Malgré un contenu plutôt cohérent, l’AC Amiens s’est incliné, 1-2, contre Boulogne (b), faute d’efficacité dans les deux zones dangereuses.
Si la rencontre présentait moins d’intensité dans les duels, l’AC Amiens réalisait une première mi-temps dont le scénario ressemblait beaucoup à celle du derby contre l’Amiens SC (b). Soit une première demi-heure plutôt de qualité dans la construction mais inoffensive face au but, la faute à des mauvais choix ou à des difficultés techniques dans la dernière passe ou le dernier crochet. Dans le même temps, les Boulonnais profitaient des quelques erreurs ou de quelques espaces pour mettre Banaziak à contribution à 3 reprises, de façon crescendo : d’abord sur une frappe dans les bras du portier amiénois de Navet (4′), puis sur un tir trop écrasé de Diomande (8′) et enfin sur un face-à-face avec Bongo, bien lancé en profondeur (15′).
L’ACA craque et perd le fil
Finalement, à force d’échouer à mettre en danger le dernier rempart des visiteurs, le seul ballon dont il ait à se méfier étant une tentative de lob sur un coup-franc joué rapidement par Martinez, mais finalement dans les gants de Dufaut (34′), les Amiénois s’exposaient à être punis. Si la sanction ne tombait pas sur un ciseau de Diomande suite à une remise de Bongo (35′), une erreur d’alignement d’Héloïse offrait l’occasion à Mawungu de s’infiltrer pour servir Bongo qui ne se gênait pas pour pousser le ballon dans le but, malgré une déviation insuffisante de Martinez (0-1, 36′).
Et, quoi que de façon une peu moins prononcée, comme contre l’ASC (b), ce but semblait couper les jambes des hommes d’Azouz Hamdane. Les visiteurs se procuraient ainsi trois énormes occasions en 10 minutes. D’abord sur coup-franc direct, lorsque Pierret obligeait Banaziak à la claquette (39′), puis sur corner quand Banaziak, trop court, laissait le ballon arriver au second poteau sur Hainaut dont la tête frôlait la barre (40′), et enfin dans le jeu, après que Bonga a effacé Héloïse puis Martinez et dans un angle pourtant fermé, trouve justement le côté ouvert et oblige Banaziak à une superbe parade (45′).
Amiens revient dans le match… avant de perdre le contact
Pourtant, malgré ce moment difficile, les Amiénois se procuraient une première opportunité lorsque, sur un centre en retrait de Jeno, Despois frappait et cadrait, mais trop mollement pour mettre hors de position Dufaut (45’+1). Et semblaient reprendre leur marche en avant à la reprise. Mais avec de nouveau trop de maladresse pour convertir ces positions en occasions, le paroxysme étant atteint lorsque Camara, en très bonne position dans la surface sur corner, ne parvenait pas à reprendre correctement le ballon et faisait finalement une passe dans les bras du portier visiteur (53′). Et au fur et à mesure, les positions s’inversaient, les Boulonnais prenant place dans le camp amiénois, sans se montrer plus dangereux, notamment grâce à Jeno et Torvic au milieu de terrain coupant bien les trajectoires mais aussi à plus de densité dans l’axe de la défense.
Las, c’est un coup de pied arrêté qui devait mettre un coup de massue aux joueurs d’Azouz Hamdane. Sur un corner bien tiré par Traoré, Diomande était un peu trop seul et pouvait placer sa tête pour crucifier Banaziak (0-2, 63′). Cette fois-ci, néanmoins, la réaction des Amiénois était meilleure et après une nouvelle frayeur sur une belle frappe de Coppin aux 20 mètres bien prises par Banaziak (65′), les Amiénois emballaient le match, quitte à laisser des espaces, bien aidés par l’entrée salvatrice de Pierre Slidja, enfin de retour.
Une fin de match débridée, l’ACA trop court
Les deux équipes se rendaient alors coup pour coup, en témoignait ce corner qu’effleurait seulement le crâne d’Héloïse, avant que le ballon ne se retrouve à l’autre bout du terrain pour un retour dans les pieds salvateurs de Siradjidini sur Traoré (68′). À l’inverse, une tête juste au-dessus de Chmiti était suivie dans la foulée d’un raid de Slidja qui aurait bien pu se concrétiser par un pénalty. Sur le coup-franc finalement accordé, Boukhelifa trouvait Despois à l’entrée de la surface pour une frappe qui ne passait pas loin de la barre (72′). Et si Banaziak était encore mis à contribution par Mawungu (75′), ce sont les Amiénois qui se procuraient une énorme occasion quelques minutes plus tard.
Kwinta débordait en effet sur son côté droit puis, faute de solution, tentait sa chance dans un angle fermé. Son petit ballon piqué surprenait bien la vigilance de Dufaut mais était dégagé in extremis par Oyono Omva Torque sur sa ligne. Mais le ballon revenait sur Jeno qui frappait, la ballon n’était alors que repoussé par Dufaut, dans les pieds de Despois qui butait encore une fois sur le portier boulonnais (79′) ! Les Amiénois semblaient condamner à ne pas y arriver et les tentatives suivantes moins précises, ne permettaient pas de mettre en danger Dufaut. Jusqu’à ce que Jeno s’infiltre dans la défense et serve subtilement Slidja qui décochait une sublime frappe dans la lucarne (1-2, 90’+4). Trop tard pensait-on à cet instant. Jusqu’à cette ultime occasion en or pour Héloïse de se racheter de sa bévue en première mi-temps. Seul dans la surface de réparation, il mettait pourtant sa tête à côté du but (90’+5) ce qui scellait la défaite des siens.
Une équipe « en plein doute »
Si à la suite du derby, il cherchait à ressortir les points positifs, Azouz Hamdane ne pouvait pas cacher, à l’issue de la rencontre cette « période très compliquée » vécue par son équipe même si « tout n’est pas à jeter non plus dans ce match ». Ainsi, si ses joueurs ont « été là où [il] les attendait », Azouz Hamdane pointait une équipe « en plein doute. Et quand on est en plein doute, on fait les choses assez maladroitement », notamment « dans les 30 derniers mètres » où son équipe « a un gros souci ». Si le technicien amiénois pointait le fait que le retour en forme de Slidja serait notamment décisif de ce point de vue (« Quand Pierre est entré, il a résolu pas mal de soucis. Il va falloir continuer, essayer de le faire revenir à son meilleur niveau athlétique pour le retrouver »), il soulignait également que le problème n’était pas uniquement et même pas principalement un problème de qualité individuelle : « J’ai de très bons joueurs, ce n’est pas leur qualité qui est à remettre en cause. C’est le manque de cohésion que je constate. »
Soulignant l’« énorme match » de Torvic, mais aussi le « très bon match » de Jeno, entré rapidement en jeu pour remplacer Villier, touché, Azouz Hamdane défendait par ailleurs ses choix forts sur cette rencontre et en profitait pour avertir certains de ses joueurs : « Je prends mes décisions sans état d’âme, sans regret, je suis même très content de les avoir prises. Il ne faut pas que le résultat vienne ternir les décisions que j’ai prises parce que les joueurs ont été plus dans ce que je recherche. Maintenant, il leur faudra du temps. Malheureusement, ils arrivent dans une période où l’on n’en a pas beaucoup. Mais il ne faut pas être trop dur parce qu’ils ont fait ce que je demandais. Et puis, les joueurs que je n’ai pas pris, il va falloir qu’ils se remettent dans le projet, la tête à l’endroit parce qu’en plus de se pénaliser eux, ils sont en train de nous pénaliser nous. Depuis le début de saison, je les mets en garde. Le problème, c’est que quand on parle et qu’il n’y a pas d’acte en lien avec les mots, les joueurs n’ont pas l’impression qu’ils sont en danger. »
Un discours qui porte les deux points centraux du discours du coach amiénois. D’une part, l’idée que les solutions sont « surtout sur le plan mental, sur comment les joueurs s’impliquent dans le projet parce que c’est ce qui m’inquiète le plus » et donc la volonté de « trouver les mots pour remettre le cerveau de mes joueurs à l’endroit ». D’autre part la question du temps que cela va mettre pour revenir. Si Azouz Hamdane est persuadé que « cela va venir avec le temps », il ne peut garantir que cela viendra vite : « C’est un travail de fourmi, la confiance se perd par tonne de sable et se gagne grain par grain. » En attendant, « il faut surtout rester calmes, lucides et continuer à bosser. »
AC Amiens – Boulogne (b) : 1-2 (0-1)
Buts : Bongo Be Ondo Be (36′), Diomande (63′) pour Boulogne ; Slidja (90’+4)
AC Amiens : Banaziak – Martinez, Héloïse, Binet, Siradjidini – Villier, Torvic – Kwinta, Despois, Motuta – Camara
Entrants : Jeno, Boukhelifa, Slidja
Morgan Chaumier
Crédit photos : Leandre Leber – Gazettesports