Arrivé cet été après deux échecs successifs aux centres de formation de l’ASC puis de Boulogne, la faute notamment à une blessure au genou, le jeune milieu de terrain a rejoint Longueau dans l’optique de se relancer. Il revient pour nous sur son arrivée, ses échecs mais aussi le début de saison et la particularité de jouer avec son père.
Quelles sont les raisons de votre venue à Longueau ?
Je devais passer un cap au niveau physique et le monde senior était pour moi l’idéal dans ce sens. Après Longueau car je connais presque tout le monde, le projet m’a paru intéressant et je me suis senti capable de répondre aux attentes du coach. Après je n’avais pas non plus énormément de choix pour être honnête. Je sors de deux échecs donc forcément cela rend les choses plus compliquées.
Je devais trouver un club pour rebondir et Longueau était pour moi l’idéal.
Vous avez vécu une première expérience compliquée à Boulogne, loin de votre famille. Cela vous a poussé à revenir dans le cocon familial ?
Non, c’est certain que c’est un plus d’être proche de sa famille mais j’étais prêt à rester éloigné si j’avais eu un projet intéressant ailleurs. Après ce n’est pas évident de vivre une situation d’échec pour une première expérience loin des siens mais il faut savoir se relever et s’en servir. Je devais trouver un club pour rebondir et Longueau était pour moi l’idéal.
Que retenez-vous de cette expérience à Boulogne ?
Je n’ai pas beaucoup joué mais cela m’a énormément appris sur le plan mental notamment. Après un échec à Amiens, être de nouveau en échec n’a pas été facile mais cela m’a permis de me forger un caractère et c’est une expérience qui va me servir pour la suite. J’ai aussi appris tactiquement et dans la rigueur de travail qui est très présente là-bas.
Vous rejoignez un club de R1 avec une forte concurrence. Vous n’avez pas pensé à rejoindre un club moins élevé mais avec un plus grand temps de jeu assuré ?
Non, j’avais besoin d’avoir de la concurrence pour élever mon temps de jeu et progresser encore plus. Là, je sais que si je ne joue pas c’est que je n’ai pas encore le niveau et que je dois faire plus. J’avais vraiment envie et besoin d’un gros challenge pour me relancer et passer un palier.
J’avais vraiment envie et besoin d’un gros challenge pour me relancer et passer un palier.
Il y a à votre poste des joueurs avec une grande expérience et un vécu. C’est une chance pour vous d’évoluer à leurs côtés ?
Oui, c’est toujours un avantage de jouer avec des joueurs de qualité et c’est pour cela que je suis venu ici. Ils me donnent beaucoup de conseils et me mettent en confiance. Après cela implique une forte concurrence mais c’est une concurrence saine qui nous pousse à nous surpasser et à élever notre niveau de jeu pour être titulaire le dimanche. Cela m’aide donc forcément à progresser.
Comment se fait-on une place dans un groupe qui est déjà en place quand on arrive à seulement 19 ans ?
Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et je suis donc arrivé sans complexe avec pour seul objectif de me mettre à leur niveau pour les concurrencer. Après le groupe vit très bien donc ça aide à s’intégrer et à être en confiance. J’ai un gros caractère et cela m’a aussi énormément servi pour me faire ma place. Je n’hésite pas à prendre la parole sur le terrain et à replacer mes coéquipiers et c’est aussi ça qui m’a permis de rapidement me faire ma place dans ce groupe.
Quel a été le discours du coach à votre arrivée ?
J’ai eu un entretien avant d’arriver avec le coach, il ne m’a assuré aucun temps de jeu. Juste qu’il m’intégrerait au groupe de l’équipe première et que ce serait à moi de faire mes preuves pour y rester et obtenir du temps de jeu. Ce qui me semble logique vu mon statut, je dois prouver que j’ai ma place comme tout le monde.
Êtes-vous satisfait de votre début de saison ?
Je suis mitigé car j’aurais aimé apporter un peu plus à l’équipe car j’en suis capable. Après, au niveau du temps de jeu, je suis satisfait d’en avoir car vu la concurrence ce n’était pas gagné d’en avoir autant.
Depuis le début de saison, vous prouvez que vous avez énormément de caractère. Pour vous c’est une force ou ça peut parfois être un défaut ?
Ça peut jouer dans les deux sens mais je prends ça comme une qualité. Je me dis que j’ai 19 ans et je ne dois pas me laisser marcher dessus encore plus avec le poste que j’occupe. Je dois m’imposer comme un patron car j’occupe un poste où il faut savoir communiquer et replacer ses coéquipiers. Après trop parler ça peut me desservir mais c’est dans la nature de mon jeu, c’est juste à moi de travailler et de prendre de l’expérience pour parfois me canaliser.
Quels sont pour vous vos qualités et vos axes de progression ?
Mes qualités, je pense que j’ai une bonne vision du jeu et une bonne qualité technique des deux pieds. Après, depuis ma blessure j’ai un déficit physique et je dois travailler dessus. J’ai parlé avec le coach et Basile Debeugny le préparateur physique et on va prendre le temps de combler ça correctement.
Je veux avoir le maximum de temps de jeu, m’imposer comme un joueur cadre de l’équipe
Quels sont tes objectifs pour la suite de la saison ?
Je veux avoir le maximum de temps de jeu, m’imposer comme un joueur cadre de l’équipe et être plus décisif car je ne l’ai pas été assez depuis le début de saison. Après sur le plan collectif c’est de finir le plus haut possible.
Comme l’ensemble des joueurs du groupe vous pouvez être amené à jouer en réserve. C’est quelque chose qui vous dérange ?
Non, pas du tout, si le coach m’envoie en réserve c’est qu’il juge que je ne mérite pas de jouer avec la première sur ce match-là. J’ai déjà évolué avec la réserve cette saison, c’est l’occasion de prouver que je mérite de jouer en première et c’est aussi l’occasion de se remettre en question. Je ne prends pas du tout ça comme une punition. C’est aussi l’occasion de travailler différemment car le jeu est très différent.
Vous évoluez avec votre père, sa présence vous a poussé à signer ?
Oui, ça a joué dans ma décision c’est certain. C’est un plaisir de jouer avec mon père et il me donne énormément de conseils. Mais c’est aussi de la pression en plus car il attend beaucoup de moi. C’est parfois compliqué mais ça reste vraiment un plaisir.
Vous arrivez à gérer la situation en dehors et sur le terrain où vous n’hésitez pas à lui dire les choses ?
Notre relation n’est évidemment pas la même sur et en dehors de terrain. Sur le terrain il n’y a plus de papa donc je vais lui dire les choses sans problème comme je peux le dire aux autres joueurs. C’est même parfois plus facile de lui dire les choses. Après on s’entend très bien et cela nous aide à gérer la situation et faire la part des choses.
Arriver en étant le fils d’un joueur cadre ça met la pression et l’on doit encore plus prouver que l’on est là pour ses qualités et rien d’autre ?
Forcément au début certaines personnes pouvaient penser que j’étais là car mon père m’a fait venir mais cela m’a juste poussé à prouver encore plus la raison pour laquelle je suis là. Je ne voulais vraiment pas avoir cette image de “fils de” vis à vis de mes coéquipiers, des supporters et du coach. D’ailleurs à mon entretien avant de venir j’ai tenu à venir seul pour montrer au coach que sur le terrain je suis Yael Lemaire et pas le fils de Romuald. Aujourd’hui il n’y a aucun souci vis à vis de cela mais cela ne m’a jamais vraiment dérangé.
Est-ce que vous avez encore l’objectif de finir professionnel ?
Oui, mon rêve est toujours intact dans ma tête. Après je reste sur deux échecs mais je pense avoir le mental pour rebondir et continuer de franchir les étapes pour aller le plus haut possible. Ce n’est pas parce que l’on a connu un échec que l’on ne peut pas réussir et il y a de nombreux exemples dans le foot. Je me suis fixé des objectifs mais j’avance étape par étape et je franchis les paliers un à un.
Vous visez le maintien mais est-ce que vous pensez que l’équipe pour viser plus haut ?
On a fait un bon début de saison et le groupe est de qualité. Après on sait que le championnat est très relevé et disputé. On veut obtenir notre maintien ensuite on ne se privera pas pour aller chercher plus haut et obtenir un ticket pour l’étage supérieur s’il se présente à nous. Pour moi ce serait l’idéal de franchir ce cap avec le club.
Aurélien Finet
Crédit Photo : Léandre Leber – Gazettesports