Retrouvez la seconde partie de notre entretien avec Ryan Jouanneau qui vient nous parler plus précisément de sa discipline.
L’objectif de maintien cette année te parait-il cohérent vis-à-vis du collectif ?
Pour moi ça l’est, après en étant totalement objectif, avec l’effectif, le niveau des joueurs, les athlètes et la vitesse que l’on a, même la cohésion au sein de l’effectif, je pense que le maintien est un objectif relativement bas. Je pense qu’on pourrait viser un premier tour de play-offs et une fois que l’on y serait, prendre du match par match et essayer d’aller le plus loin possible. Et puis de toute façon ça va dans notre mentalité, on n’est pas juste des mecs qui ont envie de se maintenir et de stagner, on veut toujours aller plus loin et être le plus compétitif possible.
L’effectif des Spartiates semble évoluer régulièrement au fil des saisons, penses-tu que cela peut amener des difficultés d’adaptation ?
J’aurais tendance à dire que ça se fait plutôt pas mal parce qu’on a un bon groupe qui est là depuis quelques années. En dehors des recrutements il y a quelques anciens qui restent et qui arrivent à mettre les bases de l’équipe. On a aussi pas mal de jeunes, comme moi, qui ont vécu la montée et qui sommes maintenant des piliers de l’équipe, qui arrivent à faire un parallèle entre les gars qui sont là depuis 15-20 ans et les tout jeunes qui viennent de monter. Ça fait un juste milieu entre les anciens qui sont un peu là pour mettre les coups de pression, pour diriger et mettre la rigueur, nous qui sommes au milieu et derrière les jeunes qui sont tout foufous, qui vont vouloir aller dans tous les sens.
Est-ce que c’est aussi un projet d’intégrer les collectifs jeunes et de pointer particulièrement sur la formation ?
C’est forcément un objectif d’avoir une bonne transition entre les sections jeunes, l’équipe B « développement » et l’Élite, le but étant d’avoir le plus possible des jeunes qui transfèrent vers l’Élite. Pareil avec les gars de la B qui peuvent être bien formés six mois, et qu’au terme de ces six mois ils soient capables de prendre des répétitions d’Élite ou au moins de donner du temps aux anciens pour qu’ils puissent respirer un peu. Le but c’est d’avoir le plus possible de ces gars, que ce soit les jeunes ou les nouveaux de l’équipe « développement », qui soient intégrés sur l’équipe Élite.
On garde la partie brute du foot us, mais on essaye aussi d’apporter une petite ambiance un peu fun, que ce soit en tribunes ou sur le terrain
Ryan Jouanneau
Pour parler du foot us en général, beaucoup diraient que c’est du spectacle plus que du sport. Est-ce qu’en France il y a cette même intensité sur le côté « show » que l’on peut trouver outre Atlantique ?
Majoritairement je dirais que non parce que je sais que, pour moi en tout cas, l’important reste de former les gars pour qu’ils aient de bonnes bases techniques et stratégiques avant d’être capables de faire l’ambiance etc. Après c’est difficile de se séparer de cette image de « sport spectacle » puisque les gens qui viennent nous voir veulent voir des gros plaquages, des grosses courses… Et ce sont des choses qui peuvent venir : si les gars sont bien formés, on va avoir des gros plaquages et ils vont être capables de faire des grosses courses ! Mais c’est comme pour n’importe quel autre sport, on ne peut pas comparer ce qu’il se passe en France, même dans le haut niveau français, ce n’est pas encore les États-Unis. Par exemple tu ne pourrais pas comparer une compétition d’athlétisme en France, à Usain Bolt qui va faire un 100m en moins de dix secondes.
On garde la partie brute du foot us, mais on essaye aussi d’apporter une petite ambiance un peu fun, que ce soit en tribunes ou sur le terrain pour qu’on ne se retrouve pas qu’avec un truc super monotone.
Le fait d’avoir une saison très courte et condensée, est-ce une motivation à se donner à 300% sur chaque match ?
Nous on prend match par match en se disant “ce match il faut que l’on essaye de le gagner, on verra ensuite”, on n’essaye pas de voir sur du très long terme. Dix matchs pour quelqu’un qui fait du soccer par exemple ça parait super court, mais nous comme on les enchaine sur moins de six mois et qu’il y a toujours de gros contacts, pour l’avoir vécu plusieurs fois, les dix matchs il faut quand même réussir à les tenir. Pour nous dix matchs minimums, plus les play-offs si on fait une bonne saison, ça parait super long. On aime être sur le terrain, mais une saison de foot us, c’est vraiment intense ! Je sais que la plupart des gars à la fin, même si on est contents d’avoir fait une bonne saison, on est aussi contents d’avoir une pause et de se dire qu’on va pouvoir souffler un mois ou deux pour reprendre l’année prochaine.
Même si la saison ne démarre qu’en février, les entrainements reprennent dès septembre alors on se retrouve déjà avec six mois de préparation.
Comment se déroule un entrainement de foot us une fois ces six mois terminés ?
Un entrainement type commence par une quinzaine de minutes d’échauffement, ensuite on aborde les phases d’équipe spéciale : les coups de pieds, les retours de coups de pieds, les dégagements… Vient après une période d’individuel par poste, puis on sépare l’attaque de la défense pour faire les stratégies en adaptant par rapport à l’adversaire que l’on va rencontrer ensuite. Après ça on fait une petite opposition avec par exemple l’attaque qui va rouler les jeux de l’attaque adverse que l’on va affronter, et inversement la défense qui roulerait la défense adverse.
Même si ça dure deux heures, nous on ne voit pas vraiment le temps passer. Une fois que tu es sur le terrain, qu’il pleuve ou qu’il neige, tu ne t’en rends pas trop compte.
Ryan Jouanneau
Au contraire, comment tient-on un match qui, sur le papier ne dure que 48 minutes, durant près de trois heures ?
Une fois qu’on est dedans, on ne se rend pas compte de la longueur d’un match. Quand tu es dans un match serré, que tu vas jouer à fond, le temps va passer très vite ! À partir du moment où tu t’investis dans un truc, peu importe ce que c’est, ça passe beaucoup plus vite que si tu es juste là en tant que spectateur. Pour le coup on est contents qu’il y ait des petites pauses dans le match parce qu’on est vite cuits, mais je ne pense pas que ce soit long. Évidemment il y a des matchs qui sont forcément un peu plus longs parce que le rythme de la partie fait que c’est un peu plus saccadé, mais une fois dedans, les actions passent super vite, ça s’enchaine très rapidement ! Les rotations entre deux escouades sont également très rapides, donc même si ça dure deux heures, nous on ne voit pas vraiment le temps passer. Une fois que tu es sur le terrain, qu’il pleuve ou qu’il neige, tu ne t’en rends pas trop compte.
Votre calendrier vous permet d’enchainer trois matchs à domicile dès l’ouverture de la saison, pense-tu que c’est un calendrier qui vous est favorable ?
Forcément on aurait aimé avoir peut-être un peu plus de matchs à domicile sur la « belle saison », après personnellement ça ne me pose pas de problème. Évidemment c’est toujours un avantage d’être sur son terrain et d’avoir nos supporters, mais à partir du moment où on est bien préparé et que l’on fait le taff, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, ça ne fait pas une grande différence, c’est nous qui devons faire la différence.
Il peut être d’opinion commune que le football américain est un sport intense et très axé sur le contact physique. Comment parvient-on à enlever cette image du foot us ?
Ce que je dis souvent c’est qu’il ne faut pas se fier à ce que l’on voit à la télé ou aux États-Unis déjà. Il y a une très grosse différence et en plus on parle souvent de la commotion au foot us, mais pour moi ce n’est pas plus dangereux de faire ce sport plutôt qu’un autre. Chaque sport a ses blessures types : dans le soccer par exemple, un joueur qui se fait les ligaments croisés on va en voir toutes les deux semaines ; tandis que nous des commotions dans l’équipe on en a peut-être une par an, ce n’est pas un truc de fou. Et puis il y a des stades de commotion, on ne va pas forcément finir dans un fauteuil à cause de ça. C’est assez bête à dire, mais des blessures on n’en a pas à tous les matchs et ça reste des choses légères, c’est vraiment un stéréotype. À partir du moment où un sport est pratiqué dans de bonnes conditions, tu te mets beaucoup en sécurité.
Lors du dernier match face aux Vikings de Villeneuve d’Ascq, le public a répondu présent. Dirais-tu que c’est quelque chose qui a toujours été depuis ton arrivée chez les Spartiates ?
Franchement, on a la chance d’avoir un bon noyau de supporters. La tribune est souvent remplie, même si forcément en hiver il y a un peu moins de monde qu’en été quand il fait beau, mais je pense que c’est partout pareil dans n’importe quelle discipline en extérieur. On a vraiment la chance d’avoir souvent pas mal de monde, évidemment nous quand on est sur le terrain on aimerait qu’il y ait toujours plus de monde, plus de bruit, mais on n’a pas à se plaindre : on a la chance d’avoir notre terrain, une tribune couverte, des gens qui sont là à tous les matchs.
Un mot à ajouter ?
Je voulais juste remercier les gars qui font l’effort de bosser aux Spartiates toute la saison, remercier l’Arène Cross Fit avec qui je m’entraine en dehors de ça et faire un bisou à tous mes copains.
Propos recueillis par Océane KRONEK
Crédits photos : Kevin Devigne – Gazettesports.fr