François Caron, président des Écureuils d’Amiens depuis près de 6 ans, revient sur la belle année 2022 de son club. Et aimerait voir le roller-hockey prendre son envol.
Quel bilan dressez vous de cette année 2022 sur le plan sportif pour l’ensemble du club ?
Je pense qu’on a réalisé une super saison et ça se voit dans toutes les catégories, on a toujours un fort vivier de jeunes qui apprennent à patiner et à faire du hockey, on vit énormément sur cela. La saison dernière, on a eu de beaux résultats dans les différentes catégories, par exemple en U15 on a fini dans le top 4 des meilleurs clubs de France. En U17, on s’arrête en demi-finales. Les U20 se sont arrêtés en phase qualificative, mais cela fait partie de l’apprentissage pour eux, ce même groupe est en N1 chez les U20 donc on est très satisfaits du travail effectué par les joueurs.
En N3, on s’arrête en quarts de finale à la maison, je pense qu’on aurait pu aller un peu plus loin, c’est un peu dommage. C’est comme la N1 où la saison dernière, on s’arrête en quart de finale des play-offs face à Saint-Médard.
Chez les féminines, on est allé en finale, on finit dans le top 4 des meilleurs clubs français, c’était chouette car ce n’est pas évident, surtout dans le hockey féminin. On n’a pas pu recréer ce groupe cette saison car les joueuses sont prêtées à Lille, mais je ne désespère pas de les retrouver pour la saison prochaine. L’équipe régionale remporte la médaille de bronze dans les Hauts-de-France.
Globalement, on a un bilan annuel qui est plus que satisfaisant. Il ne faut pas oublier que tout ces résultats sont le fruit du travail, mais aussi du travail des bénévoles, du club et du comité. L’ensemble des déplacements est pris en charge par le comité d’administration, ils se donnent les moyens d’aller chercher des partenaires pour qu’on puisse dire aux parents : « non, vous ne payez rien pour les déplacements, vous ne pensez qu’au sport« .
Quel est votre meilleur souvenir avec le club cette année ?
C’est compliqué de ressortir un seul bon souvenir, il y en a tellement ! Je vais dire que je suis fier de mon club et des sportifs qui le composent. Je suis vraiment fier des joueurs et du staff. Les performances des différentes équipes ont globalement été bonnes, je ne vais pas en ressortir une en particulier, au détriment des autres.
À l’inverse, quel est votre pire souvenir ?
Je dirais l’élimination de l’équipe N1, en quart de finale des play-offs contre Saint-Médard, car elle méritait sûrement mieux la saison dernière. Ils travaillent beaucoup, avec énormément de sérieux, on aurait pu espérer aller un peu plus loin. On perd le premier match à l’extérieur, on égalise en gagnant chez nous une semaine plus tard, finalement on perd ce match couperet le lendemain. Perdre ce troisième match à la maison, ça a laissé des traces, je pense que cela a encore un impact aujourd’hui sur le groupe, on travaille pour ne plus revivre cela.
À l’intersaison, le club a pris un virage pour l’équipe première et a décidé de miser sur la jeunesse. Il a fallu quelques matchs avant que la mayonnaise prenne : cela vous a fait-il douter ?
Oui, tout à fait. On est parti sur une équipe très jeune, encadrée par Renaud (Crignier, entraîneur-joueur de la N1, ndlr) et par d’anciens qui sont aussi restés, qui apportent toute leur expérience et leur vécu au service des jeunes. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien. Malgré les deux défaites lors des deux premières journées, c’était trop tôt pour en tirer des conclusions, moi je préfère en tirer à la fin de la saison, je suis plus de cet avis-là. Comme on dit, c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens. J’avais confiance en mon groupe. Pour la première fois depuis des années, on avait repris l’entraînement fin août, avec un gros tournoi international à Garges où on a affronté des équipes Élite. On a multiplié les matchs amicaux pour justement que la mayonnaise prenne rapidement. Le premier match de championnat contre Cherbourg, on le perd sur un fait de jeu et parce qu’on se désunit. C’était plus une défaite psychologique qu’une défaite dans le jeu.
L’objectif reste le championnat, avec une qualification pour les play-offs
François Caron
Malgré ces deux défaites inaugurales, c’est une bonne première partie de saison ?
Oui c’est vrai, on termine même la phase aller sur le podium, la poule est aussi plus serrée. En début de saison, on n’avait pas trop de vision sur le sportif et sur cette poule car Reims est parti dans la poule sud, Pont-de-Metz a été repêché suite à l’abandon de Cholet et Moreuil, qui était en N2, a été obligé de monter. On a donc rencontré des équipes qui jouent avec le cœur et qui peuvent nous poser des soucis. Mais c’est bien car cela permet à notre groupe, qui est jeune, d’acquérir de l’expérience. Cela nous dessert sur le sportif, car il n’y a pas de grosses confrontations comme contre Paris XIII (avec une défaite sur le fil, ndlr) où on a vu un gros match.
L’équipe première est en 1/8èmes de finale de coupe de France. Même si ce sera compliqué, c’est un objectif d’accéder au final four à Paris ?
Oui c’est un objectif, il a été clairement défini. Mais d’abord en début de saison et avec un groupe jeune, mon objectif c’est être dans les quatre premières places en championnat, donc de participer aux play-offs. La coupe de France est aussi un objectif, car selon les tirages, cela peut déboucher sur quelque chose. Si on gagne samedi à Bourges (équipe de N1 poule Sud, ndlr), on se retrouve en quarts où on pourra encore retrouver une équipe de notre niveau, ou une équipe où l’on pourra créer la surprise. C’est un objectif, les joueurs le savent, mais ça ne sera pas la fin du monde si l’on perd samedi. L’objectif principal reste le championnat avec une qualification pour les play-offs.
Qu’est ce qu’il manque à Amiens pour aller titiller l’Élite ?
Il y a d’abord l’expérience parce qu’on a un groupe jeune. Le niveau Élite, on y est allé, on y a goûté, mais c’est un autre monde, la marche est très haute entre la N1 et le niveau Élite, en termes de budget, de jeu. Il y a des équipes comme Rethel qui sont composées à 80% d’étrangers, on ne boxe pas dans la même catégorie. Mais on peut tirer notre épingle du jeu et avoir notre place comme on l’a fait il a quelques années avec les joueurs qui ont fait ce qu’est le club des Écureuils, avec des joueurs français et en travaillant.
Cela fait quelques années que vous êtes président, vous avez toujours la même envie, la même passion ?
Oui j’ai toujours la même passion et la même envie, même s’il faut toujours se remettre en question. C’est important, si on ne le fait pas, cela veut dire que l’on stagne et qu’on ne fait plus avancer les choses. On essaie de professionnaliser au maximum notre club avec les moyens que l’on a et grâce à des partenariats, comme avec une salle de sport où l’équipe première peut aller s’entraîner. On essaie de donner une structure un peu plus professionnelle et un peu moins « sport de garage. »
Avez-vous des nouveaux projets pour l’avenir du club ?
On a quelques projets, mais je n’en parle pas trop pour l’instant, je préfère attendre qu’ils se concrétisent un peu plus. On a toujours des projets, c’est une association qui vit de projets. Il y a des soirées partenaires organisées avec les institutions qui nous soutiennent, aussi avec les partenaires privés et les futurs qui nous rejoindront l’année prochaine, je me répète mais on essaie de construire quelque chose de plus pro, pour donner envie de rejoindre le club, ou de faire revenir des joueurs qui sont partis.
La Ligue ne fait rien pour le développement du roller-hockey !
Comment jugez vous l’évolution du roller-hockey en France ?
Je dirais qu’elle est tirée vers le bas… Je pense qu’on a tous eu peur de la période « après Covid », la saison qui a suivi le Covid. C’est compliqué de faire revenir les gens dans leur sport, d’aller chercher des nouveaux licenciés en jeunes ou en seniors, il n’y a pas forcément de catégorie plus impactée que d’autre. On a malheureusement une fédération, comme le hockey sur glace l’a connu il y a 20 ans, qui est multisport, on a du roller derby, du rink-hockey, on a plusieurs disciplines dans notre fédération et trop s’éparpiller ne permet pas à un sport d’émerger réellement.
Le hockey sur glace a connu son plus grand virage quand ils ont créé la Fédération de Hockey sur Glace : à partir de ce moment-là, ils ont pu développer quelque chose de vraiment différent, on le voit actuellement avec la Ligue Magnus qui est quand même beaucoup plus attractive qu’il y a quelques années. Donc je pense que tant que l’on restera sous ce giron fédéral, on n’avancera pas.
Il y a des choses que vous voudriez changer dans la discipline ?
Ce serait d’être libéré de cette fédération multisport et donc que le roller-hockey soit géré par une seule fédération, pour qu’elle puisse se concentrer sur la discipline. Il faut savoir que dans la région Hauts-de-France, on est plus de 800 licenciés, on est le sport majeur par rapport au roller derby ou au rink hockey, au niveau fédéral et même de la Ligue il y a un problème parce qu’elle ne fait rien pour le sport, pour le développement du roller-hockey ! Tant que l’on ne réglera pas ce problème, on stagnera. Là, je développe mon club, sans prêter attention à ce qui peut se faire à la Ligue et c’est dommage parce que ce n’est pas comme ça que cela doit marcher.
Que peut-on vous souhaiter pour l’année 2023 ?
De la réussite dans toutes les catégories qui composent le club, je leur souhaite le meilleur pour la deuxième partie de saison, on travaille pour atteindre nos objectifs. Je dirais aussi d’accueillir de nouveaux licenciés, actuellement il y a 135 licenciés au club, ce nombre fluctue d’une saison à l’autre mais on tourne toujours autour des 150 licenciés.
César Willot
Crédit photo : David Waquet et Kevin Devigne – Gazette Sports