La fin de saison est marquée par les sanctions pour indiscipline. Une mauvaise habitude qui n’a en réalité pas cessé de jalonner la saison amiénoise. Et à laquelle Philippe Hinschberger veut mettre fin.
La récente punition d’Aliou Badji, qui faisait suite à celles, quelques semaines plus tôt, de Bamba, Dossevi, Sy et Gnahoré, a mis sur le tapis la question de la discipline au sein du vestiaire amiénois. Une discipline qui n’a pas toujours été au rendez-vous cette saison. « On a eu pas mal d’anomalies, de grosses anomalies » explique ainsi Philippe Hinschberger. Il a donc fallu agir. Car s’il admet que les sanctions sont quelque chose qu’il aurait « pu faire avant », mais qu’il avait jusqu’ici fait « confiance » à ses joueurs, il affirme désormais que « sur les grosses anomalies, l’institution doit taper fort : un joueur qui dérape, un manque de respect, quelqu’un qui n’est pas là à l’entraînement, un joueur en retard de vacances. »
Néanmoins, tempère-t-il, sur « tout le reste, tu ne peux pas être 35 et que ça se passe tous les jours parfaitement. » Ainsi estime-t-il qu’« il y a un tas de petits problèmes que l’on peut régler au quotidien sans que cela ne fasse de vagues », généralement en accord avec John Williams. De son côté, la direction, qui par l’intermédiaire de Bernard Joannin a soutenu les décisions de son coach, reste en retrait des sanctions sportives. Avec donc une répartition des rôles qui tend à satisfaire le coach amiénois : « La direction fait ce qu’il faut au niveau des sanctions administratives, financières. Je trouve que c’est bien que mon président soit derrière son staff alors que ce sont des décisions qui peuvent mettre l’équipe en péril, même si, pour l’instant, on s’en est plutôt bien sorti. […] Il m’a chargé de régler les problèmes qu’il pouvait y avoir. Trop de personnes pour le faire, ce n’est pas bon non plus. »
Pas de sanction longue, mais une injonction à rester concerné
Cette sévérité accrue pourrait-elle avoir des conséquences sur l’équipe alignée sur cette fin de saison sans enjeu ? Selon Philippe Hinschberger, non. Déjà parce que, malgré ces incartades, « on a dirigé ce groupe de joueur qui a été capable de remettre le club dans le bon sens », indiquant ainsi qu’un simple recadrage d’un match semblait suffire. Ensuite, parce que s’il fallait mettre de côté tous les joueurs indisciplinés, on pourrait « enlever la moitié de l’équipe ».
Enfin parce qu’il est « toujours dans l’état d’esprit de mettre la meilleure équipe possible pour bien finir la saison », ce qui signifie tout de même, nuance-t-il que « s’il y a des garçons qui sont hors des clous souvent », ils risqueNT de se retrouver dans la situation de ceux « qui jouent moins depuis quelque temps », évoquant implicitement Eddy Gnahoré, pas revenu dans le groupe depuis la défaite à Pau. En revanche, pas question d’envoyer des joueurs en réserve pour ce genre de raison : « L’objectif c’est de garder tout le monde le plus concerné possible. Ceux qui sont moins concernés ne sont pas dans le groupe, mais aller jouer en réserve, ça ne sert à rien du tout. »
Recruter en n’ayant pas que le sportif en tête
Toutefois, si cette question ne devrait avoir qu’un impact limité sur la fin de saison, Philippe Hinschberger promet : « Cette saison, les retards ont été gérés d’une façon, la saison prochaine, ça sera géré différemment. Il faut changer des choses, mettre des choses en place pour que ça n’arrive plus. J’ai mon idée de comment je veux fonctionner la saison prochaine pour ne plus être à fliquer tout le temps, je préfère me concentrer sur ce qui est le plus important, ce qui concerne le terrain. » Parmi les solutions en tête, notamment, « c’est plus facile quand tu as des relais, des joueurs pour faire régner l’ordre dans le vestiaire. »
Est-ce qu’il peut y avoir des conséquences également sur le choix des hommes pour la saison prochaine ? « Oui », répond sans détour l’homme fort de l’ASC. Une affirmation qui lui permet de revenir sur l’importance de bien cibler son recrutement et notamment de « connaître l’homme » et pas seulement le footballeur. Pour cela, « il faut déjà l’appeler, ce que je fais toujours. On a déjà contacté quelques joueurs que j’ai eu au téléphone. Il n’est jamais assez tôt pour connaître pas mal de choses de ce qui peut être important en ce qui concerne l’être humain. »
L’aspect humain, un impact constant sur le sportif
Cette importance de ne pas se concentrer uniquement sur le footballeur dépasse d’ailleurs le cadre de la discipline. Ainsi, « entre un mec (sic) qui a deux enfants et dont la femme reste à 400km et celui qui va venir avec sa femme, c’est complètement différent. Ça veut dire que le gars se barre (sic) tous les week-ends pour voir sa femme et ses enfants. » Ce qui n’est pas sans conséquence « en termes de récupération ». Philippe Hinschberger assure qu’il a été confronté à cela « avec des joueurs qui habitaient loin, c’est clair que ça pose des problèmes au quotidien. »
Et après cette « prise d’informations très importante au moment de recruter », il y a le suivi sur l’ensemble de l’année, expliquant qu’il faut sortir des discussions sportive pour « savoir si le joueur se sent bien, si sa femme va bien, si ses enfants sont en forme, si sa femme est contente d’être en Picardie. Ce sont des choses à prendre en considération. » « De temps en temps, tu as un joueur à la rue pendant un ou deux mois, détaille l’entraîneur amiénois, tu te demandes ce qu’il a et ça va être sa nana qui s’est barrée (sic), mais il ne va jamais te le dire. Il faut être assez malin pour aller à la pêche aux infos. Parce que si tu n’es pas bien dans ta tête, tu n’es pas bien dans tes pieds. » De quoi conclure sur une évolution à son sens inévitable du football, « c’est un travail continu et qu’on oublie parfois de faire, c’est pour ça que dans les staffs, un comportementaliste, ça peut être intéressant. Ça arrivera dans le football, on est largement en retard. »
Morgan Chaumier
Crédit photo : Léandre Leber / Kevin Devigne – Gazette Sports