FOOTBALL : Joackim Betina prend son envol 

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Arrivé en cours de saison à Longueau (N3), Joackim Betina ne sera resté que 8 mois à peine dans l’équipe reléguée en R1. Le défenseur, qui va avoir 21 ans, va s’envoler vers la Floride pour un cursus universitaire de 3 ans. 

Pourquoi avoir fait ce choix ?

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J’ai décidé de rejoindre le circuit universitaire américain et l’université FIU de Miami qui évolue en D1, soit le plus haut niveau universitaire. La saison a été difficile et elle m’a paru longue, pourtant je suis arrivé en octobre. Depuis février, j’ai pu enchaîner les matchs et retrouver du rythme, ça m’a fait du bien. Pendant ma blessure, j’ai pris le temps de réfléchir et je me suis dit que je devais être ouvert à toutes les possibilités et opportunités.
De base, c’était pour moi un plan B et j’avais dit à mon entourage qu’après cette saison de transition, je voulais rester en France ou du moins en Europe. Vers le mois de mars, les choses pour la saison à venir se sont accélérées. J’ai eu un essai avec un club de National qui s’est bien passé et j’ai eu un retour positif. J’ai aussi eu des touches au Portugal, en parallèle. J’avais été sollicité pour participer à des détections organisées par la FFF pour des universités américaines et j’ai décidé de le faire en me disant : on ne sait jamais. Ça s’est très bien passé et j’ai eu des sollicitations, mais sportivement ça ne me branchait pas trop car ce n’était pas des universités évoluant dans la meilleure division.
Puis quelque temps après, j’ai eu des contacts avec les coachs de l’université FIU de Miami. Pour moi, l’important c’était de trouver un projet avec de bonnes infrastructures et de retrouver ce rythme de centre de formation qui me manquait un peu. Je voulais aussi un projet compétitif où je vais jouer des matchs à enjeu dans de belles ambiances. Le projet de FIU remplissait donc toutes les cases. Je me suis alors intéressé et j’ai vu que c’était le top 15 là-bas, qu’il y avait de réelles opportunités par la suite. C’est une équipe ambitieuse qui fait des matchs de préparation contre des équipes de MLS comme l’Inter Miami par exemple. Quand je me suis posé au moment de réfléchir et de comparer les plus et les moins de chaque proposition, c’est celle qui m’a le plus emballé. 

Il y a aussi le côté scolaire qui sécurise l’avenir. Cela a joué dans ta décision ?

Ça n’a pas joué dans ma décision car j’ai toujours comme objectif de devenir joueur professionnel. Donc c’est vraiment le côté foot qui a joué. Après, durant ma blessure, je me suis posé et je me suis dit que j’avais aussi d’autres projets, peut-être plus grands que le football. Cette expérience me permet de progresser sur les deux projets, donc c’est idéal et un véritable plus. Cela me permet de préparer le très long terme sans hypothéquer le court terme. 

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Le pays n’est pas forcément réputé pour le foot (…). Mais si je réussis là-bas, j’aurai de belles opportunités

Est-ce qu’il y a aussi le rêve américain ?

Moi, je n’ai jamais été vraiment attiré par le rêve américain comme ça peut être le cas pour beaucoup. Après, le développement de la ligue américaine fait que performer en université peut ouvrir les portes de la MLS. Et que la MLS peut déboucher sur des opportunités en Europe ou ailleurs. Ce n’était pas le cas encore il y a quelques années et c’est quelque chose qui compte. Je ne suis vraiment fermé à rien et je suis concentré sur mon objectif de réussir là-bas car je sais que si je réussis, j’aurai de belles opportunités. Quand j’ai échangé avec le coach, il était surpris car ce n’est pas tous les jours qu’il a des joueurs comme moi qui vont là-bas mais pas du tout pour le rêve américain. 

C’est un choix compliqué par rapport à ta famille ?

J’ai quitté ma famille assez tôt en allant à Amiens même si ce n’est pas très loin de Péronne. Ensuite, il y a eu le premier vrai départ vers Strasbourg où je ne rentrais pas beaucoup. Là, c’est encore différent car je sais que je rentrerai très peu et que ce sera compliqué pour la famille de venir. Ils ont eu un peu de mal à comprendre et ils étaient réticents au début, car le pays n’est pas forcément réputé pour le foot. Ils ont eu besoin de temps, ce que je ne comprenais pas trop au début, et avec le temps je me suis rendu compte que c’était normal. Aujourd’hui ils me soutiennent à 100% et c’est pour cela que j’y vais.
C’est un choix du cœur, j’ai senti que je devais aller là-bas. Pour moi, que ma famille me soutienne, c’est vraiment primordial. J’ai aussi ressenti un intérêt de la part d’un club et des coachs que je n’avais pas eu depuis longtemps. J’ai passé plusieurs heures au téléphone avec les coachs à parler de football, mais aussi d’autres choses et cela a joué dans ma décision. J’ai senti que l’on avait envie de moi et un réel désir qui m’a donné envie. 

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Est-ce que le fait d’avoir un contrat de 3 ans a influencé ta décision ?

Non pas vraiment, cela n’a pas eu d’impact car dans le football tout va très vite. Tu peux signer 3 ans et ne pas jouer du tout et à l’inverse signer 1 an et avoir d’énormes débouchés. Ça n’a donc pas eu d’impact dans ma décision. En plus les contrats se font en fonction des études. Ce qui a été déterminant, c’est le projet sportif, les mots du coach et le fait que je puisse poursuivre en parallèle mon projet professionnel et personnel. 

Cette année-là m’a fait du bien (…), m’a renforcé mentalement

Avec cette signature, on peut donc dire que ton objectif en signant à Longueau a été atteint ?

Oui, l’objectif était de trouver du temps de jeu et de la confiance, tout en restant visible pour trouver un nouveau projet qui me permette de poursuivre mon rêve. Ça a été le cas donc oui l’objectif est rempli. Quand on s’est dit les choses à la fin de saison, je leur ai dit que je serai toujours reconnaissant envers le staff, le coach, les joueurs et le président car ils m’ont super bien accueilli. Ce n’est pas facile d’intégrer un mec qui arrive tard. En plus, j’ai fait une partie de la préparation avec eux avant de partir et de revenir. Il n’y a jamais eu de barrière par rapport au fait que je sois nouveau et que je vienne d’un monde professionnel. Cette année-là m’a fait du bien car elle m’a remis la tête sur les épaules en quelque sorte.
Quand tu passes d’un cursus professionnel à un monde amateur dans un contexte difficile, avec une première montée à ce niveau et des résultats compliqués, ce n’est jamais évident. Mais quand tu vois les mecs qui bossent la journée, parfois la nuit, qui sont là à 19h à l’entraînement sur un terrain pas toujours top et qui, quelles que soit les conditions, se donnent toujours à fond, tu te dis que c’est une chance de pouvoir jouer plus haut. Cela m’a renforcé mentalement et m’a poussé à encore plus y croire et me donner à fond. Malgré les blessures et la saison compliquée, je n’ai jamais douté. Et quand j’ai pu enchaîner les matchs et que j’ai commencé à avoir des sollicitations, ça n’a fait que confirmer que c’était le bon choix. Je serai toujours reconnaissant de la main tendue par le président et le coach qui m’ont rapidement fait confiance et m’ont donné du temps de jeu. Je suis vraiment content d’être passé par là car ça m’a renforcé en tant qu’homme et ça m’a donné encore plus faim. 

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Quand tu as vu les résultats de l’équipe après ton arrivée, est-ce que ça t’a fait douter sur ton choix ? Car on regarde moins une équipe quand elle enchaîne les défaites… 

Non jamais, car le groupe a toujours conservé un bon état d’esprit et on n’a jamais lâché. Sur le terrain, on a toujours su produire du jeu et des choses de qualité. Dans un groupe, quand ça lâche, tu le sens direct ! Mais ça n’a vraiment jamais été le cas, que ce soit le week-end ou dans la semaine. Ce n’était pas facile en début de semaine car tu fais un bon match mais tu perds, surtout quand ça se répète… Mais à chaque fois, on a su repartir de l’avant.
Je pense que si l’on avait cru un peu plus tôt en nous, on aurait pu faire mieux. Après, il y a eu un temps d’adaptation logique pour l’ensemble de l’équipe. J’ai aussi su discerner mes performances et les résultats collectifs. On a en plus évolué dans un système de jeu qui m’a permis de mettre en avant mes qualités et dans lequel j’étais assez libre. On n’a jamais eu peur, quelque soit la période ou l’adversaire, de faire du jeu. Cela m’a permis de prendre du plaisir et de ne pas me contenter de défendre, ce qui aurait été un peu moins plaisant.

Aurélien Finet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports