un coup de pied au cul. Ça nous a vraiment fait du bien et à partir de ce moment là, je pense qu’on ne le savait pas encore, mais on était invincible. Il y a un truc qui s’est passé après ce quart de finale contre Dijon, ça a transformé le visage de l’équipe. On était de bons joueurs et on est devenu des guerriers.

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Cette année-là, vous n’étiez que des Français à l’exception de Tommi Hämäläinen. C’était un plus de gagner dans ce contexte ?

Nous n’étions pas que des Français, on n’était surtout que des potes. Moi, j’ai horreur qu’on dise Français, étranger, jeune, vieux, on était juste une bande de potes quoi. On avait échoué l’année d’avant, donc on avait un surplus d’âme, quelque chose à aller chercher. On a forgé un groupe et c’est toujours comme ça qu’on construit une équipe, en prenant le temps et pas en déconstruisant chaque année.

En finale face à Grenoble, vous avez maitrisé votre sujet de bout en bout sans montrer de signe de faiblesse…

Oui oui, on avait un plan de match, c’était de jouer très physique. Une chose dont je me souviens très bien, c’est Luc Chauvel, notre capitaine, qui dès la première présence au premier match, va frapper un gars (à 18 secondes du début de la finale plus précisément, ndlr). Il prend deux minutes certes, mais on avait lancé la finale. En tant que capitaine, il avait montré la voie à suivre en disant « Eh les gars, j’ai pris deux minutes mais c’est pas grave. On va les frapper, on va être dur sur l’homme et on va aller chercher la victoire. » Et ça pour moi, c’était marquant.

À l’époque, les finales se jouaient en match aller-retour avec score cumulé. Que retenez-vous de cette formule ?

Maintenant je peux dire qu’elle était pourrie, c’était une aberration. Quand tu vois des finales en quatre matchs gagnants, c’est le top. Mais à l’époque tu t’en foutais, tu es champion de France, ce n’est pas toi qui a souhaité une finale en aller-retour. Je me souviens d’une fois où j’ai été champion de France avec Reims et où lors du match retour, on perd 1-0, mais on était champion, c’était une aberration.

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Sur le parvis de l’hôtel de ville, plusieurs milliers de personnes venaient célébrer le titre avec les nouveaux champions de France.

La parade dans la ville après le titre, c’est une coutume. Quels sont vos souvenirs liés à ça ?

Moi j’avais été champion de France en 2002 avec Reims et sans vouloir dénigrer, on était dans la ville et il n’y avait presque personne. À Amiens, il y avait 4 000 ou 5 000 personnes, moi qui avait remporté deux titres avec Reims et qui était si heureux, je découvrais un autre monde à Amiens. Je me disais « Merde, c’est une terre de hockey, les gens sont fous, c’est incroyable d’avoir cette ferveur. » Rien que d’en reparler, ça m’émeut…

On se challengeait, on allait toujours chercher un peu plus loin que ce qui était demandé. C’était vraiment de belles années.

Anthony Mortas

Avez-vous une anecdote sur cette saison ?

L’image marquante de cette finale, c’est vraiment la première présence de notre capitaine comme j’ai dit plus tôt. Il y avait Antoine Mindjimba, peut-être, qui voulait absolument gagner. On l’a peut-être fait aussi pour lui, un gardien qui était incroyable, un guerrier, un leader. C’était un capitaine à sa manière, quand il était dans la cage c’était une autre personne. C’était un gars qui ne voulait pas prendre un seul but, même à l’entrainement on se défiait, c’est peut-être ça l’anecdote. C’était des « aujourd’hui, « Tas », tu ne me mettra pas un but », c’était ces choses là qui nous faisaient progresser. On se challengeait, on allait toujours chercher un peu plus loin que ce qui était demandé. C’était vraiment de belles années.

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Anthony Mortas sur le banc des Gothiques d’Amiens en tant que head coach.

Que devenez-vous et quel est votre rapport au hockey aujourd’hui ?

Je suis entraineur des Pingouins de Morzine-Avoriaz et c’est intéressant. Je suis très agréablement surpris du niveau de la D1. Il y a vraiment de très très bons joueurs, j’apprécie Morzine. J’ai découvert un autre mode de vie que la ville, c’est tout petit. Il y a 2 000 habitants à l’année en hors saison. La montagne, je ne connaissais pas du tout et j’aime beaucoup les paysages, les différentes lumières sur la montagne. Il y a beaucoup de choses à faire, j’ai aussi beaucoup de travail.

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Vous avez toujours autant d’amour pour la discipline après toutes ces années…

Ah oui, encore plus qu’avant. Quand on se fait licencier, on se pose des questions et puis après, on a quelques contacts et ça revient vite. J’ai peut-être découvert, avec ce qui m’est arrivé à Amiens, que j’étais un vrai passionné. C’était peut-être un mal pour un bien, aujourd’hui, je suis pleinement heureux. J’attends toujours le lendemain avec beaucoup de hâte, c’est comme ça que j’appréhende la vie.

Propos recueillis par Kevin Devigne

Crédit photo : Léandre Leber et Kevin Devigne – Gazettesports.fr

Voici la suite des interviews :

Richard Aimonetto : « On était tous des gagnants, on n’acceptait pas la défaite »

Luc Chauvel : « On voulait absolument ce titre, c’était notre moment »

Vincent Bachet : « Vivre ce titre dans une ville de hockey, c’était assez incroyable »

Julien Lefranc : « Chacun dans l’équipe avait un rôle qu’il a su mettre au profit du collectif »

Simon Petit : « C’était sympa d’avoir été au bout avec cette équipe »

Anthony Mortas : « On était des bons joueurs et on est devenu des guerriers »

François Rozenthal : « Ce qu’on retient, c’est surtout l’aventure humaine et le fait d’avoir marqué l’histoire du club »

Jonathan Zwikel : « On avait vraiment le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand pour la ville »

Antoine Mindjimba : « On n’était pas les favoris mais la magie du groupe a opéré »

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Elie Marcos : « On a su faire ce qu’il fallait pour aller chercher ce titre »