Madeleine Malonga, Lucie Louette-Kanning et Christophe Massina ont pris la parole, hier soir, pour évoquer l’importance du collectif dans le sport comme dans le business, lors de la conférence organisée par France Judo et le Crédit Agricole Brie Picardie dans l’auditorium de leurs locaux.
« Engagement, courage, performance » : c’est la devise de l’entrepreneur, mais aussi celle du judoka. La conférence a débuté sur ces mots, ce qui pouvait surprendre à première vue. Pourtant, le parallèle entre le haut niveau en judo et le fonctionnement d’une entreprise est simple : les valeurs de l’un résonnent fortement dans l’univers de l’autre. Comme un judoka, l’entrepreneur doit faire preuve de résilience et savoir se relever après chaque chute. Les huit valeurs morales du judo, telles que la politesse, la modestie ou encore l’honneur, font écho, avec justesse, aux exigences du monde entrepreneurial. « Le judo rend-il meilleur ? » C’est la question à laquelle a tenté de répondre le présentateur, Frédéric Lecanu, en retraçant l’histoire de cette discipline, depuis sa création par Jigoro Kano jusqu’aux émotions qu’elle suscite aujourd’hui, notamment lors des JO 2024. Pour l’occasion, il était accompagné d’acteurs majeurs du judo français et de représentants du monde de l’entreprise.
Sous les applaudissements du public, Madeleine Malonga et Lucie Louette-Kanning sont montées sur scène pour raconter leurs parcours, échanger autour de l’entraide et de la progression partagée. Toutes deux ont livré leur point de vue sur la manière dont elles se percevaient mutuellement au fil de leur carrière de judokates en -78 kg. « Quand j’ai commencé ma route du haut-niveau, je suis passée par Amiens, et c’était une personne qui m’inspirait. Arrivée à l’INSEP, je lui ai servi de partenaire pour différents championnats, il y a eu de la prospérité mutuelle, et puis quelque part, il y a toujours eu du respect et je pense que c’est le plus important« , a confié la licenciée de l’Étoile Sportive du Blanc-Mesnil. La championne d’Europe en 2013 a enchaîné en approuvant ces propos : « Je savais que Mado, c’était une adversaire coriace. Si je l’avais dans mon tableau, j’avais pas le doit d’y aller à 2%. C’était des combats très difficiles. C’est pas facile d’avoir de la concurrence au quotidien, c’est éreintant, mais ce qui est merveilleux dans notre sport, c’est que sur le tapis, on est des guerrières, et en-dehors, on sait profiter et partager ensemble.«
Dans cet élan de sincérité et de confidence, les spectateurs ont eu l’honneur d’entendre Christophe Massina s’exprimer sur sa carrière d’entraîneur de l’équipe de France de judo, et plus précisément sur la période des Jeux de Paris : « Toute cette période de préparation a vraiment été un management sous haute tension, avec un jeu autour de l’énergie. À la sortie des Jeux de Tokyo avec le titre par équipes, il y avait une pression médiatique. Et une pression politique. Le président est venu nous voir au bord du tapis plusieurs fois. C’était pas simplement une gestion d’énergie émotionnelle, elle était aussi physique, parce que trois ans, c’était court. » Cette gestion de l’énergie, émotionnelle, physique, mentale, mais aussi collective, Christophe Massina y est revenu en partageant l’un des moments les plus forts de sa carrière d’entraîneur, survenu juste avant l’arrivée de l’équipe féminine au village olympique l’été dernier : « On a décidé de faire une petite vidéo, plutôt humoristique, mêlant des images envoyées par les proches des athlètes féminines, et ce moment-là visait à décharger émotionnellement et à rassembler le collectif.«
À l’approche de la fin de la conférence, une table-ronde a réuni les trois professionnels du judo et deux entrepreneurs autour des thèmes des valeurs, du lien entre sport et entreprise, de la motivation, de la discipline, de la concurrence et de l’adversité, de l’échec et des coups durs, ainsi que du rôle des mentors et de l’entourage. Ce qui en est largement ressorti, c’est l’importance de la rigueur. « On peut avoir toute la motivation du monde, si l’on n’est pas discipliné pour rester droit, on n’y arrivera pas », a souligné Christophe Massina, appuyé dans ses propos par la double médaillée d’or olympique par équipes, Madeleine Malonga, ainsi que par les autres intervenants de la soirée. Concernant le poids des valeurs, Jean Fauquet, co-président du CJD, a insisté sur le fait que « toutes les valeurs citées, il les retrouve dans son métier de dirigeant. Quand on entre au CJD, c’est parce qu’on partage des valeurs de solidarité, d’engagement, de courage, de dépassement de soi, et de rayonnement. ». Benjamin Baticle, directeur des marchés spécialisés, a quant à lui tenu à rappeler qu’avant d’être une banque, le Crédit Agricole est une coopérative fondée sur l’entraide : « Trois valeurs nous guident depuis toujours : la proximité, la solidarité et la responsabilité.«
Dans cette optique, Lucie Louette-Kanning a témoigné de l’impact des valeurs du judo sur sa vie, des valeurs qui ont fait d’elle la personne qu’elle est aujourd’hui : « C’est parce que j’ai beaucoup chuté que j’ai su me relever. C’est une certitude. » Et finalement, pour boucler la boucle, le collectif est réapparu au coeur de la discussion, étant un élément fondamental dans le sport comme ailleurs, selon l’ex-entraîneur de l’équipe de France de judo. « Le parallèle évident, c’est le collectif. Sans les autres, tu n’avances pas« , a conclu Christophe Massina. C’est sur cette affirmation forte que la conférence a su marquer les esprits des partenaires et des invités présents.
Sabine Loeb
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr