NATATION – Mathieu Neuillet : « Ce qui nous anime tous les jours, c’est de faire partie des meilleurs »

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Deuxième partie de notre entretien avec Mathieu Neuillet, où il évoque notamment les objectifs pour l’année 2022 qui commence.

Jusqu’ici, les principaux résultats de l’AMN sont obtenus par des garçons. En 2021, de jeunes nageuses du club ont réalisé des performances prometteuses. C’est une bonne chose pour le club de pouvoir être présent un peu plus partout ?

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Moi, ce qui me rend le plus fier, c’est qu’on ait été capables d’avoir des nageurs performants sur toutes les catégories d’âge. Sur les derniers week-ends, on avait des championnats de France Jeunes à Rennes avec des jeunes qui sont montés sur les podiums nationaux, même chose sur les championnats de France Juniors, sur les championnats de France Élite. Et c’est pareil en-dessous sur des compétitions sur lesquelles on a un peu moins de regard, sur lesquelles on communique un peu moins également mais où on va retrouver des très jeunes qui arrivent à tirer leur épingle du jeu.

Ça vient concrétiser pas mal d’années de stabilité, de construction où l’on essaie de réussir à mettre la bonne personne à la bonne place, avec le bon public, là où l’éducateur se sent à l’aise, où il sent qu’il a une fibre. Ça montre que ça marche.

C’est vrai que jusqu’ici, on avait une majorité de garçons qui performaient, mais on était juste en attente qu’il y ait des filles qui tirent leur épingle du jeu, c’est ce que Manon (Burgy, ndlr), Mathilde (Pruvot, ndlr), Lou (Hermel, ndlr) font, en plus d’Emma qui nous a rejoint au mois de septembre, qui s’entraîne à l’INSEP mais qui défend les couleurs d’Amiens et qui a pu mettre le club en lumière sur ses différents résultats aux championnats de France à Montpellier.

En parlant de l’INSEP, on peut difficilement revenir sur 2021 sans évoquer le départ de Maxime Grousset. Quel regard avez-vous sur ce mouvement et plus généralement sur cette question globale des nageurs qui s’entraînent à l’INSEP tout en étant licenciés dans un club ?

Aujourd’hui, par exemple, un garçon comme Roman (Fuchs, ndlr), il a été formé chez nous, il s’entraîne à l’INSEP, mais il est arrivé à Amiens, il devait avoir 14 ans. Il a fait sa formation à Amiens, il a fait ses premières équipes juniors et seniors en s’entraînant à Amiens. Aujourd’hui, il s’entraîne à l’INSEP mais c’est un garçon dont on reste très proche et qui fait partie de notre équipe. Le fait que ce soit Michel (Chrétien, ndlr) qui l’entraîne à l’INSEP, évidemment, ça facilite les choses. On est très souvent en contact, en relation, on arrive à échanger énormément là-dessus.

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Maxime Grousset (à gauche) a terminé son aventure amiénoise par une 4ème place aux Jeux Olympiques sur le 100 nage libre

Après, Maxime, il a été au bout de son histoire avec nous, il a été aux Jeux Olympiques, il a défendu les couleurs d’Amiens et les a amenées le plus haut possible. Il a quand même fait 4ème aux Jeux Olympiques sur le 100 nage libre sous les couleurs d’Amiens ! Il a carrément rempli la part de son contrat ! On l’a accompagné du mieux qu’on pouvait. Apparemment, l’offre qu’il a eu correspond plus à son projet actuel. Je n’ai aucun problème avec ça. Les nageurs ne nous appartiennent pas. Ils s’identifient à une structure parce qu’elle représente des valeurs, une éthique, une mentalité dans lesquelles ils se retrouvent. En tout cas, on est fiers d’avoir pu l’accompagner jusqu’ici. Il a commencé par nos équipes juniors, il fait 4ème des Jeux, le club a fait tout ce qu’il pouvait pour l’emmener là, ça reste une fierté pour nous.

Au-delà de ça, ce qui est important, c’est qu’on voit arriver des nageurs de Nouvelle-Calédonie. Maxime a ouvert une porte. Il a montré à tous ces jeunes qu’ils pouvaient arriver en métropole dans une structure en capacité de les accompagner. Et aujourd’hui, il y en a plusieurs qui souhaitent suivre sa voie et qui nous rejoignent. Je pense que ce qu’on a pu lui apporter, ça nous revient par l’intermédiaire de ces jeunes qui nous rejoignent.

En ce qui concerne cette année 2022 qui commence, comment la voyez-vous, quels seront les principaux objectifs ?

Pour les plus vieux, les échéances les plus importantes, ce seront les championnats du Monde et d’Europe, que ce soit Mewen ou Enzo.

En dessous, on a quelques nageurs, des garçons comme Thomas Le Pape, Clément Mallet, Hugo Sagnes, qui peuvent se positionner sur l’équipe de France A’, avec les Universiades, les Jeux Méditerranéens. Ce sont des jeunes qui sont un peu entre les deux, qui ont un très bon niveau national et qui peuvent aller chercher une première expérience avec une équipe de France A’, eux qui sortent des juniors et intègrent les seniors. S’ils parviennent à accrocher une équipe A’ cette année, ce sera une balle marche de franchie. Il faut qu’ils fassent les choses étape par étape, mais ils sont plutôt d’accord avec ça, enclin à faire les choses progressivement, à ne pas griller les étapes.

Et puis on a 3-4 nageurs juniors ont pour objectifs les championnats d’Europe Juniors et les championnats du Monde Juniors. Les jeunes se sont très bien comportés aux championnats de France juniors, que ce soit John-William Dabin, Corentin Pouillart…

Le sportif qui s’entraîne, qui est compétiteur, son envie, c’est de monter sur la boîte. Ou au moins rentrer en finale.

Aux Europe et aux Mondiaux, est-ce que les ambitions vont pouvoir monter d’un cran ou est-ce que la concurrence dense amène à rester prudent ?

Ce qui nous anime tous les jours, si vous vous levez le matin pour venir vous entraîner, c’est de faire partie des meilleurs. Sinon, ça n’a pas d’intérêt. Passer 6 heures par jour dans l’eau, plus une heure de musculation, c’est qu’au fond de vous, il y a un rêve qui vous est cher. Le sportif qui s’entraîne, qui est compétiteur, son envie, c’est de monter sur la boîte. Ou au moins rentrer en finale. Et quand on arrive dans un top 8 mondial, c’est qu’on a de grandes chances de réussir quelque chose, cette année ou les années à venir. Le meilleur moyen de réussir un jour, c’est de s’inscrire dans la durée parmi les meilleurs nageurs au monde. Ça se traduit par une finale. Et après, en finale, tout est possible. Quand vous êtes derrière le plot, il y a huit athlètes et trois places, ça vous laisse le droit de rêver, même s’il y a des déçus.

Dans les conversations que j’ai avec eux, je sens les garçons avec autant d’ambition dans ce qu’ils font. Après, ça ne veut pas dire que ça va être facile, parce qu’effectivement, il y a des nageurs qui arrivent avec un très bon niveau, et tous les ans on en découvre. Mais à force de travail, de rigueur, d’exigence, on essaye, nous, d’être le plus compétitif possible.


Morgan Chaumier

Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports