Pour cette nouvelle saison, l’équipe Élite de l’AMVB compte bien se renforcer davantage pour viser une montée en Pro B. Et, pour ce faire, elle a accueilli cinq nouvelles recrues expérimentées et douées d’un bon potentiel. Parmi elles, le central Yousri Anegay.
Yousri Anegay, peux-tu te présenter ?
Je suis Yousri Anegay, j’ai 23 ans et je viens d’arriver ici, sur Amiens. Avant, j’étais à Nice au centre de formation de Nice Volley-Ball. J’y ai passé quatre ans où, en même temps, je suivais des études STAPS. Là, je suis actuellement en licence 3 Entraînement sportif, à Amiens. Je vise le métier de préparateur physique, spécialisé en réathlétisation.
En quoi consiste le métier de préparateur physique ?
Il s’agit de travailler dans les centres de ré-éducation pour les athlètes qui sont en convalescence, ou les centres de remise en forme, ce genre de choses. En fait, j’ai été arrêté pendant 8 mois parce que je m’étais fait une rupture des ligaments au niveau de la cheville. Et c’est en côtoyant des préparateurs physique, des kinés, et même en regardant d’autres blessés qui réapprenaient, par exemple à marcher, que ça m’a choqué positivement. Du coup, j’aimerais bien m’orienter là-dessus. En plus, on retrouve un aspect compétition et psychologique dans ce métier, en menant une personne à ce qu’elle veut réussir à faire.
J’ai eu la chance de tomber sur une bonne génération et un superbe coach, ce qui m’a permit de progresser rapidement.
Yousri Anegay
Comment as-tu entamé ta carrière sportive dans le volley-ball ?
J’ai un parcours un petit peu spécifique. Je suis arrivé tard dans le volley-ball. C’est à partir de la Seconde que j’ai intégré le Pôle Espoir de Lyon. J’ai fait une année là-bas. J’ai eu la chance de tomber sur une bonne génération et un superbe coach, ce qui m’a permit de progresser rapidement. Et à la suite d’une compétition Inter-Pôles, j’ai été repéré par le Centre National de Volley-Ball (CNVB), à Montpellier. Je suis alors parti là-bas pendant deux ans, puis je suis parti en club, à Nice, pendant quatre ans. Et maintenant, me voilà !
Comment t’es-tu pris de passion pour le volley-ball ?
Le volley-ball, je suis tombé dedans par hasard. Avant, je touchais un peu à tous les sports, et j’étais dans un club de basket-ball. Un jour, mon meilleur ami m’avait invité pour partir en vacances. On se connaît depuis des années. Sa sœur était en Pôle Espoir et sa mère jouait aussi au volley-ball. Pendant les vacances, on a fait du beach-volley, et j’ai accroché. Je me suis un petit peu laissé guider. Ils m’ont prit une licence et du coup, vu que j’étais licencié au basket-ball, je faisais les deux. Au fur et à mesure, j’allais de plus en plus au volley-ball, et puis ça m’a ouvert des portes. Mais au début, je ne connaissais pas vraiment le volley-ball, ni les postes, rien. On me disait qu’il fallait que j’aille au Centre National de Volley-Ball, mais je ne savais même pas ce que c’était ! (Rires)
Quel est le rôle d’un central ?
Mon rôle est de bloquer les attaques adverses. Je suis tout le temps au filet et ma première action c’est de bloquer l’adversaire pour que la balle ne tombe pas chez nous. Je bloque et j’attaque près du passeur. C’est un petit peu le poste ingrat parce que si l’adversaire sert bien et que la réception n’arrive pas au filet, moi je ne peux pas attaquer parce que je suis toujours près du filet. Du coup, on n’est pas sûr d’avoir des ballons, on doit sauter tout le temps, parfois dans le vide. Mais j’aime bien ! C’est un challenge. J’aime bien la difficulté pour aider mes coéquipiers.
J’ai aussi choisi l’équipe d’Amiens parce que le projet sportif est intéressant.
Yousri Anegay
Pourquoi avoir choisi la ville d’Amiens pour ton parcours scolaire et sportif ?
J’avais des propositions d’autres équipes, mais il n’y avait pas forcément une université dans leur ville ou alors ce que l’on me proposait n’était pas intéressant sportivement, ou scolairement, dans le sens où je devais délaisser les études pour le volley-ball. Mais moi, mon projet de base, c’était le sport-étude. Pouvoir faire mes études en parallèle de ce que j’aime faire. Amiens me proposait de faire les deux et aussi, je m’étais arrangé avec le coach et le Président du club pour être allégé au niveau de certains entraînements, comme des séances de musculation que je ne vais pas faire pour pouvoir aller en cours. En Élite, il est plus facile aussi de faire quelque chose à côté. Au niveau professionnel, tu passes le niveau au-dessus, du coup tu as des attentes du coach et du Président. Tu ne peux pas forcément louper des entraînements, du coup c’est un petit peu compliqué.
J’ai aussi choisi l’équipe d’Amiens parce que le projet sportif est intéressant. Ils ont fini deuxième, à un point près, l’année dernière. Il y a une perspective de montée en Pro B. Et aussi, je voulais changer un peu d’horizon parce que j’ai vécu 6 ans dans le sud, alors je voulais voir autre chose. J’étais venu faire des essais l’année dernière pour voir la structure, et ça m’avait plu. En plus, il y avait quelques joueurs que je connaissais. Il y a Ulysse (Carat) et Nadir (Douib) avec qui j’étais à Lyon, donc forcément ça facilite les choses. Tu connais les joueurs, tu sais qu’ils ont fait une bonne performance l’année dernière, donc ça donne envie. Et si, en plus, tu peux terminer tes études tranquillement à côté, pour moi c’était le top.
Les études avant tout alors ?
Pour moi, si le projet scolaire est en adéquation avec le projet sportif, j’essaie de continuer. Aussi, c’est important parce que le volley-ball n’est pas une discipline aussi médiatisée que d’autres, et les carrières sportives sont assez courtes, du coup il est compliqué d’en vivre. Du coup, c’est très important d’avoir un diplôme pour assurer ses arrières. Et ça, je l’ai d’autant plus compris quand je me suis blessé il y a trois ans et que j’ai été off pendant toute une saison.
Si tu ne prends pas de plaisir, derrière c’est difficile de faire de la performance.
Yousri Anegay
Comment s’est passé ton arrivée dans le club ?
On a une bonne cohésion de groupe. Pourtant, ça n’a pas été très facile puisqu’il y avait des joueurs qui sont arrivés un petit peu tardivement. Il y avait notre passeur (Marko Stosic) et Didier (Sali Hilé) aussi qui est arrivé le jour du match, qui a dû jouer le titulaire et qui s’en est bien sorti. Mais je pense que le fait que tout le monde ait l’envie d’aller dans le même sens, ça aide beaucoup pour s’entraîner. Ça facilite la communication, et c’est important. Quand il n’y a pas de communication, sportivement ça ne suit pas et tu n’as aucun plaisir. Il ne faut pas oublier qu’à la base, le sport c’est un loisir. Si tu ne prends pas de plaisir, derrière c’est difficile de faire de la performance. Puis, même en dehors du volley-ball, on s’entend super bien, donc ça aide.
Quelles sont tes attentes vis-à-vis du club ?
La montée. Et je pense que, au vu du recrutement qui a été fait, on devrait peut-être réussir à faire briller un peu plus le club. Après, forcément, ça dépend aussi de nous, on doit performer derrière. Mais je pense que ça peut donner un élan au volley-ball d’Amiens, surtout si on arrive à monter le club en Pro B. Et puis, rien qu’en voyant que lors du match de coupe de France, le public a répondu présent et était nombreux, il y a alors moyen de faire quelque chose. En plus on a un bon communiquant, Florentin (Gerbet), qui fait un bon travail.
Quels sont tes objectifs personnels ?
Je suis venu prendre un petit peu plus de responsabilités, ici, à Amiens. D’ailleurs, on m’a mis titulaire ! Donc les responsabilités, j’ai dû les prendre directement. A Nice, j’étais pendant quatre ans en centre de formation, derrière des internationaux qui avaient beaucoup d’expériences. J’ai appris beaucoup d’eux, et maintenant je veux faire mes armes ici. Aussi, je suis un très grand compétiteur, je déteste la défaite, donc bien sûr dans mes objectifs personnels il y a les play-offs, et je vise au moins le podium. Déjà, avec l’équipe qu’ils avaient l’année dernière, ils ont fait une bonne performance. Donc je pense que là, avec les joueurs qu’ils ont pris, ils se sont renforcés encore plus. On a beaucoup d’expérience individuelle. On peut dire que, sportivement, mon objectif personnel c’est le podium, et scolairement, c’est la priorité à ma licence. Après, je verrai pour faire un Master en fonction de mes résultats.
Laurent Tillie fait un travail énorme avec son staff, et derrière ça suit, il fait briller des jeunes.
Yousri Anegay
Comment se porte le volley-ball en France ?
Malheureusement, c’est la troisième année où il n’y a plus de volley-ball sur la chaîne TV de l’Équipe 21. Je pense que ça fait beaucoup de mal à la discipline. Mais je pense que là, on est sur une bonne pente. Il y a surtout eu un gros développement des structures au niveau professionnel. Par exemple, il y a deux ans, tous les clubs ont dû homologuer leur sol, pour poser un sol spécial afin d’amortir les chocs. Aussi, en première division, il y a eu l’apparition de l’arbitrage vidéo. Donc en fait, on rejoint petit à petit les hauts championnats comme l’Italie, la Pologne et tous ceux qui dominent le volley-ball à l’échelle mondiale. Ça monte, ça monte, mais derrière, la médiatisation ne suit pas et c’est surtout ça qui pénalise gravement la chose. Parce qu’on a de beaux clubs, comme Montpellier ou Tours, qui font du très bon boulot, mais derrière, le fait de ne pas en parler, ou d’en parler que quand il y a les championnats d’Europe, ça fait un peu mal.
Mais je suis quand même étonné. Malgré le fait qu’il n’y ait pas vraiment de place pour le volley-ball au niveau médiatique, il y a quand même de l’affluence dans les gradins. Et ça, c’est plutôt pas mal. Après, le niveau est élevé quand même. Certains gros joueurs viennent en France, ils brillent dans le championnat français et après ils vont obtenir un bon contrat dans une belle équipe.
On peut aussi dire que le volley-ball français a lancé des joueurs à l’étranger. On se fait beaucoup plus connaître maintenant dans le championnat italien, ou polonais notamment. Il y a des jeunes français issus de la formation française qui brillent maintenant dans les championnats étrangers, et du coup les clubs étrangers sont encore plus intéressés par les recrues françaises. Du coup, pour nous c’est intéressant, et aussi ça permet de faire en sorte qu’on s’intéresse davantage au championnat français. Ça, c’est surtout dû au gros travail de la formation française, notamment le Centre National de Volley-Ball, et aussi de l’équipe de France. Le sélectionneur, Laurent Tillie, fait un travail énorme avec son staff, et derrière ça suit, il fait briller des jeunes. C’est juste au niveau médiatique que l’on fonce un petit peu dans le mur.
Quel est, pour l’instant, ton meilleur souvenir au sein de l’AMVB ?
Il y a la coupe de France, le match contre Toulouse, où j’ai vraiment pris du plaisir. En fait, on prenait du plaisir collectivement sur le terrain et on prenait aussi du plaisir avec le public. Donc c’était vraiment bien. Même si on a perdu, on avait la banane ! Puis après, d’autres bons moments vont encore arriver par la suite !
Le mot de la fin ?
Espérons une victoire au prochain match ! (Rires)
Angélique Guénot
Crédits photos : Kévin Devigne – Gazettesports.fr