Au printemps 2004, des milliers de personnes se retrouvaient à l’Hôtel de Ville d’Amiens pour célébrer ce qui reste aujourd’hui, le dernier titre de champion de France des Gothiques. Une finale en aller-retour face aux Bruleurs de Loups de Grenoble. Nous nous sommes replongés, 20 ans après, dans ces souvenirs aux côtés des acteurs de cette réussite. Une dizaine d’anciens Gothiques ont répondu à notre demande, aujourd’hui, rencontre avec l’international et ailier François Rozenthal.
Quand je vous dis « titre de 2004 », qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?
Ça remonte, ça fait déjà vingt ans (rire). C’est toujours des bons souvenirs évidemment, c’était un deuxième titre pour le club d’Amiens. J’ai vécu le premier titre en 1999, celui de 2004 avait une autre saveur. J’ai des souvenirs de la finale contre Grenoble, avec une formule particulière. Il y avait des poules géographiques, ce n’est pas du tout pareil que ce qu’on voit en Ligue Magnus actuellement. Je crois qu’en quart de finale, on avait un peu galéré contre Dijon. C’était compliqué, mais on était vraiment soudé. C’était un bon souvenir, lointain, mais il reste là.
En finale contre Grenoble, vous vous distinguez, notamment en marquant dans les deux rencontres..
Les finales, ce sont toujours des matchs à part. J’ai le souvenir de matchs accrochés. C’est jamais évident de jouer contre Grenoble, notamment là-bas. Je me souviens qu’on avait gagné le premier match 2-1, le tout dans une formule particulière. Les séries se jouaient au meilleur des cinq matchs et la finale se jouait en match aller-retour. La saveur restait tout de même là, le fait d’être champion de France, c’est un très beau souvenir. C’était une belle fête pour le club Amiénois, pour les supporters, pour toute la ville. Mais en tant que joueur, c’était particulier, comme si nous n’avions pas terminé quelque chose. Si Grenoble gagnait le match chez eux, on devait jouer une prolongation, ça n’avait aucun sens. Et pour répondre à la question, oui je suis buteur sur les deux matchs. Mais vous voyez, vingt ans après, ça n’a pas de grande importance. Ce qu’on retient, c’est surtout l’aventure humaine et le fait d’avoir marqué l’histoire du club.
Dans l’échange avec Anthony Mortas, ce dernier relevait qu’après les quarts de finale face à Dijon, vous étiez comme invincible.
Oui c’est vrai, on était dans le dur contre Dijon, et même dans le doute. Dans un groupe, il y a des hauts et des bas et puis là, on avait vraiment senti un peu de tension dans le groupe. Se qualifier en demi, ça nous avait vraiment soudés de nouveau. Le fait d’être dans l’adversité comme ça, face à une équipe de Dijon qui n’avait rien à perdre, ça a eu un effet bénéfique. C’était un mal pour un bien.
Avez-vous une anecdote sur cette saison ?
J’ai peut-être eu un goût amer après la finale, avec un souhait de l’entraîneur de partir tout de suite de Grenoble. On n’a quasiment pas fêté ça ensemble après le match, on est rentré directement après. On était un peu déçu de partir tout de suite après, le souhait d’Antoine (Richer, ndlr) était sûrement de rentrer rapidement fêter ça avec les Amiénois. Mais on aurait aimé profiter avec la coupe, tous ensemble. Il y avait quand même eu la fête avec les supporters amiénois qui avaient fait le déplacement, dans la patinoire de Grenoble. On a pu aller les voir dans les gradins avec la coupe, ça c’était bien.
Ce retour à Amiens après la victoire, est aussi synonyme de parade dans la ville dans les jours qui suivent. Comment l’avez-vous vécu ?
Sur le bus à l’Impériale, c’était sympa ! On n’est pas un sport très médiatisé mais Amiens c’est à part, puisqu’il y a toujours de l’enthousiasme et de la ferveur. Aujourd’hui, je suis les affluences de match et on voit qu’il y a toujours de l’engouement pour ce sport. On a toujours ce doute, quand on prévoit une parade en ville, en se demandant s’il va y avoir du monde mais au final, c’était vraiment impressionnant. Les rues étaient pleines, les gens nous suivaient jusqu’à la mairie. On était vraiment impressionné du monde qu’il y avait. Et même si c’était le deuxième titre, les gens étaient toujours aussi contents et chaleureux. On a reçu une dose d’amour qui était impressionnante.
Qu’est-ce que vous devenez et quel est votre rapport au hockey actuellement ?
Je reviens souvent à Amiens puisque mon fils, Mats Rozenthal, joue en U17. J’ai donc toujours un rapport avec le hockey. Je suis évidemment les grands événements de l’équipe de France, aux Championnats du Monde, par exemple. Pour ce qui est de la Ligue Magnus, je regarde de temps en temps les résultats mais je ne suis pas vraiment. Quand j’ai l’opportunité, je reviens voir un match de Ligue Magnus, pour l’ambiance, le Coliseum, etc…
Vous nous parliez de votre fils, qui fait partie du HCAS. Est-ce qu’on peut dire que dans la famille Rozenthal, le hockey, c’est dans le sang, encore aujourd’hui ?
C’est plutôt de la transmission, et c’est ça dans n’importe quel sport. Il m’a vu jouer, il a pris la crosse et mis les patins assez rapidement. Alors oui c’est dans le sang des Rozenthal parce qu’il y a Maurice, mon frère jumeau. Il y a mon grand frère, mes neveux, qui ont joué ou qui jouent. C’est une passion qui s’est transmise.
Et ce titre, qui est le sujet de notre conversation, vous l’avez déjà évoqué avec votre fils ?
Oui, il y a même une photo dans sa chambre (photo à côté), qui a été prise à Grenoble avec la coupe et où je suis de dos. mais on n’a pas besoin de l’évoquer, on n’évoque pas souvent ma carrière, il y a des cassettes en VHS pour ça, même si malheureusement on n’a plus de magnétoscope (rires). J’évite, parce que lorsqu’il est arrivé à Amiens, il a tout de suite eu ces questions : « Ah, mais tu es le fils de François ? », il y avait le comparatif que les gens faisaient peut-être un peu naturellement mais lui, ça pouvait le gonfler. Chacun a sa carrière et lui, je lui souhaite de vivre les mêmes choses avec Amiens, ça serait génial, la boucle serait bouclée !
Kevin Devigne
Crédit photo : Léandre Leber et Kevin Devigne – Gazettesports.fr
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