Au printemps 2004, des milliers de personnes se retrouvaient à l’Hôtel de Ville d’Amiens pour célébrer ce qui reste aujourd’hui, le dernier titre de champion de France des Gothiques. Une finale en aller-retour face aux Bruleurs de Loups de Grenoble. Nous nous sommes replongés, 20 ans après, dans ces souvenirs aux côtés des acteurs de cette réussite. Une dizaine d’anciens Gothiques ont répondu à notre demande, aujourd’hui, rencontre avec l’international et centre : Jonathan Zwikel.
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand je vous évoque la saison 2003/04 ?
Une belle aventure humaine ! Parce qu’on avait une équipe composée de beaucoup de joueurs français. C’était un groupe soudé avec une bonne ambiance. Je me souviens qu’on a eu des hauts et des bas, notamment en play-offs où on a dû aller puiser dans nos ressources. Un titre mémorable pour moi parce qu’Amiens avait eu un titre en 99, c’était un évènement à Amiens. Je me souviens des festivités, du monde sur la place de l’hôtel de ville. C’est un excellent souvenir, et vingt ans après on se souvient plus des relations humaines que du sportif parce qu’on avait un groupe qui était incroyable. On avait vraiment le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand pour la ville.
Vous faisiez partie de ces joueurs qui sont passés de Reims à Amiens dans ces années-là…
Alors, contrairement à certains autres joueurs qui avaient fait la transition directe entre Reims et Amiens, j’avais fait le choix de partir une saison à l’étranger avant de signer à Amiens (à EV Duisburg, en Allemagne et IF Sundsvall Hockey en Suède). J’ai retrouvé des joueurs avec qui on avait vécu des moments assez spéciaux parce qu’on avait connu deux titres en 2000 et 2002. C’était de bonnes personnes, il y avait quelque chose de spécial qui s’était créé entre nous. Ce sont des joueurs avec qui j’ai encore des contacts vingt ans plus tard et avec qui ça fait toujours plaisir de parler et d’échanger. Il y avait une certaine continuité pour certains joueurs de Reims mais il y avait avant tout une unité. Après, j’ai eu la chance de jouer avec un ami parce qu’avec François Rozenthal on s’entendait très bien sur la glace mais c’est aussi un ami très proche depuis plus de trente ans. C’est aussi un souvenir que j’ai, cette osmose qu’on avait sur la glace et qu’on a toujours eue en dehors. On avait vraiment connu une bonne saison collective, c’était vraiment parfait.
Vous avez remporté le championnat à sept reprises, est-ce que c’est toujours aussi particulier de soulever cette coupe ?
Oui oui, parce qu’à Reims, c’était les premiers titres de la ville. À Amiens, c’était spécial pour les raisons que j’ai données. À Rouen, j’ai eu l’occasion de finir là où j’ai commencé, avec mon frère. Donc, à chaque fois, je garde des souvenirs très précis et je n’ai pas d’échelle à donner sur le plaisir. Gagner un titre c’est toujours un accomplissement. Celui d’Amiens me laisse vraiment un bon souvenir parce qu’il y avait vraiment quelque chose de fort avec l’équipe, avec le public. Et Amiens n’en avait pas gagné 10 ou 15, c’était seulement le deuxième donc on sentait vraiment la fierté du club par les Amiénois. On a vu l’impact que ça a eu sur la ville, ça faisait très plaisir.
Pour revenir sur ce parcours de 2004, vous souvenez-vous de cette difficulté rencontrée lors des quarts de finale face à Dijon ?
Oui je me souviens de Mindji’ (Antoine Mindjimba, ndlr) qui avait pris la parole, on avait eu une réunion dans le vestiaire à Dijon, sans Antoine Richer (l’entraineur), juste entre nous. Je me souviens que ça avait été un tournant parce qu’on était en difficulté et qu’on s’était parlé. Des fois, parler ça n’est pas suivi d’actes mais là c’était le cas et ça a été jusqu’au bout. C’était difficile de nous arrêter.
Et quel est le souvenir que vous avez de cette finale à Grenoble, en match aller-retour ?
C’était un peu spécial ces calculs, je me souviens d’un match où on avait fait la différence chez nous mais évidemment rien n’était fait. Je me souviens d’un match très serré à Grenoble, où ça s’est joué sur la fin. Je me souviens même de cette photo (ci-dessous) où j’ai une occasion à la fin du match tout seul devant le gardien, je loupe et François vient me remonter le moral. Derrière, pour mémoire, c’est Laurent Gras qui met le deuxième but qui nous libère.
Qu’est devenu Jonathan Zwikel après le titre de 2004 ?
Après 2004, j’ai vécu une superbe aventure avec Morzine puis j’ai terminé à Rouen où j’ai remporté deux coupes Magnus et une coupe de France. J’étais un privilégié de pouvoir terminer ma carrière comme ça. Mais après, je suis un hyperactif et grâce à Amiens d’ailleurs, j’ai eu la chance d’intégrer un Master 2 à l’ESC Amiens, et puis j’ai eu différents projets professionnels. C’est passé par les championnats du monde de 2017, c’était une expérience exceptionnelle de s’occuper du marketing. J’ai eu l’opportunité de combiner ma passion et mes études sur un événement historique pour le hockey français. Et puis ensuite ce double projet à Marseille, où l’objectif était de structurer le club de Marseille pour l’amener le plus haut possible, et puis mon projet Croquorico avec cette idée de créer une chaine de restauration. J’ai une aventure à Marseille qui dure depuis maintenant sept ans et qui s’est faite sur un coup de tête et qui m’épanouit. Je vais à l’instinct faire des choses qui me plaisent et à Marseille, je suis content.
Jusqu’alors, on peut dire que votre instinct vous réussit !
Je pense que de manière générale, il faut faire confiance en son instinct sans trop se prendre la tête, en faisant au maximum ce que l’on aime. Moi, le hockey, c’est ma vie. Le hockey m’aura guidé toute ma vie et continuera de le faire.
Découvrez également les interviews réalisées avec : Antoine Mindjimba, Anthony Mortas, Richard Aimonetto, Vincent Bachet, Laurent Gras, François Rozenthal, Simon Petit, Julien Lefranc et Luc Chauvel
Kevin Devigne
Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports
Voici la suite des interviews :
Richard Aimonetto : « On était tous des gagnants, on n’acceptait pas la défaite »
Luc Chauvel : « On voulait absolument ce titre, c’était notre moment »
Vincent Bachet : « Vivre ce titre dans une ville de hockey, c’était assez incroyable »
Julien Lefranc : « Chacun dans l’équipe avait un rôle qu’il a su mettre au profit du collectif »
Simon Petit : « C’était sympa d’avoir été au bout avec cette équipe »
Anthony Mortas : « On était des bons joueurs et on est devenu des guerriers »
Antoine Mindjimba : « On n’était pas les favoris mais la magie du groupe a opéré »
Elie Marcos : « On a su faire ce qu’il fallait pour aller chercher ce titre »