C’était un retour aux origines que nous proposait Hubert Dessaint, au sein de la Maison des Sports, ce jeudi en fin de journée. L’origine du cyclisme en l’occurrence, du vélocifère jusqu’à l’aube de la première guerre mondiale, sous le prisme du vélodrome de Châteaudun.
La naissance du vélo
A l’époque où les vélos n’avaient pas de pédales, où les roues étaient intégralement faites de bois, et où il était très compliqué de contrôler sa direction. Voilà jusqu’où Hubert Dessaint a remonté sa pendule du temps. Une remise en contexte nécessaire, avant de se diriger petit à petit vers la fin du 19ème siècle et les toutes premières courses de cyclisme en terre amiénoise. La draisienne, le vélocifère, ou encore le vélocipède représentaient alors les premières incarnations du vélo. Les pédales apparaissaient, les roues en fer laissaient leur place aux roues en caoutchouc, puis aux premières chambres à air sous l’impulsion de son inventeur Dunlop.
Le début des compétitions à Amiens
Les premières courses vélocipédiques à Amiens naissaient alors à la fin du 19ème siècle, sur la place Longueville dans un premier temps, à la place du cirque Jules Verne à l’heure actuelle, sous la tutelle du club de sport nautique d’Amiens (un nom un peu trompeur pour une organisation qui était loin de ne s’occuper que des sports aquatiques). Plutôt cohérent, quand on sait que pour cette époque des premières courses, le spectacle et le divertissement primait avant tout. Une organisation ficelée et organisée, qui a vite changé de localisation en se déplaçant au parc de la Hotoie.

Un vélodrome de grands rendez-vous
C’est en 1895 que naît finalement le projet du vélodrome de Châteaudun. Une tribune pouvant accueillir jusqu’à 500 personnes, des virages relevés pour la première fois en France, un éclairage au gaz, une piste de 333 mètres : c’est entre autres ce que comprenait le vélodrome de Châteaudun. Celui-ci recevait les courses de cyclisme oui, mais pas seulement : des courses de cerceaux, des combats de boxe, des entrainements de football et même des courses sur échasses. Un vélodrome qui accueillait les meilleurs cyclistes de France, voir internationaux: Ransson, Robart, Lefebvre et des records de vitesse à plus de 40km/h au cours des 18 années d’existence du vélodrome.

Une conférence qui permettait aussi de mettre en relief le point commun flagrant entre cyclisme et aviation à cette époque. « Tout les pionniers de l’aviation sont d’anciens coureurs cyclistes » explique Hubert Dessaint en constat de ses recherches, comme l’Amiénois Henri Robart, mécanicien de vélos, garagiste, cycliste et constructeur d’avions par la suite. « Prenez l’exemple de la famille d’aviateurs Farman, ils faisaient tous du vélo avant d’aller sur l’avion ou la voiture […] il y a une vraie passerelle entre les deux » poursuit le conférencier.
Le vélodrome de Châteaudun vivra finalement ses derniers jours à l’aube de la première guerre mondiale, avant l’apparition d’un autre vélodrome au quartier de St-Leu dans l’entre deux guerres. Hubert Dessaint, au départ passionné d’aviation, s’est intéressé au cyclisme au fur et à mesure de ses recherches. Il n’avait au départ pas la moindre idée de l’existence d’un tel vélodrome aussi majeur dans l’écosystème du cyclisme français, dans la ville picarde : « Mon point de départ n’était seulement que le souvenir de mes parents qui me racontaient qu’il y avait eu un vélodrome à Amiens. C’est tout » raconte Hubert Dessaint.
Une conférence pour se rappeler du passé
Cette conférence était plus qu’importante, selon son créateur, et ce pour une raison bien précise : « Il faut se rappeler qu’Amiens était et est toujours une ville dynamique. Il s’est passé des tas de choses, il n’y a pas que la cathédrale, pas que Jules Verne. Amiens a aussi été une grande place du vélo. La France entière est venu y courir, des grands champions, d’Europe et du Monde aussi. » Hubert Dessaint concluait : « Il faut être fier d’être Amiénois, vraiment. »
Victor Simonet
Crédit photo : Victor Simonet – Gazettesports.fr