Entraîneur du Pôle Excellence à l’Amiens Métropole Natation fait le bilan d’une année 2021 marquée notamment par les Jeux Olympiques disputés à Tokyo.
Quel bilan faites-vous de l’année 2021 ?
Depuis la rentrée, on a construit un nouveau groupe qui se porte bien. Il montre que les éléments qui ont été ajoutés à ceux déjà présents répondent bien aux attentes qu’on pouvait avoir. On a fait plusieurs compétitions, les Interclubs pour qu’ils prennent des repères et aient une compétition un peu d’animation, le Meeting d’Angers, à chaque fois ça s’est plutôt bien passé pour eux. Et on a terminé ce cycle par les différents championnats avec les championnats de France Élite, les championnats de France Juniors, trois qui sont partis à un meeting en Grèce et Mewen qui était aux championnats du Monde.
Partout, dans chaque secteur, on a eu de bons résultats. C’est encourageant même si ça reste un point de passage. Mais les résultats qui ont été les nôtres sur ces différentes compétitions nous ont à chaque fois placés sur le haut du tableau. C’est une bonne première partie, ce sont de bons indicateurs pour nous. Il faut s’appuyer là-dessus et continuer de travailler jusqu’aux échéances internationales de cet été.
2021 a été une année vraiment complète de compétition, ça a changé la façon de l’appréhender le fait qu’elle fasse suite à une année tronquée ?
Non, parce qu’on a tout fait pour ne pas qu’elle le soit. Alors, certes, on a été obligés de rester confinés, à l’image de l’ensemble des Français, sur ces deux mois (de la mi-mars à la mi-mai 2020, ndlr), mais derrière, on est reparti sur un cycle avec une compétition internationale en fin-août et ils ont ré-enchaîné tout de suite derrière. Finalement, ce qui s’est passé, c’est que les vacances d’été se sont retrouvées décalées durant le confinement. Derrière, on n’a fait que nager. On avait réussi à rester dans une dynamique compétitive avec des objectifs.
On n’est pas dans une ambiance aussi festive avec une vraie effervescence qui pourrait être apportée par le public
Donc on a passé cette année civile de la même façon que la précédente. Au début, sur les compétitions, il n’y avait pas de public, ce contexte est toujours actuel. On vit avec, de toute façon, on n’a pas le choix. On s’adapte. On reste dans un climat particulier. Effectivement, il y a des compétitions mais on n’est pas dans une ambiance aussi festive avec une vraie effervescence qui pourrait être apportée par le public.
Quel sentiment domine, le regret de l’absence de retour à la normale ou la satisfaction du fait que les compétitions continuent à se dérouler ?
Le plus important, c’est qu’on puisse faire notre sport. C’est ça le plus important aujourd’hui. C’est qu’on puisse s’entraîner, que les gamins puissent continuer de rêver et de travailler pour aller toucher leur rêve. On voit les dégâts que ça cause tous ces gamins qui étaient en incapacité de faire des activités. On le voit sur les associations qu’il y a une baisse d’adhérents. On a perdu une bonne partie de cette génération sur cette période.
Mais, nous, on reste des privilégiés. Parce qu’on a tout de même pu s’entraîner, on peut toujours s’entraîner, on a gardé des objectifs, les Jeux Olympiques ont eu lieu. Ils restent dans une dynamique positive pour eux, je pense que l’essentiel est là.
Il y a eu de nombreux records qui sont tombés lors des dernières compétitions disputées. C’est signe d’une progression plutôt intéressante ?
C’est un groupe jeune, déjà. À l’intérieur, on a des jeunes qui s’orientent vers Paris 2024, d’autres s’orienteront plutôt vers 2028, même si ça leur paraît loin. C’est aussi dû à cette période, les jeunes profitent de l’instant, ont des objectifs sur un ou deux ans. Ils ont plus de mal à se projeter par rapport à ce qu’ils viennent de connaître.
Mais nous, dans l’intention, quand les sélectionne, on veut voir à plus long terme. C’est un groupe composé d’athlètes qui ont de l’ambition, c’est ce qui les anime dans leur travail au quotidien. Pour l’instant, ils progressent, c’est bien, mais pour qu’ils accrochent des sélections nationales sur les différentes échéances cet été, il va encore falloir qu’ils travaillent.
Il y a eu plusieurs compétitions internationales cette année, dont les Jeux Olympiques. Avec du recul, quel regard avez-vous sur cette expérience ?
Il y a eu un avant et un après, ça, c’est sûr. On était dans une première dynamique, parce que c’était une première pour eux comme pour moi. Donc on s’est focalisé beaucoup sur la qualification. C’est quelque chose sur lequel on a dépensé beaucoup d’énergie. Et en arrivant là-bas, le jour J, on avait peut-être un peu laissé des plumes dans tout ce qu’on avait pu entreprendre avant, dans les différents moments de sélection. Étant donnée la particularité de l’année, il y avait plusieurs moments où on pouvait se qualifier, et à chaque fois, on a essayé de jouer.
Mais avec le recul, une fois qu’on est rentré, c’est une compétition comme les autres. Leur place était là-bas, il n’y a aucun doute là-dessus. Et sur les prochaines compétitions internationales de cette envergure, on sait que tout est possible. Ça reste une compétition de natation dans une piscine. Il y a un enjeu, effectivement, mais en réalité, ils ont largement leur place.
Vous évoquez l’énergie dépensée pendant la période de qualification, c’est quelque chose qui va servir dans l’optique de 2024 ?
Complètement, c’est ce qu’on appelle l’expérience. Ils se construisent, petit à petit, on passe des étapes les unes après les autres et celle-ci en faisait partie. En tout cas, maintenant, on sait exactement comment ça se passe. Ils ont découvert le village olympique, l’organisation, l’environnement. Sur Paris, ils connaîtront déjà le déroulement, ce ne sera pas une source d’angoisse ou de pression. À partir de là, ce sera plus facile en termes d’approche.
Ensuite, la compétition déterminera les 3 meilleurs. L’objectif, ce sera de se servir de cette expérience qu’ils ont pu avoir sur Tokyo pour aborder la prochaine. Ce qui compte, je pense, c’est qu’ils arrivent et qu’ils aient vraiment conscience que ce niveau est le leur. Par la force de leur travail de leur exigence au quotidien, de leur investissement, leur place est à ce niveau-là et ils sont capables d’y faire quelque chose. Ils n’ont rien à envier aux autres athlètes. Tout le monde s’entraîne au quotidien et celui qui touchera le premier, c’est certainement celui qui aura travaillé mieux que les autres dans les détails, dans toutes les petites choses, dans l’approche de la compétition, dans la récupération, dans tous les éléments qui nous animent au quotidien. Mais chacun a la capacité d’y faire quelque chose.
Morgan Chaumier
Crédit photo : DR / Coralie Sombret – Gazettesports