LES GOTHIQUES – Mario Richer : « Des paresseux, je n’en veux pas dans mon équipe »

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Depuis son Québec natal, Mario Richer revient avec Gazette Sports sur l’état actuel de son effectif et témoigne sans détour de ses attentes.

Amiens a toujours eu du mal dans les débuts de saison, c’est justement pour cette raison que vous avez fait venir quatre joueurs de l’Université du Québec des Trois-Rivières (Julien Tessier, Zachary Lavigne, Justin Bergeron et Mathieu Boucher) à Amiens ?

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Oui, c’est un constat qui est vrai, puisqu’ils jouaient ensemble. Mais ce sont surtout des joueurs qui ont gagné au niveau du hockey. Il y a deux ans, ils ont gagné le championnat canadien et l’année dernière ils ont terminé troisièmes. Dans ces joueurs, il y en a qui étaient capitaines et assistants dans leurs équipes juniors, ce sont des joueurs qui ont eu des entraîneurs compétents et exigeants. Je sais que ces joueurs-là, en venant à Amiens, ont déjà la culture amiénoise.

Ce sont des joueurs qui ont l’habitude d’être intenses et de payer le prix. Ce sont des joueurs qui excellent sous les moments de pression et lors des matchs à l’extérieur. C’est important d’avoir cette expérience et ce professionnalisme dans l’équipe. Pour dire, le camp d’entraînement commence le 10 août et ces joueurs arrivent le 2 à Amiens pour s’acclimater et se préparer.

Nous avons su que les signatures avaient eu lieu bien avant que les annonces soient faites, ce sont des joueurs que vous suiviez depuis longtemps ? 

Les recrutements ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça se fait sur des années. Il y a des joueurs parmi ces recrues que j’ai vu jouer lorsqu’ils étaient en junior il y a 5/6 ans. Non pas que je les connaisse, mais je les ai vu jouer et j’ai vu leur évolution. C’est un job à temps plein.

Hier, c’était la finale de la Coupe Mémorial et j’ai vu des joueurs qui jouaient pour les Remparts de Québec. Je me dis que dans 2 ans, 3 ans, ce sont des joueurs qui pourraient être chez nous. Tu ne peux pas regarder les meilleurs joueurs, parce qu’ils vont se diriger vers la NHL ou des ligues plus grosses que la Ligue Magnus mais des joueurs “moyens”, ils ont des chances de rebondir dans un club comme Amiens. 

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De retour en juillet dans la capitale picarde, Mario Richer retrouvera sa nouvelle équipe début août.

Lors de votre dernier passage, les supporters ont connu l’arrivée, et l’ascension du duo Giroux-Halley, êtes-vous conscient que ce genre de pépites sont de nouveau attendues par les fans ? 

C’est toujours ce que je recherche, trouver des pépites pas connues. Trouver des diamants comme Halley et Giroux. Ce sont des joueurs qui ont joué en Junior, en Universitaire et qui après des belles saisons, leur calibre leur permettait de performer en France. Le but c’est de trouver des joueurs au prix qu’on peut les payer, et qu’ils nous en donnent pour leur argent … Non, qu’ils en donnent plus que ce qu’on les paye

Outre les arrivées et les resignatures, il y a de la place pour trois importés encore dans l’équipe. Est-ce que des joueurs sont signés ou vous êtes encore en recherche de vos futures “pépites” ? 

Déjà je pense que les joueurs des Trois-Rivières doivent faire partie de ces joueurs d’impact. Pour ceux qui poursuivent, ce sont des joueurs que l’on connaît et que l’on sait ce qu’ils peuvent amener. Ce sont des joueurs qui sont fiers de jouer à Amiens. Pour les autres, on est encore à la recherche mais je ne peux pas trop en dire, parce que lorsqu’on parle trop, on sait que les agents et les autres équipes vont chercher les mêmes choses que toi ou monter les prix. 

Le dernier mois qui vient de s’écouler, c’était vraiment le mercato pour les équipes qui ont de l’argent, qui peuvent se permettre de signer maintenant. Nous on a signé les joueurs de l’UQTR avant le mercato, c’est la raison pour laquelle on a réussi à avoir un bon prix. Présentement, si on signait des joueurs de l’UQTR, on ne serait même pas capable de les payer. Maintenant les prix vont tendre à descendre, c’est ce qu’un club comme Amiens doit attendre. 

Quand je parle de salaire à certaines personnes et que je leur dis que mes importés peuvent être payés 15 000 à l’année, les gens essaient de me reprendre en pensant que je parle du salaire mensuel. On est au hockey, pas au foot. Les très bons joueurs veulent aller en Allemagne, en Suisse pour 100 000€ annuel ou même à Grenoble, Rouen ou Angers pour 50 000€. Mais nous, on est en dessous de ça. 

