Dans une salle Labaume presque comble et prête à exploser, l’ASTT accueillait Bruille, leader invaincu de la Pro B, avec comme enjeu le maintien direct en cas de victoire picarde. Une tâche qui pouvait s’apparenter à un des 12 travaux d’Hercule. Hélas, les Amiénois ont échoué à peu. Malgré une formidable opposition, ils s’inclinent 2-3. Comme pressenti, la formation samarienne passera par les play-downs.
La première opposition s’annonçait déjà décisive. Une victoire amiénoise permettrait d’engranger de la confiance et pour cela, Santiago Lorenzo, classé 103e, faisait face au leader roumain de Bruille : Rares Sipos, numéro 55 français. Un face-à-face déséquilibré sur le papier. Cependant, l’Argentin rentrait parfaitement dans son match. D’un coup droit rageux, il créait le premier écart : 3-1. Il augmentait cette avance à quatre points (6-2) avant de voir son opposant se réveiller. Le Roumain démontrait toute sa classe et recollait en un clin d’oeil : 8-8. Avec la confiance, il arrivait à conclure ce set : 8-11. A la surprise générale, Rares Sipos loupait complètement son entame de deuxième manche. Il manquait de précision et cumulait les fautes. De son côté, le Poulpe en profitait pour prendre une avance importante (5-1) avant de remporter cette manche 11-6, sur une nouvelle faute du pongiste de Bruille. Quel set de la part des deux pongistes ! Pour la première fois, les deux faisaient jeux égaux. Aucun n’arrivait à s’échapper. Chaque point marqué par le local était accompagné de chants en son honneur. Grâce à ce soutien, il arrivait à créer un écart : 8-6. Il exultait lorsqu’il menait 9-7 et laissait partir un « Vamos ! » A 10-9, le banc se levait en soutien. Avec une foule acquise à sa cause, le Poulpe remportait ce set : 11-9. Cette quatrième manche tournait en faveur de Santiago Lorenzo. Il menait 4-2, quand son adversaire prenait un temps mort. Le kop Labaume en profitait pour chanter « Let’s go Santi ! Let’s go ! » Suite à cela, l’Argentin continuait sur sa lancée. Toujours très vocal, chacun de ses points était accompagné de ses cris. Lorsqu’il s’adjugeait une balle de match (10-5), Arnaud Sellier se levait de son banc, le poing fermé. L’ambiance montait d’un cran et les applaudissements pleuvaient. Hélas, Rares Sipos n’avait pas acquis son classement sans raison. Il débutait alors une remontée qui faisait refroidir la salle. A 10-9, sur le service du pongiste roumain, Santiago arrivait à tenir l’échange quand Rares Sipos lançait une nouvelle attaque, mais sans réussite. La balle ne touchait pas la table. La salle explosait, Arnaud Sellier se levait de joie, tout comme les joueurs amiénois. Le premier match allait aux Poulpes, qui ouvraient le score et se permettaient de rêver.
La deuxième opposition voyait Denis Dorcescu, numéro 119 français, être opposé à Thibault Poret, numéro 66. La première manche se révélait être un chassé-croisé. Le premier à prendre de l’avance ainsi qu’à s’offrir une balle de set était Thibault Poret (9-10). Cependant, le Samarien arrivait à la sauver pour le plus grand plaisir des spectateurs présents. Il s’octroyait à son tour une balle de match (11-10) qu’il convertissait : 12-10. A l’unisson, le banc picard se levait pour célébrer. A l’instar de son coéquipier bruillois, le visiteur n’y arrivait pas durant ce set. Il enchaînait les erreurs alors que Denis Dorcescu semblait intraitable. Le local infligeait une correction : 11-1. La salle devenait électrique. Les supporters donnaient de la voix tandis que les pongistes revenaient sur l’aire de jeu pour ce troisième set. Les « Allez Denis ! » retentissaient durant cette manche disputée. Thibault Poret avait réussi à se ressaisir et à rentrer dans son match. Ses attaques étaient plus incisives et la réussite basculait de son côté. Preuve en est, il inscrivait quatre points de suite pour mener 4-8. Sur une nouvelle faute du local, le pensionnaire de Bruille remportait la manche 6-11. Galvanisé par ce succès, le Bruillois n’arrivait pas à faire des erreurs. Chaque tentative de l’Amiénois était contrée. Si ce dernier sauvait une première balle de match, il n’arrivait pas à sauver la seconde. Le visiteur remportait ce set : 5-11. Cette opposition allait se jouer à la belle, d’habitude si cruelle pour les pensionnaires de la salle Labaume. Malheureusement, la belle ne perdait pas ses « bonnes » habitudes. Sans solutions, Denis Dorcescu voyait son adversaire s’éloigner au score : 3-9. Il arrivait à remporter deux points, mais faisait une faute sur un coup trop fort et s’inclinait 5-11. Bruille revenait à égalité : 1-1.
Arrivait à la table Benjamin Fruchart, classé 97e, et Jesus Cantero, classé 85e. Un affrontement entre le passé de l’ASTT, symbolisé par l’Espagnol et son présent avec le jeune Benjamin Fruchart. Le nouveau pensionnaire du club amiénois rentrait bien dans sa confrontation. Grâce à une superbe attaque croisée suivi d’une défense de toute beauté, le Poulpe prenait une petite avance : 7-5. Il s’empressait d’agrandir cet écart : 10-6. Jesus Cantero sauvait la première balle de set, mais pas celle d’après. 11-7 pour le local. La deuxième manche était disputée. Pour réussir à se démarquer, l’Espagnol variant son service, en changeant son lancer ainsi que la zone visée. Cela lui réussissait et il créait le premier vrai écart : 7-10. Le Poulpe marquait un point avant que Jesus Cantero ne le pousse à la faute pour remporter ce set : 8-11. Sentant son joueur dans le dur, le kop donnait de la voix. L’Espagnol retrouvait ses marques dans son ancienne maison et commençait à prendre l’ascendant sur le Français. Il prenait une avance de trois points 4-7. Benjamin Fruchart arrivait à combler ce déficit rapidement : 7-7. Avec le vent en poupe, le nouveau membre du top 100 déroulait enfin son jeu. Il s’imposait 11-8 dans cette manche. Le kop reprenait des couleurs et augmentait la cadence des encouragements. Au rythme du tambour, les points s’enchaînaient. Les échanges étaient courts et Benjamin Fruchart pensait créer l’écart, mais son adversaire n’était pas né de la dernière pluie. A 7-6, Arnaud Sellier demandait un temps-mort. Au retour de cette courte pause, le Poulpe continuait sur sa lancée. Il s’offrait une balle de match. La salle Labaume retenait son souffle, avant d’hurler sa joie. Il l’avait fait ! L’ASTT inscrivait un deuxième point, ô combien précieux !
Pour une potentielle victoire, Santiago Lorenzo revenait sur l’aire de jeu, tout comme Thibault Poret. Tous deux vainqueurs de leur match, le capital confiance était haut. Les pongistes faisaient jeux égaux dans la première moitié de set (7-7), avant de ne plus y arriver, tout simplement. Son adversaire défendait parfaitement et poussait l’Argentin à faire des erreurs. Cette manche appartenait à Bruille : 8-11. Le Poulpe retombait dans ses travers. Comme s’il ne pouvait performer que sous la pression, il se retrouvait mené 0-7, avant de percer la bulle : 1-7. Les spectateurs croyaient alors assister à une remontée folle. Il revenait à 4-7, avant que Thibault Poret n’accélère de nouveau. Dos au mur et mené 4-10, Santiago Lorenzo sortait le grand jeu. Il sauvait une première, une deuxième mais pas de troisième. 6-11 pour le pongiste de Bruille. Le Picard débutait bien le troisième set. Une attaque croisée réveillait la salle Labaume et permettait à l’Amiénois de mener 4-3. Les deux pongistes ne voulaient pas se quitter et décidaient d’échanger les points. A ce petit jeu, Thibault Poret était meilleur. Il s’offrait une première balle de match (9-10), puis une deuxième (10-11). L’Argentin était sur le bord du précipice et la troisième s’avérait être celle de trop. 11-13 pour Bruille. Le leader invaincu égalisait : 2-2.
Les deux formations ont choisi leurs représentants pour cet ultime affrontement : Denis Dorcescu dans le coin de l’ASTT, Rares Sipos dans celui de Bruille CTT. L’Amiénois démarrait mieux le set. Il arrivait à prendre une avance considérable : 9-5. Le public sentait que quelque chose se passait et se réveillait. Le kop sortait de sa torpeur, tandis que Denis Dorcescu empochait le set : 11-6. La deuxième manche était marquante. Le Roumain démontrait sa classe et son talent. Malgré une belle attitude, le Poulpe s’inclinait 6-11. Rares Sipos était stupéfiant dans le troisième set. Peu de mouvements, mais toujours bien placés pour renvoyer les attaques dans la bonne zone. Cependant, le local ne se laissait pas impressionner. Avec rien à perdre, il semblait enfin se libérer. Alors que la réussite était du côté de son adversaire, le local faisait preuve de ténacité. Hélas, il s’inclinait sur le même score que la précédente : 6-11. Dos au mur, le local était de plus en plus vocal, comme s’il appelait au soutien. Le kop l’avait entendu et poussait derrière son champion. Contre le cour du match, Denis Dorcescu prenait une avance, de plus en plus importante. Il possédait six points d’avance : 8-2. Hélas, son adversaire était fort, très fort. Il remontait point par point. Le Poulpe commençait à sentir le Roumain se rapprocher. A 8-7, la tension devenait insoutenable. Mais Denis Dorcescu a tout du futur grand. Il sortait de sa crise, lançait le public et forçait son adversaire à disputer une belle pour décider du vainqueur. Dans une salle chauffée à blanc, le pongiste de Bruille conservait son service : 0-2. Les deux sportifs se partageaient les points sur la mise en jeu du local (1-3). Rares Sipos poussait le Poulpe à la faute pour mener 1-5. Le kop donnait de la voix, comme pour offrir un second souffle à leur athlète. Les points étaient de nouveaux partagés (2-6), avant que le visiteur n’aggrave la marque : 2-8. Les Bruillois, présents en nombre, scandaient le nom de leur capitaine. Un nouveau partage des points avait lieu et la situation devenait critique : 3-9. L’Amiénois faisait une faute, puis son adversaire l’imitait : 4-10. Une faute picarde scellait le sort de la rencontre : 4-11. Bruille s’imposait 2-3.
Pro B, 11e journée :
Amiens STT – Bruille CTT : 2-3
- Santiago Lorenzo (n°103) – Rares Sipos (n°55) : 8-11, 11-6, 11-9, 11-9
- Denis Dorcescu (n°119) – Thibault Poret (n°66) : 12-10, 11-1, 6-11, 5-11, 5-11
- Benjamin Fruchart (n°97) – Jesus Cantero (n°85) : 11-7, 8-11, 11-8, 11-8
- Santiago Lorenzo (n°103) – Thibault Poret (n°66) : 8-11, 6-11, 11-13
- Denis Dorcescu (n°119) – Rares Sipos (n°55) : 11-6, 6-11, 6-11, 11-8, 4-11
Cyprien Baude
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr
