Au terme des championnats de France open, à l’Aquapôle durant une semaine, Romuald Allais, président de l’Amiens Métropole Natation, tire le bilan. Qui est largement positif.
Quel bilan faites-vous de cette semaine ?
Du côté sportif, je suis très fier de nos nageurs. Vous l’avez vu en relais, il y a vraiment une belle osmose, aussi bien sur les relais mixtes que sur les hommes et femmes. Il y a une très bonne ambiance entre eux et ça se ressent sur les résultats.
Pour ce qui est du bilan financier, je ne l’ai pas encore fait mais ça a donné 2000 entrées sur l’ensemble de la semaine, entre les pass, les gens qui payaient pour une journée ou pour une après-midi. Donc, on est dans l’objectif. C’est satisfaisant.
Il a fait beau et chaud, donc la buvette a également bien tourné. On est également satisfait de ce côté-là.
Au-dessus de ce qu’on pensait, même. Puisque c’était une première organisation pour Aquapôle, le groupe Récréa, mais aussi pour ma jeune équipe.
Disons que si je dois faire un bilan, c’est que j’ai l’impression que cela fait 10 ans que je fais ça. Tout le monde m’a félicité ! Je reçois encore des messages : « Bravo pour l’organisation, bravo pour les bénévoles qui ont le sourire, qui sont heureux d’être là ! » Ça veut dire qu’avec notre équipe, on a impulsé quelques chose, c’est le début d’une belle aventure.
Ça a aussi permis d’éprouver la capacité de ces installations à accueillir pareil événement ?
Oui, je vous avoue que quand j’ai émis l’idée d’organiser un championnat de France ici, j’ai beaucoup été regardé, j’ai même été limite pris pour un fou. Mais je suis quelqu’un qui impulse, qui a besoin de créer des projets, qui aime les défis. Le premier défi, je pense qu’il est relevé.
Économiquement parlant, ça fait vivre une ville aussi.
L’ensemble des acteurs de ce championnat, la Métropole, le Département, les Hauts-de-France, sont relativement satisfaits. Même la délégation japonaise (de la Fédération nippone de natation qui a choisi Amiens pour la fin de sa préparation aux Jeux de Paris 2024, ndlr) est venue nous voir et était impressionnée par l’organisation qu’on a pu mettre en place. Ça donne une bonne image d’Amiens.
À noter que j’ai beaucoup d’appels de restaurateurs, parce que c’est mon métier premier, d’hôteliers, qui sont très satisfaits. Économiquement parlant, ça fait vivre une ville aussi.
Vous étiez stressé avant la compétition, vous pouvez être soulagé, désormais ?
Je suis quelqu’un qui fonce. Quand on a le résultat qui vient au bout, on ne regrette pas d’avoir foncé. Mais par moments, ça m’empêche de dormir un peu parce que j’essaie d’être le plus professionnel possible et je suis quelqu’un d’anxieux.
Mais quand on me félicite, ça veut dire qu’on a tout gagné. Ça reflète aussi la tendance du moment autour du club. Ce que je veux, c’est que le club en ressorte grandi et je pense que le pari est relevé.
Quelle peut être la suite, désormais ?
D’abord, ça va être de faire un bilan. Ensuite, prendre des vacances, se reposer. Et justement en profiter pour recharger les batteries et se demander ce qu’on pourrait amener d’autre.
J’ai été questionné plusieurs fois sur Élite / pas Élite, Master / pas Master, j’aurais tendance à me dire Master, parce que c’est porteur. Mais on va se reposer et réfléchir à tout ça.
Alors que les championnats open nécessitent d’accueillir de nombreux nageurs et nageuses, cela a aussi rassuré sur la capacité à accueillir beaucoup d’athlètes dans de bonnes conditions ?
Oui, cela veut dire qu’on est capable de recevoir les nageurs dans de très bonnes conditions. Il y avait une délégation néerlandaise, j’ai reçu des louanges. On a essayé de parler, d’échanger avec les nageurs, un Roumain, un Ukrainien, aussi, par exemple. Ils étaient satisfaits parce que c’était fluide. Tout le monde est heureux. Donc je suis un président heureux.
Par ailleurs, je tiens à souligner que le budget était de 175 000 euros, la facture était beaucoup plus élevée au début, on a essayé de se débrouiller. La Métropole a joué le jeu, on a eu les lignes d’eau du Coliseum. Les plaques ont été prêtées par des clubs voisins. On a essayé d’alléger la facture au maximum. Tout le monde y a mis du sien, y compris le groupe Récréa. On voulait vraiment une grande compétition à Amiens. Et tout le monde a joué le jeu pour que ça se passe au mieux. Et le club remercie tous les acteurs du fond du cœur.
Un tel événement, ça permet aussi de valoriser la natation en tant que sport auprès des Amiénois ?
C’est vrai que ça valorise le sport, ça le met en lumière. Pour nos nageurs, ça permet aussi de nager devant ses parents, sa famille, ses proches. Ça crée du lien, ça crée une dynamique pour les échéances qui peuvent nous attendre.
On n’est pas le low-cost du sport.
Ça a aussi créé du lien dans mon équipe qui était là toute la journée. Pour certains, c’était une première compétition, ils se demandaient s’ils en étaient capables, désormais, ils sont rassurés. Il faut organiser des événements, ça permet de créer du lien. Il faut avoir un esprit d’équipe, je pense qu’on l’a prouvé.
Et puis, on est le sport numéro 3 à Amiens derrière le foot et le hockey. Et quand on voit qu’on a des sportifs aux JO, ce qui est rare dans la région, il faut absolument le mettre en lumière. Et ça, M. Gest (le président d’Amiens Métropole, ndlr) l’a bien compris, on s’entend bien là-dessus. C’est aussi l’objet d’avoir fait cette compétition.
Je voudrais d’ailleurs ouvrir une parenthèse sur le tarif de l’entrée. Ça a un peu râlé parce que c’était 17€ (la journée, ndlr). Je pars du principe que vous allez voir un spectacle qui dure toute une journée. Vous avez des athlètes qui s’entraînent 2, 3 fois par jour, on n’est pas le low-cost du sport. Une place de cinéma, c’est 14€, je suis allé voir Coldplay (au Stade de France, ndlr), c’était 155€ ! Un spectacle, c’est entre 40 et 70€. Mon avis, c’est qu’il va falloir que les mentalités bougent ! Et ça ne reste pas le sport le plus cher pour voir des athlètes de niveau international…
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports