La Fédération Française de Football Américain est l’une des onze fédérations française de sport à avoir une femme à sa tête. Brigitte Schleifer dirige cette fédération de 23.000 licenciés depuis 2018.
Nous mettons à l’honneur cette semaine le sport féminin dans son ensemble à l’occasion de la semaine du sport féminin. Aujourd’hui, rencontre avec Brigitte Schleifer, présidente de la Fédération Française de Football Américain (FFFA), mais également présidente du Pôle France Révolution, situé à Amiens qui nous fait part de sa vision des choses en tant que femme présidente d’une fédération.
Comment en êtes-vous venue à exercer ce rôle de présidente d’un sport relativement à tendance masculine ?
Il faut savoir que la FFFA comporte trois disciplines : le football américain, qui compte 15.000 licenciés, le flag et le cheerleading qui comptent près de 8.000 licenciés à eux deux. Il faut savoir que j’ai repris une fonction en cours de route, je n’ai pas été élue présidente. Aujourd’hui, je sais que des gens ont bien vécu le fait que je sois une femme, que j’apporte autre chose, mais d’autres ont vu un peu de suspicion, de manque de légitimité. Beaucoup d’anciens partent avec des préjugés, tu es une femme alors il faut être plus convaincante, plus parler pour pouvoir affirmer ce que tu dis.
On vous reproche plutôt le fait d’être une femme ou le fait de venir du cheerleading ?
Au début de mon mandat, en 2018, c’était surtout le fait que je ne tiendrai pas la route, que je n’avais pas carrure. Forcément on me jugeait sur le fait que j’étais élu sur une liste, ce qui n’était pas bien vu. Maintenant, quand on gère une fédération, il n’y a pas qu’une discipline, il faut considérer les trois disciplines. À chaque fois que je prends la parole, j’évoque les trois à la fois. Le poids du football est évidemment important c’est sûr.
Le flag est mixte, le cheerleading également, qu’en est-il du football américain ? Une fille peut-elle prétendre à une place dans une équipe première ?
Alors non, pas encore chez nous. On a vraiment les équipes féminines d’un côté, et les hommes de l’autre. Mais il y a aussi des préjugés. Le fait de faire venir des garçons en cheerleading, ce n’est pas un réflexe inné. Certaines filles du cheerleading vont se mettre au foot, et certains garçons du foot vont se mettre au cheerleading, je pense que c’est essentiel de jouer sur les trois disciplines. Une présidente doit savoir gérer la multiplicité des fonctions et des disciplines. C’était une gouvernance compliquée avec les problèmes sanitaires que nous connaissons tous, mais aussi les problèmes financiers. Le covid a stoppé notre bonne dynamique.
Les autres présidents de fédération ont un regard particulier sur le fait que vous soyez une présidente ?
Non, on est bien entendues. C’est un atout à un moment donné parce que c’est rare d’être une femme présidente. Je n’ai pas cette sensation de différence, la légitimité est la même.
La mixité dans vos disciplines vous permet-elle de développer correctement vos sports ?
C’est compliqué, la mixité est moindre. Mais de toute façon, il faut imposer un quota. La mixité est un phénomène qui devrait tendre vers une tendance normale chez les générations à venir.
Vit-on actuellement dans un monde où l’égalité deviendrait un phénomène naturel ?
On voit des changements de mentalité, les tâches sont partagées, les femmes ont une légitimité aussi au niveau du pouvoir et de la connaissance. L’égalité viendra, mais il faut encore du temps pour ancrer les choses. Sans quota on n’arrive à rien.
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1. Entretien avec Dorine Cocagne de l’AUC Badminton
2. Entretien avec Lucie Jacquet-Malo du RCA
3. Entretien avec Brigitte Schleifer, présidente de la FFFA
4. Entretien avec The Rolling Candies
5. Les Bavardes et la place des femmes dans le sport
6. Amiens SC Féminines peaufine sa condition
7. Féminines, les oubliées de la Coupe de France
Propos recueillis par Léandre Leber et Arthur Lasseron
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports.fr