La réception de Saint-Étienne est vue par beaucoup comme l’un des événements de la saison de Ligue 2 à Amiens. Avec un petit paradoxe entre les attentes qu’elle suscite et le gouffre inattendu au classement entre les deux équipes.
L’Amiens SC en position de force au moment de recevoir l’AS Saint-Étienne ? Ce n’était pas forcément ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais même si la rencontre oppose le 4ème du championnat au 19ème, Philippe Hinschberger nuance l’écart qui sépare les deux formations.
Des mises en garde qui se sont précisé
D’abord, en mettant en garde les siens, rappelant les dernières prestations, parfois à la limite, mais basculant finalement du bon côté, comme face à Dijon, parfois du mauvais côté, comme samedi dernier à Nîmes. Un match qui a même passablement agacé le coach picard : « On a la chance de pouvoir être dans les 4-5 premiers depuis le début de saison. J’aimerais que dans les têtes, ça puisse nous porter, ce qui n’a pas du tout été le cas à Nîmes. On a été obligés de revisionner des choses pas agréables, en première mi-temps. Je veux bien tout comprendre, mais il y a quand même des limites et on les a franchies allègrement. » C’est qu’il ne comprendrait pas que ses joueurs n’aient pas une motivation optimale dans les circonstances actuelles : « Dans une saison, voire dans une carrière, quand tu as la chance de jouer une première place, tu dois faire autant d’efforts que quand tu joues ta peau. »
D’autant que Régis Gurtner souligne que son équipe n’a pas la marge qui lui permettrait de se sentir dans une position de confort : « Quand on ne fait pas les efforts tous ensemble, surtout sur le plan défensif et qu’on ne met pas tous les ingrédients pour être solides, ça donne la première mi-temps à Nîmes. On devient une équipe un peu quelconque de ce championnat, capable de perdre contre n’importe qui, que ce soit Nîmes ou Saint-Étienne. Nos résultats, ça tient à pas grand chose. »
De quoi travailler cette semaine pour laver l’affront d’une partie où ce n’est pas seulement le résultat qui n’a pas été à la hauteur des attentes : « Les matchs qu’on a perdus, on a été absents, surtout à Caen et à Nîmes. Et à Metz, on avait fait trop d’erreurs. On a lancé quelques alertes et ça m’énerve. J’ai passé un mauvais dimanche. Lundi, ils l’ont bien senti ! Si tu veux rester dans les places du haut, il faut cravacher. C’est le message que j’ai voulu faire passer à mes joueurs. Je pense qu’ils l’ont entendu, parce que j’ai vu une semaine avec de l’intensité. » Quelque chose qu’il attend de ses joueurs également lors du match de samedi après-midi : « Il faut des courses, de l’agressivité, de la solidarité entre les lignes, autrement tu ne peux pas gagner des matchs, on l’a oublié sur la première mi-temps de Nîmes. Ce n’est pas moi qui le dit, on a des GPS dans le dos des joueurs, il y a des choses non discutables. J’ose espérer et je pense qu’on va passer à autre chose. » Preuve que la leçon aurait été retenue, ce qui serait alors le seul point positif du match aux Costières : « S’il faut passer par la première mi-temps de Nîmes pour passer à autre chose, je dis tant mieux. Quitte à perdre un match, autant que ça serve à quelque chose. Les défaites doivent être salutaires, elles doivent nous permettre de progresser. Je pense qu’ils ont retenu la leçon. »
Un adversaire tout en paradoxes
Après cette longue mise au point sur son équipe, Philippe Hinschberger a mis en avant un autre élément qui doit inciter à ne pas arriver trop confiants ce samedi. Il estime en effet que le classement de Saint-Étienne « ne reflète pas la valeur » des Foréziens, même s’il concède qu’il y a « quelque chose qui coince, sinon, ils ne seraient pas 19èmes. » Peut-être notamment l’effet sur les têtes d’un début de saison dans des circonstances pas idéales, comme le pointe Régis Gurtner : « Ils ont commencé avec 3 points de retard (l’ASSE avait été sanctionnée suite aux débordements à Geoffroy-Guichard lors du barrage L1/L2 contre Auxerre en mai dernier, ndlr). Et dans un groupe, ce n’est pas facile à gérer, dans les têtes, c’est compliqué. » Auxquels sont venus s’ajouter, « des faits contraires, en certaines circonstances. »
Le coach picard est notamment très attentif aux qualités offensives des Stéphanois : « On va avoir un match, paradoxalement, contre une excellente équipe qui a quasiment la meilleure attaque. Au niveau de l’animation offensive, même si Krasso est absent, dans le jeu combiné, ce qu’ils peuvent faire devant le but va être du sacré boulot pour nous. Je m’attends à un match très difficile plus qu’à un match de gala. » Il se méfie également de l’état d’esprit d’une équipe qu’il s’attend à voir « en mode survie » en plus d’« une envie de bien faire énorme » qu’il a observée depuis le début de saison.
Reste qu’il y a aussi des motifs pour aborder ce match avec optimisme. Notamment les énormes difficultés de St Étienne dans le secteur défensif. Non pas tant, d’ailleurs, que les Verts soient submergés par leurs adversaires, Philippe Hinschberger notant une formation « qui a une très bonne maîtrise collective, avec de très bons joueurs » mais l’efficacité défensive fait défaut à ceux qui comptent « la pire défense » (23 buts encaissés en 12 matchs). Un point qu’analyse Régis Gurtner : « Derrière, ça marche moins bien. Ils n’ont pas de réussite depuis le début de la saison mais ils ne concèdent pas beaucoup d’occasions. Les équipes en face sont souvent efficaces, à nous de l’être. » Un critère efficacité qui devrait donc être déterminant. Et pour lequel les Amiénois peuvent s’appuyer sur des « argument offensifs pour faire mal à n’importe quelle équipe. »
Opoku, seul absent
Pour cette rencontre, l’entraîneur samarien devrait disposer de l’intégralité de son effectif, à l’exception notable d’Opoku, toujours suspendu. En défense toujours, Formose Mendy et Abdourahmane Barry, malgré une semaine d’entraînement perturbée – « ils ont pris tous les deux une semelle sur le talon d’Achille à Nîmes, ils se sont entraînés en pointillé » – devraient être aptes. Au milieu, dans une concurrence renforcée, le coach compte d’abord miser « sur l’état de forme et les complémentarités. » Quant au cas Arokodare, s’il n’a pas caché ne pas apprécier ce genre de comportement, il a tenu à en minimiser l’impact : « Il ne faut pas qu’ils dépassent les bornes. Maintenant, il ne faut non plus en faire une montagne, ce sont des choses qui peuvent arriver, ce n’est pas grave. »
De quoi arriver dans des dispositions tout de même globalement positives dans un contexte qui devrait être festif, avec l’envie « de proposer un beau match », de profiter, pour les joueurs comme Gurtner , d’un « super match à jouer », avec « beaucoup de plaisir à prendre » dans une « ambiance particulière. » Et forcément aussi de le gagner, même face à d’anciens partenaires tels Thomas Monconduit et Matthieu Dreyer.
Ligue 2, 13ème journée
Samedi 22 octobre, 15h, Stade Crédit Agricole La Licorne : Amiens SC (4ème, 23 pts) – AS Saint-Étienne (19ème, 8 pts*)
*3 points de pénalité
Morgan Chaumier
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports (archive)
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