Alors que la reprise a sonné samedi dernier, le club d’Amiens Voile espère vivre une année moins compliquée que la précédente.
Quand, en tout début d’année, nous avions fait le bilan de l’année 2020 avec Romain Armand, président d’Amiens Voile, le constat était clair, il était plutôt négatif. Notamment sur le plan financier. En marge de la réouverture de la base nautique d’Argœuves, il est revenu sur ce pénible exercice 2020. Détaillant notamment les efforts qui ont dû être faits pour maintenir le club à flot : « Dès mars on a commencé à sabrer pas mal de dépenses pour rester sur le minimum. On a fini dans le négatif mais on peut amortir. Mais il ne faudrait pas que ça se reproduise tout le temps. On a coupé – on a un petit budget, entre 8 à 10 000 € – sur la location des toilettes. On les fait venir pour la saison, donc comme on n’était pas là… Tout ce qui est dépense d’entretien des bateaux, on avait coupé. Tant que c’est sur une année, ça passe. On a toujours de l’équipement en stock mais s’il y a de la casse et qu’il faut acheter un truc spécifique, on n’a pas pu faire. Mais comme on n’a pas trop pratiqué, il n’y a pas eu trop de casse. » Si ces efforts ont été nécessaires, c’est aussi parce que « le plus dur, ça a été de ne pas pouvoir faire le stage de formation des STAPS, parce que ça participe à notre auto-financement. Selon les années, on s’auto-finance à hauteur de 40 à 50%, donc on est relativement autonome. »
Mais Romain Armand tient tout de même à voir le verre à moitié plein. Ainsi, il déclare qu’« on s’en n’est pas trop mal sortis » en rappelant plusieurs raisons à cela : « On n’a pas de salariés donc on n’a pas été touchés là-dessus. Après, il y a le fait qu’on n’a pas de grosse structure à payer. On a du matériel qui peut être coûteux en entretien, mais on n’a pas de stade, de gymnase, de chauffage à payer. » La philosophie est d’ailleurs à peu près la même quand il s’agit d’évoquer la perte de licenciés. Si le dirigeant reconnaît qu’« en général on a une quarantaine d’adhérents et l’année dernière ont en avait 31, ce qui fait 25% de baisse », il ne tient pas à se plaindre pointant que « si on compare à d’autres structures de voile, on s’en sort bien au niveau des adhérents. »
Retrouver les adhérents perdus
Cette volonté de ne pas noircir le tableau se retrouve également dans les espoirs placées dans cette année 2021. Romain Armand explique en effet : « Je crois que les gens sont en demande. On espère même un effet rebond. Des gens qui ont besoin d’être à l’air. C’est un beau plan d’eau, on est pas loin d’Amiens. C’est un bel endroit. On espère capter des gens qui seraient en manque d’activité d’extérieur » arguant pour cela que « pour quelqu’un qui aime déjà être dans les sports de nature, c’est vraiment un plaisir. » Ce que confirme la présence, dès ce samedi d’un non-licencié qui nous explique : « Je faisais de la planche à voile il y a longtemps, l’eau me manque, c’est pour ça que j’ai décidé de venir voir comment ça se passait. » Avec la ferme intention, déjà, de se licencier.
S’il défend un sport « basé sur les sensations », Romain Armand reconnaît toutefois qu’« au début, il y a une dimension assez complexe, c’est comme être dans une voiture avec 4 ou 5 volants, il y a pas mal de choses à savoir faire en même temps. C’est pour ça que commencer à 2, c’est un peu plus confortable. Ça prend quelques séances pour avoir les premiers automatismes. » Chose plus difficile en ce moment puisque la recommandation de la Fédération est de privilégier les gens d’une même famille pour la pratique à deux. Pour autant, il insiste, « c’est une pratique de tout âge, de tout niveau. » Surtout, le club offre des pratiques diversifiées. D’une part, « on a toujours des actions de formation pour faire progresser les gens » indique-t-il. Ainsi, lors des entraînements, « François (Joliveau, brevet d’Etat du club) propose souvent des exercices pour travailler certains points techniques et généralement, la séance se termine par une petite régate pour pimenter un peu. » Une fin d’entraînement qui sert de liaison avec l’autre aspect que travaille le club, la performance et la compétition : « On organise 4 compétitions par an sur le plan d’eau pour garder un côté sportif. » Le tout sans oublier de s’adapter à tous les niveaux : « S’il y a des enfants, par exemple, on trouvera des organisations pour qu’ils ne soient pas toujours retardés parce que ce n’est pas amusant pour eux d’être derniers. On tente de trouver des systèmes pour qu’on soit dans les mêmes temps pour qu’il n’y ait pas de décalage et que tout le monde puisse s’amuser quel que soit son niveau technique. »
En plus de cette variété des pratiques, Romain Armand insiste sur la plus grande facilité de se mettre à la voile grâce à des bateaux récents dont « l’ergonomie est sans doute plus facile pour des débutants » et qui « sont plus faciles à préparer, maintenant », le temps de préparation pouvant se tenir entre 10 et 15 minutes.
Continuer à développer le club
En dehors de cet espoir de faire revenir du monde à la voile, Romain Armand évoque d’autres projets pour cette année. Du point de vue du sport en lui-même, « on va reprendre les entraînements tous les samedis après-midi. Et ensuite, on va faire un peu de régate. Cette année, on aimerait bien retourner en mer. Généralement on fait une sortie en mer. Sur des bateaux qu’on loue, soit des dériveurs, au Tréport, soit des Catamarans en baie de Somme. » Mais il n’y a pas que la pratique à proprement parler dans le fonctionnement d’un club. Ainsi, le président insiste sur le besoin « d’évoluer sur la formation des bénévoles les plus confirmés pour qu’ils aient un statut officiel d’animateur voile, un statut reconnu par la fédé. L’idée c’est de certifier qu’on a des gens capables d’ouvrir la base et de proposer des activités voile en toute sécurité. Ils ne font pas de formation, mais ils peuvent faire en sorte que les gens qui ont un niveau suffisant viennent s’entraîner en autonomie mais en condition de sécurité. Ça va peut-être permettre d’offrir un petit peu plus de séances. »
Dernier défi, pour permettre d’augmenter la capacité d’entraînement du club, justement : « On est aussi toujours en recherche d’un moniteur rémunéré qu’on partagerait avec une autre structure. On a lancé les démarches mais ça ne s’est pas conclu. On aimerait bien parce que, pour nous, ça permettrait de proposer des créneaux spécifiques pour les enfants. On a de la demande pour les mercredis mais on ne peut pas la satisfaire. »
Cet optimisme et ces ambitions sont toutefois dépendantes de l’évolution des mesures sanitaires. Pour lesquelles la tendance est plus à un durcissement qu’à un assouplissement.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Reynald Valleron – Gazettesports