Vendredi 4 avril, le dojo Michel Bourgoin troquait le judo pour le karaté, en raison d’un stage exceptionnel et de la présence de trois experts fédéraux, comptabilisant 29 dan, de renommée internationale et de très nombreuses années de pratique. Trois heures où les karatékas présents ont pu profiter des enseignements des maîtres lors de cette soirée.
Provenant de quatre départements différents, 90 karatékas aguerris ou débutants ont répondu à l’appel lancé par le Comité Départemental de la Somme de Karaté, maintenant présidé par Bertrand Michel. Cet appel était assez simple : un stage en présence de trois légendes du karaté en France, Jean-Pierre Lavorato, Dominique Valera et Bernard Bilicki. Chacun avait une heure pour transmettre une partie de leur large savoir et surtout, sous la bannière du karaté, de nombreuses disciplines se cachent. Vendredi dernier était proposé du full contact, du karaté défense et jutsu, ainsi que du karaté traditionnel shotokan.
Derrière l’organisation de ce stage se trouve l’envie partager par tous mais prononcé par Dominique Valera : « Encourager les jeunes et les moins jeunes dans notre pratique. On a pris des choses et il faut les redonner. Les arts martiaux ce sont des arts de cœur. » En effet, si d’habitude les participants se dénombrent dans la centaine, le nombre n’a pas d’importance, seuls compte la qualité et l’envie de travailler pour réussir à apprendre. Car les trois intervenants ne sont pas des quidams, bien au contraire. Comme le disait Philippe Dherbécourt, secrétaire général de la fédération française de karaté (FFK), ancien président de la zone interdépartementale de Picardie et septième dan de karaté : « Les experts fédéraux, là, ils sont trois, mais c’est le socle de la Fédération Française de Karaté. Il n’y a pas plus ancien en France… Il n’y a pas plus ancien que Jean-Pierre Lavorato […] Donc, on s’appuie sur eux pour faire la passation, pour transmettre un petit peu toute l’âme du karaté, parce que ces trois personnes-là représentent l’histoire du karaté français. » Dominique Valera est un pionnier du karaté full contact durant les années Bruce Lee et l’engouement autour de cette branche du karaté, tandis que Bernard Bilicki a fait partie de l’équipe de France et a glané l’argent durant les Jeux mondiaux de 1981. Trois membres historiques du karaté français et qui sont désormais au service de celui-ci.
Une réussite régionale et un modèle innovant
Les karatékas présents venaient de tout horizon et, comme le soulignait Catherine Thery, responsable de la formation au sein du Comité départemental de la Somme de karaté : « On a vraiment touché assez large au niveau régional voir au-delà. C’est un évènement marquant pour un petit département comme la Somme. C’est un stage à ne pas rater. » Qui plus est, pouvoir côtoyer ces champions est une source de richesse, tant pour les débutants que les confirmés. « C’est enrichissant pour tout le monde » ajoutait Catherine Thery. Utiliser les légendes de sa discipline comme porte-étendard et puits de savoir, beaucoup l’ont tenté, mais peut ont réussi. Pourtant, ce modèle fonctionne très bien en France, en atteste la réussite des Français lors des compétitions internationales. Car si Steven Da Costa s’est révélé au grand public lors des Jeux olympiques, il était déjà triple champion du monde auparavant. « La France a toujours joué quand même les premiers rôles au niveau de la compétition » ajoutait le secrétaire général de la FFK.
Pour Philippe Dherbecourt, avoir une fédération regroupant différentes disciplines est une véritable chance. En effet, lors de ce stage, « on ne parle pas de style de karaté, mais ils ont des styles différents. Et pourtant, ils travaillent ensemble. » Une pluralité que des pays pourtant majeurs ne mettent pas en place. « Au Japon, il n’y a pas ça. Les maîtres et les différents styles sont séparés. Il n’y a pas de stage qui regroupe comme ça. » La fédération française est donc une fédération plurielle, regroupant à la fois le karaté et ses nombreuses branches, mais également les arts martiaux vietnamiens, le krav maga ainsi qu’une partie du wushu. Ce mélange est justifié très simplement : » À la base, on a le même outil, c’est le corps humain. Et on se rend compte que des fois, c’est une façon différente d’amener les choses. Mais on retrouve, quand on va bien au fond des choses, des techniques très communes dans tous les différents styles. »
Un stage exceptionnel durant lequel chacun a pu profiter des connaissances des experts et surtout l’occasion pour ces derniers de transmettre ce qu’ils ont mis une vie à apprendre. Un moment de partage qu’on ne risque pas de revoir de sitôt et pour autant essentiel dans le développement du karaté.
Cyprien Baude
Crédit photo : Cyprien Baude – Gazettesports.fr