A la fin de la saison, les gens me disaient “Tu n’auras pas assez de JFL pour la prochaine saison”. On en est rendu à en avoir 12 !

En ce qui concerne les JFL, la concurrence est rude, est-ce plus dur de les prospecter ?

Il faut dix JFL, il y a douze équipes, ça fait 120 JFL de disponibles. Sur 120, il y en a certains de l’équipe nationale auxquels on ne peut pas toucher parce qu’ils coûtent trop cher. Ensuite il y en a d’autres qui n’ont pas le calibre pour la Magnus. Le prix des JFL a explosé, la majorité sont plus payés que ceux importés. 

Ensuite il y a des joueurs comme Leborgne ou Mony que je n’ai jamais coaché, qui savent que je peux les faire progresser. Un joueur comme Rayan, que j’ai entraîné quand il avait 19 ans, je sais que je peux lui faire confiance après ses passages à Neuilly et Dunkerque, parce que c’est un joueur intense. A la fin de la saison, les gens me disaient “Tu n’auras pas assez de JFL pour la prochaine saison”. On en est rendu à en avoir 12 !

Ils savent que le coach est exigeant, ils savent que je vais leur botter le cul mais ils sont heureux avec ça, ils ont besoin de ça.

Ce mercato a aussi marqué les retours de Thomas Suire, Bastien Maïa ou même Rayan Belharfi… 

Ce sont des joueurs qui ont gagné la coupe de France avec nous, il ne faut pas l’oublier ça ! Les ayant coaché, ils savent comment je suis, et pour eux ça leur fait plaisir de revenir à Amiens. Ils savent que le coach est exigeant, ils savent que je vais leur botter le cul mais ils sont heureux avec ça, ils ont besoin de ça. Si j’étais vraiment dur sans raison, ils ne reviendraient pas. 

Thomas Suire et Bastien Maïa avaient tous deux remporté la coupe de France en 2019.

Pour avoir échangé avec Mathieu Mony, j’ai eu la sensation que c’était un trait de caractère qui plaisait chez lui. D’autres joueurs ont fait la démarche de venir vers vous pour cette raison en particulier ?

Oui certains, ça attire des joueurs qui sont compétiteurs et qui voudraient mouiller le maillot pour les Gothiques. Ce style de joueur veut jouer pour moi, les fainéants ne veulent pas. Le fainéant pense que je lui en veux, ce n’est pas ça. J’en veux à sa façon de faire, son comportement. Des paresseux, je n’en veux pas dans mon équipe.

Beaucoup de cadres ont resigné, ça permet de conserver un minimum d’ossature à l’équipe. C’est une satisfaction ? 

Que ce soit Gibb, Bault, Mony ou Mowgly en défense, on sait que ce sont des joueurs qui vont payer le prix, jouer rude et se sacrifier devant la cage. Je sais ce qu’on a, des travailleurs. C’est l’identité qu’on veut. C’est la raison pour laquelle les partisans aiment ces joueurs, ils sont à l’image de la ville d’Amiens, une ville de travailleurs. 

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Créer une équipe à l’image de son public, c’est un souhait que Mario Richer a rappelé de nombreuses fois au cours de l’entretien.

Est-ce que vous avez un œil sur les recrutements dans les autres clubs de Ligue Magnus ? 

Non, comme lors de la saison régulière, je contrôle ce que je peux contrôler. Qu’importe les signatures qui sont faites dans les autres équipes, je sais que quand nos matchs vont commencer, on a nos chances de l’emporter. 

Henri-Corentin Buysse restera dans les parages pour s’occuper des gardiens, est-ce une bonne nouvelle ? 

Oui c’est une bonne nouvelle pour nous mais surtout pour lui. On compte sur son expérience, c’est pour ça qu’on est allé chercher un gardien expérimenté et un jeune. On croit en Antoine Gilbert, qui pourra progresser sous les conseils de Henri et Clément (Fouquerel), et pourrait devenir notre numéro un dans quelques années

Les partisans ne veulent pas croiser les joueurs dans des fêtes, dans des restaurants de malbouffe, ils ne veulent pas des paresseux et des alcoolos, donc moi non plus.

Après la réussite que vous avez connue avec Amiens, vous partez pour une vraie saison complète ces prochains mois, est-ce que ça met une pression ?

Pas du tout ! Comme j’ai toujours dit, l’objectif c’est d’aller en play-offs. Il ne faut pas se mettre de pression. Il faut s’ajuster aux changements de règlements, aux nouvelles façons de faire et on va rebâtir l’équipe. Il faut s’assurer que les partisans soient heureux de l’effort qui est mis sur la glace. Les partisans ne veulent pas croiser les joueurs dans des fêtes, dans des restaurants de malbouffe, ils ne veulent pas des paresseux et des alcoolos, donc moi non plus.

Propos recueillis par Kevin Devigne

Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr