Dans ce cinquième épisode de la rétrospective des Jeux Olympiques de 1972, Lionel Herbet revient sur la gestion le cas du football olympique et la question du dopage.
On se souvient que ces Jeux Olympiques de Munich en 1972 vont rester éternellement dans les mémoires surtout en raison du drame qui s’est déroulé dans le village olympique avec le massacre de représentants israéliens.
Pourtant dans les derniers jours du mois d’août et début septembre, les compétitions se déroulent normalement. Il y a on le sait un nouveau président du CIO qui, on s’en souvient a pris une importante décision politique en excluant de ces Jeux les athlètes de la Rhodésie. Une décision éminemment politique et qui peut-être aura un lien avec les attentats sans que nous en soyons certains un demi-siècle plus tard.
En athlétisme, évènement important avec la victoire sur 100m du Soviétique Borzov et le journal l’Equipe signale que depuis 1960, à Rome, la victoire était toujours revenue à un coureur de couleur.
Mais deux sujets retiennent l’attention dans l’Equipe du samedi 2 septembre : le football et le dopage. Le grand dirigeant brésilien Jean Havelange cumule alors les responsabilités : il est membre du CIO, postulant à la présidence de la FIFA et patron du football brésilien. Il donne un avis tranchant : il ne veut plus que le football fasse partie du programme olympique.
A cette époque, seuls les joueurs amateurs pouvaient participer aux Jeux et on se souvient par exemple qu’en 1968, l’équipe de France entrainée par l’Amiénois André Grillon et ne comprenant que des amateurs avait battu le Mexique.
Havelange avait constaté que les rencontres étaient de piètre qualité et cela se comprend puisque les meilleurs joueurs du monde n’étaient pas présents. Idem en cyclisme et en boxe. « Après ce que j’ai vu et avoir bien réfléchi à la question, je pense que le tournoi olympique doit disparaitre du programme. Je vais travailler dans ce sens. » Jean Havelange était catégorique mais avec le temps, le règlement s’est assoupli puisque les joueurs pros ont pu progressivement participer aux Jeux. Si Havelange avait été suivi, jamais la France, entrainée par Henri Michel, ne serait devenue championne olympique en 1984 tandis que pour 2024, un joueur comme Mbappé est désireux d’être présent aux Jeux.
Quant au dopage, on était persuadé qu’en 1972, il serait plus ou moins éradiqué. C’est ainsi qu’un médecin chargé des contrôles anti-dopage avait déclaré « se doper, c’est aller au suicide ». Le mot suicide devait être pris au 2e degré car il s’agissait alors, en cas de dopage, d’une exclusion immédiate des Jeux. Le 2 septembre, mille contrôles avaient été effectués et un seul athlète avait été pris par la patrouille. Il s’agissait d’un haltérophile iranien qui avait pris de l’éphédrine. Pour les experts, il n’était pas possible de passer au travers des contrôles. Conclusion (éphémère) : le dopage était alors en voie de régression. Cela n’allait pas durer bien longtemps et aujourd’hui, le dopage est toujours présent dans les sphères sportives.
Lionel Herbet
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