FOOTBALL – Yohane Moreira : « Ce qu’il faut aussi, c’est que les jeunes s’aguerrissent »

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Yohane Moreira porte un regard bienveillant sur une année 2021 qu’il admet toutefois compliquée pour la réserve de l’AC Amiens. Avec dans le viseur, pour 2022, travail et progression.

Bonjour, quel bilan pouvez-vous faire de l’année 2021 ?

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Il est plutôt mitigé, mi-figue mi-raisin, il y a eu des hauts et des bas. Je regrette que mon équipe soit encore inexpérimentée. c’est ce qui nous a coûté certains résultats cette année. Mais je m’y fais parce qu’on est en apprentissage, c’est une équipe assez jeune. Je sais que suis un peu exigeant avec eux mais je me rends compte que leur manque d’expérience de ce niveau fait qu’on cherche encore des résultats.

On a repris l’entraînement il y a 15 jours. Là, on attaque le championnat ce week-end à Balagny, un match remis de la fin d’année dernière, qui sera important car c’est un de nos concurrents directs au maintien, clairement.

Ensuite, je voudrais souligner l’investissement de mes jeunes qui sont constamment présents à l’entraînement et qui bossent pour compenser certaines lacunes.

Il a fallu s’adapter. On avait quand même anticipé sur la première moitié d’année en gardant nos joueurs actifs

Cela a été une année particulière avec deux phases bien distinctes…

Tout à fait, il a fallu s’adapter. On avait quand même anticipé sur la première moitié d’année en gardant nos joueurs actifs via tout ce qu’on avait sous la main : les réseaux, des programmations, des entraînements en visio. Et dès lors qu’on a eu l’autorisation de se retrouver, on a essayé de compenser un peu les manques.

Après, on est revenu un peu à la normale. Dans la tête de certains, cela a fait un peu bizarre parce qu’ils avaient pris certaines habitudes, un certain confort, notamment familial, ce qu’on peut comprendre vu la conjoncture. Il a fallu remettre le bleu de chauffe pour réattaquer une année sportive.

Le fait d’avoir peu d’expérience dans une année comme celle-là, avec peu de matchs, d’autant plus que vous êtes une réserve et que la coupe de la Ligue s’est terminée prématurément, c’est un ensemble de facteurs qui n’ont pas facilité les choses ?

Tout à fait. Dans tous les cas, pour une réserve, c’est difficile de trouver la bonne formule car l’équipe change quasiment tous les week-ends. Donc, pour avoir une stabilité, on essaie de créer des automatismes avec plusieurs joueurs du même poste à l’entraînement pendant la semaine pour pouvoir pallier à ce manque d’automatismes le dimanche.

Depuis le début de la saison, je ne crois pas avoir aligné deux fois la même équipe. On sait que c’est un problème que l’on peut relier à nos résultats, mais il faut faire avec. Et ce qu’il faut aussi, c’est que les jeunes s’aguerrissent. Donc on a opté pour leur donner du temps de jeu à ce niveau même si certains ne l’avaient pas forcément au début. Et maintenant, il faut qu’ils s’y fassent, le plus rapidement possible. On travaille sur plusieurs années, ça ne peut être que formateur.

En plus, on était en reconstruction aussi bien en équipe première que réserve. Donc l’objectif ne change pas, acquérir le maintien le plus tôt possible et donner le plus de temps de jeu possible aux jeunes de 19-20 ans pour poursuivre notre projet.

Vous avez joué avec 35 joueurs différents en 6 matchs de championnat cette saison, comment un entraîneur gère-t-il cela ?

En tant qu’éducateur, j’essaie d’avoir un œil partout. C’est-à-dire que j’ai en gestion également l’entraînement de la N3. J’ai la moitié du groupe toute la semaine avec moi. Et pour l’autre moitié, j’essaie de garder un lien quand même, d’aller les voir une fois par semaine, avec les éducateurs, Jean-Paul qui gère le reste du groupe de l’équipe réserve et Brahim qui gère les jeunes de l’équipe C pour avoir un œil sur tout le monde pour voir la progression et donner sa chance à tout le monde.

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Sophian M’Vila fait partie des 9 joueurs titularisés à 3 reprises en 6 matchs de championnat

Après, il y a des méformes et des suspendus, c’est ce qui explique la grosse rotation. Ça montre qu’en réserve, il n’y a pas de titulaire indiscutable. Tout le monde peut avoir sa chance, il suffit de la saisir. Et puis, cela s’inscrit dans la progression du jeune joueur. Pour l’instant, ça répond positivement même si les résultats ne sont pas toujours là, au bout. Mais le contenu des matchs n’est pas non plus catastrophique ! C’est pour ça que cela ne nous inquiète pas plus que ça, parce qu’ils sont en apprentissage.

