Au printemps 2004, des milliers de personnes se retrouvaient à l’Hôtel de Ville d’Amiens pour célébrer ce qui reste aujourd’hui, le dernier titre de champion de France des Gothiques. Une finale en aller-retour face aux Bruleurs de Loups de Grenoble. Nous nous sommes replongés, 20 ans après, dans ces souvenirs aux côtés des acteurs de cette réussite. Une dizaine d’anciens Gothiques ont répondu à notre demande, aujourd’hui, rencontre avec l’attaquant et junior à l’époque Julien Lefranc.
En quelques mots, comment vous définiriez cette saison 2003/2004 ?
Une belle cohésion d’équipe !
Pour le rappeler, vous faisiez partie des jeunes de l’équipe. Vous n’aviez pas encore 20 ans au moment de débuter cette saison…
C’est ça, nous étions six à être encore juniors et à avoir intégré l’équipe. Mais au-delà de ça, on participait pleinement au jeu puisqu’à l’époque, on tournait à quatre lignes et ce n’étaient pas toutes les équipes qui avaient décidé de faire jouer autant de joueurs. On était de nombreux jeunes à prendre part au jeu.
Étais-ce une satisfaction de voir que le club faisait autant confiance aux jeunes à cette époque ?
Bien évidemment, parce que nous étions jeunes mais aussi issus de la formation amiénoise. Donc jouer dans son club d’enfance et parvenir à remporter une Coupe Magnus, c’est la cerise sur le gâteau.
Certains de vos anciens coéquipiers nous évoquaient un équilibre parfait entre jeunes et expérimentés dans cette équipe…
Oui, complétement, si vous voulez…On ne gagne pas une saison sans une équipe. Quand vous me posiez la première question, ce qui m’est venu, c’est cette équipe, cette cohésion. On avait certes, beaucoup de joueurs de talent et d’internationaux, mais je ne suis pas certain, au final, qu’on avait la meilleure équipe quand on regarde toutes les individualités, mais on a fait de cette équipe une grosse équipe.
Qu’est-ce que ça fait de soulever un titre avec son club formateur ?
C’est beaucoup d’émotions qui mettent en lumière beaucoup d’années de sacrifices. On ne parvient pas à jouer avec l’équipe première sans faire de sacrifices. On sacrifie sa vie d’enfant, sa vie d’ado, je dirais que c’est un aboutissement. Il y a Elie Marcos, Fabien Leroy, David Hennebert, etc… Ce ne sont que des copains d’enfance. On a passé des semaines entières, que ce soit avec les équipes de France jeunes, durant les phases finales jeunes, au sport étude. Ce sont des heures et des heures qui ont payé. En plus de ça, ça a vraiment été une fête locale quand on est revenu de Grenoble avec la coupe. Un bus nous attendait, il y avait une foule énorme, on est arrivé sur le parvis de l’hôtel de ville qui était plein à craquer. Ça a été une fête pour toute la ville. C’est un souvenir gravé à jamais.
Après toutes ces années, que vous a apporté cette saison ?
Le fait d’être jeune, entouré d’internationaux qui préparaient pour beaucoup leur reconversion, ça fait grandir. On était bien nombreux à venir s’entraîner le matin, et l’après-midi, certains allaient travailler pendant que d’autres avaient repris des études. Ça fait grandir, on prend conscience qu’on passe très vite d’un hockey mineur au hockey senior où ils étaient tous pères de famille.
Après cette année, vous avez continué à jouer au hockey, pouvez-vous nous en parler ?
Je n’ai pas eu une grande carrière sportive. Après Amiens, je suis parti deux ans en D1 pour le club du Vésinet et ensuite, j’ai été accepté dans une école de commerce donc à partir de là j’ai mis fin au hockey de haut niveau. À la suite de ça, j’ai toujours été attaché à la vie amiénoise donc j’ai continué à jouer aux Écureuils d’Amiens (roller hockey). Plus tard, je suis arrivé à Compiègne parce qu’il y avait un projet de monter en D2. Je dirais que dès que le hockey à Amiens était terminé pour moi, l’espoir de devenir professionnel s’est éteint.
Et que devenez-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui je suis responsable comptable pour un distributeur automobile, donc j’encadre une équipe de comptables. Sinon, je suis toujours le hockey, surtout le championnat français. Je fréquente toujours les patinoires parce que j’ai un fils qui joue en U13. Nous sommes même actuellement au Canada pour un tournoi de hockey avec le club de Louviers (Interview réalisée le 1er mars). Une fois le sport de haut niveau terminé, j’ai eu l’occasion d’évoluer en Normandie, à Evreux, pendant sept ans. Que ce soit moi en tant que joueur ou maintenant au travers du sport de mon fils, je fréquente toujours les patinoires. Depuis deux ans, nous sommes revenus à Amiens et ça m’arrive d’aller voir des matchs.
Gardez-vous contact avec vos anciens coéquipiers ?
Oui, puisque nos enfants sont de la même génération, donc il m’arrive de voir les frères Chauvel quand on passe par Caen, François Rozenthal aussi, qui a son fils en équipe jeune à Amiens. On échange pas mal sur internet, on se donne des nouvelles. Quand on fait de longs déplacements en bus à Anglet, à Gap la veille de Noël et où le bus tombe en panne, il y a des liens qui se créent. Notre identité, c’était de faire jouer les vingt joueurs qui étaient sur la feuille de match. Chacun dans l’équipe avait un rôle qu’il a su mettre au profit du collectif. Ces liens forts qu’on a pu créer, renforcés par le gain du titre, c’est la raison pour laquelle on reste en contact.
Kevin Devigne
Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports
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