Le bilan brut de l’Amiens Métropole Natation à Rome lors des championnats d’Europe alterne entre le bon et le moins bon. Si Mathieu Neuillet admet que les résultats ont pu être en deçà des attentes, il préfère tout de même observer le verre à moitié plein.
Quel bilan tires-tu de ces championnats d’Europe ?
Ce que j’en retire, ce sont des moments positifs, parce que les garçons montent sur les podiums par l’intermédiaire des relais. Le discours qu’on a eu à la fin, c’était cela : « ce sont vos premières médailles continentales, profitez de ces moments. »
Après, c’est aussi un apprentissage, aussi bien pour eux que pour nous, sur l’enchaînement de deux échéances internationales pour réussir à rebondir, à recréer une dynamique de performance quand vous sortez d’une compétition comme les championnats du Monde où tout s’est bien passé. Ce sont des choses qu’on n’était pas habitués à vivre et sur lesquelles on doit apprendre. Cela nous a permis d’observer comment ça peut se dérouler.
N’y a-t-il tout de même pas une légère déception de ne pas avoir été chercher la moindre médaille en individuel ?
On était parti pour ça, c’est vrai. Mais le sport, c’est ça, aussi, c’est qu’il n’y a pas de certitudes. Si à chaque fois que l’on partait, on savait ce qu’on allait faire, il y aurait très peu de sens au travail qu’on a tous les jours.
C’est vrai que les Mondiaux avaient donné de l’ambition, mais c’était une situation que l’on ne connaissait pas. On y est allé après avoir essayé de bien se préparer. On était dans la découverte et on s’est aperçu qu’avec deux événements de cette ampleur là, il fallait sans doute beaucoup plus de temps pour récupérer. D’un point de vue physique, mais il y avait tout le côté mental, émotionnel, qu’on n’a pas forcément pu prendre en compte vu la vitesse à laquelle cela s’est enchaîné.
Ce n’est pas forcément le résultat qu’on escomptait, mais ils ont quand même réussi à trouver les ressources pour passer les tours et continuer à prendre de l’expérience sur des compétitions internationales.
Le positif, c’est que, malgré tout, il y a une continuité dans la présence parmi les meilleurs avec plusieurs finales ?
Bien sûr, et il y a Enzo (Tesic) qui va plus loin qu’aux championnats du Monde. Ce n’est pas forcément le résultat qu’on escomptait, mais ils ont quand même réussi à trouver les ressources pour passer les tours et continuer à prendre de l’expérience sur des compétitions internationales. C’est sans doute le plus important et le plus enrichissant pour eux.
Tu as évoqué une fatigue mentale, peut-être manquait-il un peu d’expérience pour pouvoir mieux gérer cet enchaînement de ce point de vue ?
Complètement, c’était tout à fait nouveau. D’ailleurs, si on regarde sur l’ensemble de l’équipe de France, il y en a très peu qui ont réussi à maintenir leur niveau de performance entre les Mondiaux et les Europe. Le seul qui y a réussi, c’est Ndoye Brouard. Tous les autres ont nagé moins vite que ce qu’ils avaient fait aux championnats du Monde.
On n’est pas les seuls à avoir connu cette problématique. Il suffit de regarder les Anglais. Entre les championnats du Monde et les championnats d’Europe, ils ont été très loin de leur niveau. Avant de penser que les athlètes n’ont pas été performants, ont été décevants, c’est juste la réalité du très haut niveau qui fait qu’enchaîner deux échéances aussi importantes en si peu de temps, ce n’était pas si simple, pas si faisable.
Je pense, en réalité, qu’on aurait dû choisir un événement. Maintenant, c’est l’apprentissage de ce niveau de performance. Et avant les Jeux, avoir l’opportunité d’en disputer deux, je trouvais ça intéressant. On en ressort avec ce qu’on a appris.
Ce sont les vacances, désormais, une coupure importante pour se régénérer ?
Oui, on va reprendre en septembre, on n’a pas encore défini la date. Il va falloir en profiter pour voir d’autres choses, s’extérioriser, se balader, voyage, sortir du train-train, des habitudes pour repartir en ayant refait le plein d’énergie.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports