TENNIS : 6 ramasseurs d’Amiens, dont 2 filles, à Roland-Garros

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Dès lundi prochain débuteront les qualifications de Roland-Garros. Et six adolescents d’Amiens entreront en action, sélectionnés comme ramasseurs de balles. S’ils sont cinq de l’AAC, club référence en la matière, Lara Lefèvre fait la fierté de son club, le RCA Tennis.

Si on cherche la nouveauté parmi les ados amiénois conviés à passer cette année trois semaines comme ramasseurs de balles à Roland-Garros, c’est du côté de la rue Saint-Fuscien et du RCA Tennis qu’il faut se tourner… Une de ses jeunes licenciées, Lara Lefèvre, 14 ans, a franchi avec brio les différentes étapes : ”Lors des premières sélections en décembre, à l’AAC, on m’avait demandé si j’avais été formée sur place par le club. Alors que non, j’avais juste eu une expérience sur un tournoi important. Mais ça allait, je me suis sentie au niveau.”

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lara lefevre ramasseuse rca

Ensuite, pour la sélection finale en avril à Reims, Lara s’est sentie « très stressée » mais ça l’a fait aussi. La collégienne amiénoise a en plus sympathisé avec une jeune ramasseuse francilienne qui lui a proposé de l’héberger. Car comme le logement n’est pas pris en charge, les Parisiens sélectionnés doivent pouvoir accueillir un provincial durant le tournoi, cela fait partie du cahier des charges.

Lara est tombée dans l’univers de la petite balle jaune toute petite, sa maman, Sylvie, jouant au tennis : « j’ai été 15/5 au mieux, 30/1 aujourd’hui. » Son grand frère, Clément, aussi « même s’il est plus basket » confie Sylvie, alors que le papa tape la balle en loisirs. « En août dernier, j’avais proposé à Lara de s’inscrire pour devenir ramasseuse à Roland-Garros, ça ne l’avait pas motivée plus que ça… Mais je l’avais quand même inscrite » raconte Sylvie Lefèvre.

Les tenues avant la photo officielle

Elle a bien fait car, comme l’explique Stéphane Guillerault, président du RCA Tennis, « Lara est de plus en plus motivée par le tennis. » Elle a en effet disputé les Raquettes Ados FFT l’année dernière, un challenge par équipes réservé aux féminines (classées de 40 à 30/4) qui débutent la compétition. « Et notre équipe, avec Lara, a été championne de la Somme, puis championne des Hauts-de-France. Avant de s’incliner seulement, aux championnats de France à Dinard, en Bretagne, contre les futures gagnantes » explique-t-il fièrement. Lara Lefèvre a bien progressé depuis : elle va rattraper sa mère, 30/1 ! 

Concernant Roland-Garros, dont sa maman garde une expérience mitigée, « en tant que spectatrice, un jour de pluie, on n’avait pas été remboursés parce qu’il y avait eu quand même quelques bouts de matchs », Lara va y mettre les pieds pour la première fois. Même si sa mère avait « prévu de l’emmener cette année. Elle y sera dès samedi, pour récupérer ses tenues et le lendemain pour les photos officielles. »  

Quant à l’absence en cours pendant trois semaines pour cette élève de 3ème du collège Sagebien, à Amiens, « pas de problème pour le brevet avec le contrôle continu, j’ai en plus déjà commencé à réviser. Et avec ProNote, je pourrai suivre et rattraper les cours » a prévu l’adolescente. « Que Lara ait été prise, ça va lui permettre de prendre son envol, ajoute la maman. Et comme elle aimerait devenir médecin du sport ou kiné, elle peut commencer à nouer des contacts, on ne sait jamais… »

En attendant, la « ballos » du RCA espère bien voir de près ses joueurs préférés : l’Allemand Alexander Zverev « sa blessure l’an dernier (à la cheville alors qu’il malmenait Rafael Nadal en ½ finale, ndlr), ça avait été terrible ! Je regardais à la télé. L’entendre crier comme ça, ça m’avait fait mal au cœur. » Et aussi « Caroline Garcia parce qu’elle est française et qu’elle a bien monté au classement. »             

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S’il n’a que 13 ans, Arsène Legent est un « ballos » expérimenté, déjà vu à l’œuvre, par exemple, à l’Open Cellenza de paratennis, à Amiens.

Le club des 5 de l’Amiens AC

Ils seront, sinon, cinq ramasseurs de l’AAC à Roland-Garros. Le club compte, cette année encore, le plus gros contingent de la Ligue des Hauts-de-France, après quatre ramasseurs en 2021 mais surtout les onze de l’an passé, ce qui avait fait de l’Amiens AC le 1er « fournisseur » de ramasseurs du pays.

Éléa Lainé, qui fêtera ses 16 ans à la fin du tournoi et Arsène Legent, 13 ans, remettent ça, déjà sélectionnés l’an dernier. « On a dû écrire une lettre de motivation, explique Éléa, classée 30/1. Ce que je n’avais jamais fait. J’ai insisté sur la bonne ambiance. » Même chose pour Arsène, tout fier de son slogan « ballos un jour, ballos toujours ! » Tous les deux ont donc le bonheur de faire partie des 30 ramasseurs choisis une deuxième fois.

Tandis que Pablo Barbezat, du haut de ses « tout juste 13 ans » comme le dit Séverine, sa maman qui le couve du regard ce soir-là où l’AAC les a rassemblés pour une séance photos, Guillermo Boulogne Aragüés et Louis Vaast, 16 ans tous les deux, vont découvrir l’ambiance et le rythme de “travail” qui les attendent au cœur de l’un des quatre plus grands tournois de tennis de la planète.

