La semaine dernière, le Président de la République puis le Premier Ministre prenaient la parole, coupant court, semblait-il, à toutes spéculations sur un retour au football des seniors avant le 20 janvier. Depuis, pourtant, c’est à une semaine de déclarations hâtives, de pression et de revirements à laquelle nous avons assisté.
Jeudi dernier, le point presse du Premier Ministre, Jean Castex, détaillait les mesures d’allègement progressif du confinement annoncé deux jours avant par le Président de la République, Emmanuel Macron. Jean Castex décrivait alors une situation très claire quant au sport amateur et notamment au football, pouvant reprendre le 28 novembre pour les mineurs, au mieux à partir du 20 janvier pour les adultes.
Dans la foulée, le 27 novembre, Noël Le Graët, interrogé par nos confrères de France 3 Bretagne, prenait note qu’« on ne pourra pas reprendre l’entraînement avant le 20 ou le 21 janvier. » De ce constat, il tirait la conclusion qu’il serait compliqué d’assurer un avenir à la Coupe de France : « ça fait démarrer en février. C’est presque cuit. Je ne vois pas comment disputer cette compétition dans les dates sauf à jouer jusqu’à fin juillet. »
Dans la même interview, il planifiait déjà une réunion « pour imaginer un calendrier qui puisse tenir la route. » Le même jour, pourtant, les Ligues et Districts partageaient un communiqué évoquant des discussions et arbitrages ministériels quant à la reprise des seniors.
Et en milieu de semaine, était finalement évoquée une reprise le 15 décembre pour le foot amateur. Tandis que certains la réclamaient, tel le président de Martigues, la rumeur enflait sur le fait qu’elle soit même envisagée par Jean-Michel Blanquer, le Ministre des Sports. Tout s’accélérait quand, mardi, la FFF publiait sur son site des modalités de reprise indiquant clairement que « le retour aux entraînements avec contacts est pour l’instant prévu le 15 décembre 2020 » sous réserve, toutefois, « de l’autorisation de l’État ».
Joute verbale et coups de pression autour d’une reprise le 15 décembre
Une formulation qui ressemblait fort à un coup de pression dans les négociations en cours, que semblait peu goûter Jean Castex qui, interrogé notamment sur le sujet du retour du public dans les stades de football par Jean-Jacques Bourdin le lendemain matin, sortait du présent sujet pour reprendre vertement la FFF en indiquant qu’un retour au football, pour les seniors, était inenvisageable au 15 décembre. Lors de la même interview, il acquiesçait également quand le présentateur lui suggérait que « la Coupe de France est morte ».
De quoi continuer à tendre les relations médiatiques avec la FFF. Ainsi, c’était au tour de Noël Le Graët de répondre, à l’occasion d’une interview au Parisien, en niant formellement l’annulation de la Coupe de France, qu’il envisageait pourtant moins d’une semaine auparavant.
Enfin, certains envisageaient que la sortie médiatique du Premier Ministre ne concerne que la compétition mais pas les entraînements. C’était, ainsi, l’interprétation de la Ligue de Football des Hauts-de-France qui, dans un communiqué, admettait que « les annonces de l’État imposent, à ce jour, une date de reprise des compétitions envisagées au 20 janvier » mais annonçait également, de façon certes moins formelle que la FFF, que l’« objectif est de pouvoir obtenir la possibilité de reprendre des entraînements sous leur forme habituelle à cette date (du 15 décembre, ndlr). »
L’Équipe explique même que Pierre Samsonoff, directeur de la Ligue du foot amateur à la FFF, va encore plus loin déclarant que, comme les mineurs, les majeurs « ont l’autorisation de reprendre une activité en club, y compris dans un cadre collectif » et ce avant même le 15 décembre, date où il s’agit de la reprise des entraînements avec contact qui serait espérée.
Alors que les clubs s’apprêtent donc à retrouver l’entraînement sous l’impulsion de la FFF, il serait plus que temps que l’exécutif prenne une décision claire, soit en faisant marche arrière et en autorisant formellement la reprise des entraînements, soit en sévissant dans son interdiction de reprise avant le 20 janvier. Mais, en tous les cas, la situation actuelle d’une reprise alors que le gouvernement communique sur son interdiction, est intenable et doit tout de suite donner lieu à de nouvelles clarifications.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports