Serge Foucat, coach de Jean-Baptiste Bruxelle et Aurore Dilly, revient sur les championnats de France de ses deux athlètes et se projette sur les prochaines échéances du premier d’entre eux.
Bonjour, quel est votre regard sur les championnats de France de Jean-Baptiste Bruxelle ?
Ce n’était pas un objectif, en soi, pour Jean-Baptiste puisque nous sommes sur la préparation des championnats d’Europe juniors qui ont lieu dans trois semaines en Estonie et des championnats du Monde qui ont lieu à la mi-août au Kenya. Ce sont les objectifs principaux de la saison. On n’avait pas préparé spécifiquement les championnats de France Elite mais comme il est plutôt performant, même au marteau senior, qui pèse quand même 1,26kg de plus, c’était quand même intéressant de faire cette compétition et de se confronter avec les tenors. Il s’en sort plutôt pas mal puisqu’il fait podium. En étant junior, faire podium sur les championnats de France Elite, ce n’est pas mal ! Niveau performance, il est à 1m de son record, mais au vu des conditions… Il veut toujours faire plus, c’est normal, mais le bilan est plutôt satisfaisant du fait que ce n’était pas du tout un objectif. Donc c’est un bon dimanche pour un junior.
Et sur ceux d’Aurore Dilly ?
Aurore, ce sont ses premiers championnats de France Elite, c’est quelqu’un qui s’entraîne depuis longtemps. C’est quelqu’un qui n’a pas le niveau international, qui a mis du temps à pouvoir arriver sur ces championnats. Je trouve qu’elle a fait un bon démarrage de concours, sans avoir peur, en assurant son jet. Avec forcément un peu de stress, donc la performance n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur de ce qu’elle espérait. Elle est à un peu moins de 3m de son record. Pour une première aux Elites, on ne peut pas dire que c’est une mauvaise performance. Elle gagne une place puisqu’elle arrive avec la 11ème performance et finit 10ème. Elle passe devant une fille qui était nettement devant elle.
Parce que ce n’est pas si simple. Les conditions météo n’ont vraiment pas été terribles. C’était très changeant. Ce n’était pas facile. Je trouve qu’elle s’en sort bien. Après, c’est une fille qui travaille beaucoup, elle aurait bien aimé faire plus. Et tant mieux ! Je préfère avoir des gens qui soient un peu déçus de leurs performances et qui ont envie de travailler plus pour réussir encore mieux plutôt que quelqu’un qui s’en satisferait. C’est un point important dans le comportement des athlètes.
Ce qui est important dans une compétition comme celle-là, c’est de faire avec les conditions et de se battre pour la place.
Du côté de vos athlètes, le bilan est donc plutôt positif ?
Oui, plutôt. D’autant que dans le groupe que j’entraîne au centre d’entraînement national d’Amiens, il y a Loreleï Taillandier. Et elle arrive avec la 3ème performance, fait podium, 3ème, donc elle tient sa place. Et pareil que les deux autres, elle n’est pas super satisfaite de la performance parce qu’elle est à 2m de son record. Mais si on regarde le bilan des 12 athlètes présentes, on retrouve Alexandra (Tavernier, 1ère, ndlr) à 2m de son record, Rose (Loga, 2ème, ndlr) pareil. Au vu des conditions et du plateau pas forcément extraordinaire, les performances brutes sont un peu en dessous, mais ce qui est important dans une compétition comme celle-là, c’est de faire avec les conditions et de se battre pour la place. Les performances sont en fonction des conditions, avec de très bonnes conditions et un bon plateau, vous avez 2-3m de plus pour tout le monde.
Le fait de voir que ça a été compliqué pour la plupart des athlètes a tendance à montrer que ce sont vraiment les conditions qui ont joué ?
Il y en a toujours qui réussissent à se débrouiller, dans le concours fille, il y en a une qui réussit à battre son record et chez les garçons, il y a Hugo Tavernier qui le bat de 30cm, en sachant qu’il est sur sa phase de préparation pour les championnats d’Europe espoirs, donc il est plutôt sur sa phase ascendante. Mais si on regarde Yann Chaussinand, qui a fait 77m, soit 50cm des minima pour les Jeux, il ne fait que 72m58, lui a été vraiment gêné par les conditions. La plupart des athlètes ont été gênés. Et puis, ce n’est pas un plateau très facile. Si on prend celui de Salon-de Provence, on a souvent des performances meilleures pour tout le monde. Il y a ça qui joue aussi. Techniquement, quand vous avez un plateau un peu long, c’est plus difficile à gérer.
JB a deux objectifs clairs : être médaillé sur les championnats d’Europe et les championnats du Monde.
Aux championnats du monde juniors, quels seront les objectifs ?
On ne va pas se voiler la face, JB a deux objectifs clairs : être médaillé sur les championnats d’Europe et les championnats du Monde. Alors évidemment, lui, ce qu’il va chercher, c’est évidemment le titre, mais il y a du monde. Mais s’il ressort sans médaille, clairement, il sera déçu. Et on se prépare pour.
Est-ce que le record de France junior est dans un coin de la tête ?
Il est dans un coin de l’esprit, mais on n’en fait pas une finalité parce que courir après les records, bon… Je pense que s’il fait un très bon championnat, ça peut tomber. Et après, il y aura encore la Coupe de France en septembre. Mais à la limite, je préfère qu’il soit champion du monde 3m en dessous du record de France que d’avoir le record de France mais ne pas être sur le podium – même si ça semble impossible. Battre un record de France, il faut de très bonnes conditions, un très bon plateau. Tout doit être réuni. Mais il en a le potentiel ! Ce serait la cerise sur le gâteau s’il fait médaille et record de France.
Mais là on est vraiment focus sur les championnats. D’autant que ce n’est pas facile en termes de planification parce qu’il y a 5 semaines entre les deux. Il faut pouvoir réussir à avoir deux pics de forme dans ce laps de temps. Évidemment, je ne pouvais pas l’emmener sur un pic de forme ce week-end, en avoir un dans 3 semaines puis encore un 5 semaines après. On ne peut pas courir tous les lièvres à la fois donc on est obligé de faire des choix.
Morgan Chaumier
Crédit photo : DR (archives)