Les joueurs sont beaucoup plus imposants qu’à la télé.

Arsène Legent, ramasseur à Roland-Garros 2022 et 2023
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Marine Mas, formatrice des ramasseurs à l’AAC.

« C’est Marine (Mas, prof de tennis et formatrice des ramasseurs à l’AAC, ndlr) qui m’en avait parlé. Et comme j’ai un copain, Paul Grabowski, qui a été ramasseur à Roland il y a deux ans, ça m’a donné envie. Mais il y a un an, je n’aurais pas pensé être pris. Alors que pendant le stage à Reims, j’étais confiant, c’était cool… » raconte Louis, le plus grand de la bande. « Mon frère Alexandre y était aussi, il y a deux ans, explique Guillermo. Marine m’avait conseillé d’attendre, que je fasse un peu moins jeune, en me disant que j’aurai plus de chances. Et comme mon frère, je suis pris à 16 ans ! » L’âge limite, alors que les plus jeunes ont 12 ans.

12 ans, c’était d’ailleurs l’âge d’Arsène lors de son 1er Roland-Garros, il y a un an : « Les joueurs sont beaucoup plus imposants qu’à la télé. J’avais ramassé Djokovic, qui veut toujours qu’on lui donne les balles plus vite. Alcaraz aussi, sur le court Philippe-Chatrier. J’aimerais bien ramasser Nadal, s’il est là cette année. Il ne me manque plus que lui ! » lâche-t-il, sourire en coin.
Ramasser les balles lors d’un match de celui qui a gagné le tournoi à 14 reprises depuis 2005, c’est un privilège qu’Éléa a connu, en 2022 et « plusieurs fois, notamment à la night (session, ndlr), sur le Chatrier contre Corentin Moutet (victoire de Nadal 6-3 6-1 6-4 au 2ème tour, ndlr) et c’était vraiment incroyable ! »

Pas nécessaire d’être bien classé

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De gauche à droite, Éléa Lainé, Louis Vaast, Pablo Barbezat, Arsène Legent et Guillermo Boulogne Aragüés.

« Pablo regardait le sport avec son grand-père, malheureusement décédé l’an dernier. Et il lui avait dit qu’il serait un jour à Roland-Garros… Alors il avait encore plus envie de réussir les sélections » explique la mère du benjamin des ramasseurs amiénois. « Je joue surtout au handball, au tennis un peu, mais je ne suis pas classé. Et au stage à Reims, j’ai été surpris d’être pris, parce que j’avais fait quelques erreurs lors des changements de balles » avoue Pablo Barbezat qui rêve de ramasser un match de « Félix Auger-Aliassime (Canadien, 10ème mondial, ndlr). J’y étais allé l’année dernière avec l’AAC et il était passé juste à côté de nous, j’aime bien comme il est, son style de jeu. »

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Ramasseurs et juges de lignes sur le court Simonne-Mathieu, lors de l’édition 2022 de Roland-Garros.

Dès samedi, les six ramasseurs de balles amiénois seront à pied d’œuvre à Paris. « On croise les doigts pour qu’ils évitent la blessure d’ici là. S’ils ont été pris, c’est qu’ils le méritent, analyse leur coach, Marine Mas. Il fallait être très bon, sur les situations de jeu, les changements de balles, les tie-breaks. »

Et si tous ne seront pas forcément retenus pour la fin du tournoi, les six Amiénois seront invités à rester sur place jusqu’au bout, comme les 274 autres « ballos » venus de tout le pays, y compris des Outre-mer. Ainsi que du Cameroun, pour la première fois, en cette année où sera célébré, samedi 27 mai, le 40ème anniversaire de la victoire de Yannick Noah, dont le père était camerounais, dernier joueur français (1) à s’être imposé Porte d’Auteuil.

L’aventure va donc pouvoir commencer pour la ramasseuse du RC Amiénois Tennis et les cinq de l’Amiens AC qui font partie des 27 ramasseurs des Hauts-de-France sélectionnés, soit un de moins qu’en 2022. Et avec trois « ballos », la Raquette de Villeneuve-d’Ascq est le deuxième club de la région le mieux représenté cette année… après l’AAC.

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Estelle Clérin et, au fond, Léo Hoffmann.
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Christophe Fournier (ici à l’ITF féminin d’Amiens en mars) a été juge de ligne à Roland-Garros de 2013 à 2022, officiant lors de cinq finales.

13 arbitres de la Ligue des Hauts-de-France vont officier cette année comme juges de lignes à Roland-Garros (2), dont plusieurs vus ces dernières années au tournoi ITF féminin W15 d’Amiens, à l’AAC : Arnaud Antolski, Estelle Clérin, Léo Hoffmann, Christophe Fournier (conseiller technique) et Jérémy Rybarczyk (staff).

(1) : Mary Pierce, sacrée en 2000, est la dernière Française à avoir gagné Roland-Garros.

(2) : Pour l’instant, Roland-Garros, comme les autres tournois du Grand Chelem, n’est pas concerné par la généralisation de l’arbitrage électronique prévue sur le circuit ATP à partir de 2025. Ce qui entraînera la suppression des juges de lignes. Quant à la WTA, qui gère le circuit féminin, elle n’a pas encore indiqué si elle s’alignera sur le tennis masculin.

Vincent Delorme
Crédit photos : Léandre Leber, Kevin Devigne et Vincent Delorme – Gazette Sports et DR