Et pour revenir à votre question de tout à l’heure, concernant le rythme des matchs, on a certes eu une élimination précoce mais on essaie d’y pallier sous forme de petites oppositions ou de matchs amicaux contre d’autres équipes également éliminées pour garder le rythme et être cohérents dans ce que l’on propose.

Un des faits marquants de l’année, c’est votre arrivée sur le banc. Comment cela s’est-il passé ? Cela engendre un changement important du fonctionnement ?

Non, l’année dernière, je suivais Jean-Paul parce que la moitié de l’équipe s’entraînant dans le groupe N3 qui n’était pas convoquée pour jouer le samedi avec l’équipe première jouait en réserve, donc j’avais un œil sur leurs performances. Le passage de flambeau s’est fait du fait de l’indisponibilité professionnelle de Jean-Paul, mais qui reste toujours présent la semaine. Donc il y a toujours un lien, l’important, c’est la communication, il n’y a pas deux groupes qui s’entraînent dans deux lieux différents avec une politique sportive différente, avec un schéma tactique différent. On essaye de travailler ensemble, même si on est chacun de notre côté. C’est ce qui fait qu’il y a beaucoup de monde à l’entraînement, sinon, on verrait beaucoup de jeunes décrocher.

Quand on regarde l’équipe première, on voit toutefois que le passage de la réserve à la N3 est compliqué et, pour le moment, rare. Comment l’analysez-vous ? Est-ce un objectif de faire mieux sur cet aspect ?

Oui, c’est un travail à long terme. De là où l’on vient, avec la saison que l’on vient de passer, c’est impossible d’espérer intégrer ces jeunes joueurs de suite à l’équipe première. C’est un travail sur 2-3 ans. Ils ont déjà quelques lacunes au niveau régional, je ne vois pas l’avantage ni pour eux ni pour l’équipe de les envoyer tout de suite avec le groupe d’entraînement N3.

C’est l’objectif à long terme, mais à court terme, il s’agit de combler les lacunes des jeunes pour pouvoir suivre leur progression et essayer de leur ouvrir les portes à ce groupe de N3. C’est pour ça que l’on voit très peu les jeunes joueurs issus de la B et de la C intégrer la N3 en championnat. Après, on essaie d’ouvrir les portes, sur quelques séances d’entraînement, à 2-3 joueurs méritants quand on a des absents. Cela marche plutôt pas mal comme ça. Mais dans l’immédiat, on ne peut pas envoyer certains jeunes en N3 tout de suite. Il y a trop d’écart de niveau. Et puis, il y a des joueurs d’expérience qui sont supérieurs à l’instant T. Mais on travaille pour.

Avec le manque d’expérience, on connaît des hauts et des bas et dans les bas, on encaisse des buts. C’est malheureusement le problème des jeunes équipes.

On a déjà un peu évoqué cet aspect, mais quels seront les objectifs en 2022 ?

Déjà, bien négocier Balagny qui est un concurrent direct. Et comme le match a été inversé, c’est un match à l’extérieur. Il va déjà falloir bien négocier ce rendez-vous pour bien se lancer vers la deuxième partie de saison.

Après, essayer de trouver plus de régularité dans les contenus de match. Je pense que c’est ce qui nous coûte les matchs en ce moment. Avec le manque d’expérience, on connaît des hauts et des bas et dans les bas, on encaisse des buts. C’est malheureusement le problème des jeunes équipes. On va essayer de gagner en maturité, de trouver des solutions par rapport à ce qui s’est passé en 2021 et de progresser en ne refaisant pas les mêmes erreurs.

Est-ce qu’il n’y a pas une crainte que ce travail et cette progression soient freinés par le contexte sanitaire qui se dégrade ?

Oui, c’est la crainte, malheureusement, de tout le monde. On a un objectif, un projet sportif commun défini. On veut aller au bout, mais on est tous dépendants de l’état sanitaire du pays. Tout peut arriver et tout peut arriver très vite. On le voit en ce moment avec les différentes décisions. Donc, effectivement, le football amateur risque de nouveau de souffrir. On s’y est préparé, on travaillera à distance pour entretenir les joueurs athlétiquement. Et puis, c’est avec des si. J’espère que ça n’arrivera pas !


Morgan Chaumier

Crédit photos : Reynald Valleron – Gazettesports