La saison pourra-t-elle aller à son terme normalement, comme prévu à son commencement ? Malgré une seule pause dans la saison, cela semble d’ores et déjà compromis.
En effet, en imaginant une improbable et peu raisonnable reprise des compétitions dès le 24 janvier (soit seulement 4 jours après l’hypothétique date de reprise évoquée par le Premier Ministre), il ne resterait que 20 week-ends pour clore la saison de N3, R1 ou R2, soit 18 à 20 (pour la N3) journées restantes. Soit, en étant plus réalistes sur un retour à la compétition au mieux début février, un flux tendu jusqu’à la fin de saison, sans créneau pour replacer des matchs reportés. Pire encore, c’est désormais impossible de caler le restant du calendrier sans jouer en semaine pour la R3, à qui il reste 22 journées. Et ce, sans même envisager la possibilité d’un reconfinement ou de nouvelles difficultés dues au Covid. Dès lors, cette situation, votre préférée selon le sondage que nous avons réalisé jeudi dernier, paraît malheureusement désormais impossible à tenir.
Or, si l’on écarte la possibilité de terminer le championnat normalement, il va falloir trouver une solution, qui ne peut pas être celle de l’arrêt des championnats et de la prise en compte du classement actuel alors même que certaines équipes n’ont joué que 3 rencontres. Parmi les options crédibles, la saison blanche paraît particulièrement pessimiste. S’il est probable que la saison connaisse encore quelques soubresauts, on peut tout de même espérer pouvoir disputer un nombre de journées suffisantes pour ne pas en venir à cette extrémité dès janvier, avec des matchs amicaux pour seul programme pendant les 6 mois à suivre. Et au moment où l’on entend parler de difficultés du sport amateur, une démobilisation des joueurs pour cause de fin prématurée des compétitions ne viendrait rien arranger.
Finir la phase aller, et après ?
Dès lors, la question qui se pose, c’est quelle formule pour réduire le nombre de journées tout en conservant la compétition et en lui offrant un final permettant montées et descentes. Trois options semblent ressortir du lot pour cela. Dans tous les cas, il s’agirait de ne disputer normalement que la phase aller du championnat, la suite différant toutefois.
D’une part, on peut penser à des play-offs et play-downs sous forme de quarts de finale, demi-finales et finales, comme on en retrouve dans de nombreux sports tels le rugby et le basket professionnel ou le hockey. Pour autant, nous considérons que ce format ferait perdre la différence entre le championnat et la coupe, privilégiant l’effet couperet à la constance, valeur cardinale pour entériner une montée (ou un maintien) dans un format championnat. Pour nous, ce serait dénaturer la compétition, ce qui nous incite à être franchement défavorables à cette solution.
Si cette première solution se distingue pour une question de vision de l’esprit de la compétition, mais reste néanmoins réalisable du point de vue, désormais crucial, du calendrier, les deux autres diffèrent par une prudence plus ou moins poussée quant aux péripéties encore à venir dans cette saison. En effet, les possibilités restantes ne nécessitent pas le même nombre de journées à disputer, mais entreraient tout à fait dans le calendrier, si une reprise de la compétition avait lieu d’ici à la mi-février.
Jouer 7 ou 15 journées, une question de prudence
En partant du principe d’un championnat reprenant le 7 février, soit seulement 2 petites semaines après la date fatidique du 20 janvier, il restera 18 week-ends pour boucler la compétition à la date prévue, le 6 juin. A priori, rien d’insurmontable, donc, pour la mise en place, après la phase aller, de play-offs et play-downs sous la forme de mini-championnats. Néanmoins, si leur existence encore très hypothétique induit que nous ne savons encore rien de ce que pourrait être leur format, on peut estimer qu’ils pourraient prendre entre 3 et 10 journées supplémentaires, ce qui nous permet déjà d’éliminer une formule de groupes de 6 équipes avec allers-retours, puisqu’en R3, cela impliquerait de jouer 19 journées. En 18 week-ends, c’est déjà une possibilité à écarter.
Toutes les autres solutions, qu’elles consistent en un groupe de 6 avec une seule rencontre entre chaque équipe (le retour de la phase aller déjà disputée) ou en un groupe de 4, sont envisageables puisque occupant maximum 15 journées. Toutefois, en y regardant de plus près, on peut constater que, depuis 2016, des clubs comme Longueau ou Camon n’ont dépassé qu’à 2 reprises les 5 matchs de championnat dans la période du 1er février à la fin mars, avec tout de même un maximum de 7 rencontres. Sur les 8 week-ends de cette période, il serait bon d’anticiper le risque qu’environ 3 matchs ne seront pas jouables, ce qui, en faisant baisser le nombre de créneaux disponibles potentiels à 15, ferait désormais entrer au chausse-pied des solutions faisant envisager entre 10 et 15 journées en R1 et R2 et 12 et 17 journées en R3. En réalité, cela ne laisserait même plus envisageable qu’une formule à 4 équipes se rencontrant chacune une seule fois, dans le cas de la R3.
Si ces solutions ne sont donc pas totalement impossibles à l’instant T, les doutes sur la possibilité de jouer tous les week-ends, tant d’un point de vue météorologique que sanitaire, les rendent difficile à instaurer à l’avance. D’autant plus que si une nouvelle pause des championnats devait advenir, elle empêcherait tout retour en arrière et les instances seraient bien embêtées de se dédire pour refuser à une équipe ayant assuré sa place en barrage la possibilité de défendre sa chance de montée, quelques semaines après la lui avoir octroyé.
Une phase aller seule, déterminant montées et descentes, est donc certainement celle de la sûreté, de la prudence. Mais elle n’est pas non plus sans inconvénients. Bien sur, elle permettrait de reprendre du rythme de façon plus progressive, en ne reprenant pas nécessairement dès la première semaine de février, par exemple, d’abord peut-être à un rythme pas trop soutenu. Elle pourrait également permettre, en cas de force majeure, d’arrêter le championnat prématurément en posant moins de soucis quant aux règles de montées et de descentes. Enfin, en n’occupant que 7 des 18 créneaux disponibles pour les équipes de R1 et R2, cela laisserait une chance de placer les tours prochains de Coupe de France. Pour autant, même si le rythme de reprise est ralenti, on ne peut imaginer qu’il y ait beaucoup plus de 4 à 6 matchs à disputer à partir d’avril selon la division. Ce qui, en 10 week-ends, fait relativement peu.
Même si notre raisonnement, ainsi que la décision de la semaine de la part du gouvernement de prendre le moins de risque possible avec le sport amateur nous fait pencher vers la dernière solution, celle de la prudence, comme la saison dernière, et même plus vu le choix des solutions, c’est un casse-tête insoluble entre des options présentant toutes de nettes faiblesses auxquelles les instances sont confrontées. En sachant très bien d’une part que le futur leur donnera peut-être tort, tant la situation est imprévisible, d’autre part qu’elles feront nécessairement des mécontents. Une situation bien peu enviable qui nous invite, cette fois-ci, à la clémence à leur égard.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports