À l’occasion du Grand Prix de la Ligue 2019 qui s’est joué à Querrieu ce weekend, nous sommes allés en apprendre plus sur le Golf Club d’Amiens auprès de son président, Michel Van Poperinghe.
Bonjour, pour commencer, en quelle année a été fondé le club de golf d’Amiens ?
Tout d’abord nous ne sommes pas un club mais une association sportive, ce qui explique que le golf amiénois ne soit pas très connu. Ce club a été fondé en 1925, déclaré association sportive la même année. Il a été abandonné pendant la guerre puis repris en 1952 par l’ancien président qui a gardé le poste pendant une trentaine d’années. Le club est parti de 9 trous et a évolué sur 18 trous en 1976 en se basant sur les revenus de l’association. Avec le paiement des cotisations on arrive à agrandir le terrain, à le cultiver (parce qu’il faut payer les jardiniers). On a aussi pu construire le club house avec ces revenus associatifs.
Depuis combien d’années êtes-vous à la tête du club ?
Cette saison était ma septième année de présidence, après avoir été vice-président pendant 30 ans. Je suis au club depuis 1978.
Sur quelle période de l’année se déroule une saison de golf ?
Généralement la saison débute fin mars / début avril, selon la météo. Mais notre calendrier propose des compétitions individuelles en club pratiquement chaque weekend où s’inscrivent entre 80 et 120 personnes.
Votre terrain s’est donc étendu une première fois en passant de 9 à 18 trous, est-ce que ce serait un objectif de l’agrandir davantage ?
Des golfs de la région ont 27 ou 36 trous, nous on en a 18 mais on est aussi limités au nombre de membres. Le mieux est d’être aux environs de 500 mais souvent on est plutôt à 480 parce que la région amiénoise ne s’étend pas beaucoup, ce qui complique le recrutement. C’est pour cette raison qu’on s’attache à avoir un terrain de bonne qualité qui fait venir du beau monde comme aujourd’hui. Pour le Grand Prix on a eu des personnes de toute la France (Touraine, région parisienne…).
Nos concurrents ne sont pas chez Salouël, mais plutôt au Touquet ou à Belle Dune, vraiment sur la côte. Parce que quand on est golfeur et qu’on a joué toute la semaine à Amiens, on peut prendre sa voiture pour une heure de route et monter jusque sur la côte pour jouer au golf le weekend avant de retourner au travail le lundi. La seule concurrence qu’on pourrait avoir avec Salouël serait par rapport aux « très vieux » comme moi qui ne font plus que 9 trous et préfèrent donc partir là-bas parce que c’est un peu moins cher.
Comment se passe la proximité avec le club de Salouel ? ?
Ça ne nous bloque pas au contraire, on est complémentaires l’un avec l’autre. Leur terrain possède 9 trous donc souvent il y a un passage des plus jeunes de Salouël qui sont formés là-bas et viennent chez nous. Ce changement de club est en parti dû au classement de nos équipes qui sont toutes en première division nationale. Il faut savoir que dans chaque division il y a 16 clubs pour 700 clubs de golf en France : nos équipes font donc partie des 16 meilleures de France, aussi bien pour les dames que pour les messieurs.
Comment sont divisées vos différentes catégories ?
Il y a d’abord les jeunes comme dans tous les sports (U12, U14…), entre 18 et 30 ans ce sont les sportifs « adultes ». Ensuite on a des catégories mid-amateurs (à partir de 30 ans), puis viennent les séniors à partir de 50 ans. L’avantage du golf c’est qu’on peut jouer aussi bien en jeune qu’en vieux ou en dames et messieurs. Notre joueur le plus âgé qui joue encore régulièrement a 96 ans, moi-même je joue très souvent avec un de mes meilleurs amis qui a maintenant 85 ans et toujours à vitesse rapide. L’avantage aussi c’est qu’on peut jouer en couple également.
On accueille les enfants dès le plus jeune âge, à partir de 5 ans dans un genre de babyclub. On a une école de golf où il y a maintenant 65 enfants, je pense qu’il doit aussi y en avoir une quarantaine à Salouël donc ça fait une centaine de jeunes qui apprennent le golf dans la région.
Votre discipline souffre-t-elle de son manque de médiatisation ?
À ma place de président et même de vice-président j’ai essayé de faire travailler les médias et tout ce qui va avec. Il y a cinq ans par exemple on a fait les championnats de France des -17 ans et parmi eux il y avait deux équipes (16 joueurs) qui venaient de La Réunion. Ce qui s’est passé c’est que ces gamins sont venus avec leurs parents et donc il a fallu loger tout ce monde : ça a fait vivre Amiens et ses environs. Tout à l’heure j’ai vu une dame de Limère (ndlr : club autour d’Orléans) qui est venue il y a dix jours pour reconnaitre le terrain et jouer le weekend. Eux aussi il a fallu qu’ils soient logés quelque part donc ça contribue aussi à la vie de la métropole et peu de médias se rendent compte de tout ça.
Cet été on a fait le premier programme international d’Amiens qui s’est fait en partenariat avec les groupes d’hôtels d’Amiens. Ça a été une compétition de prestige plus que sportive, mais c’est le genre d’évènements qui contribue à faire vivre et connaitre le club. Mais on a toujours beaucoup de difficultés à avoir des retombées médiatiques : dans les journaux Amiénois par exemple, sur 25 pages je vais en avoir trois de turf, ensuite deux ou trois sur les décès et avis mortuaires, viennent après ça six pages de sport dont quatre et demies consacrées au foot, avec un petit carré pour le hockey sur gazon parce que c’est sympa, pas mal de hockey sur glace ; mais nous malgré notre palmarès, on ne parle pas de nous.
Le golf n’est plus un sport réservé aux gens « qui ont du fric », c’est fini ce temps-là. Nous on a par exemple un tarif très raisonnable contrairement aux grands clubs parisiens où vous ne voyez que des Ferrari ou des Aston Martin garées sur le parking. Nous maintenant on a des camionnettes et des vieilles voitures devant chez nous ! 1.600€ à l’année pour un individu seul ce n’est pas énorme : quand on va aux sports d’hiver en comparaison, il y en a vite pour 1.500€ la semaine ; ici c’est pour la saison.
Quelques résultats du Grand Prix
Les golfeurs se sont succédés pendant deux jours par groupe de trois sur les 18 parcours de Querrieu, chacun exposant ses qualités sur les différents trous proposés par le club. Sur le côté compétition, la première place messieurs a été remportée par Alexis Leray (Chantilly) qui, par la même occasion, a égalé le record du parcours au Tour 2 (65) datant de 2012. La première place dames a été accrochée par l’Amiénoise Carole Danten-Azfi, et chez les pro la victoire revient à Bruno Petit (golf de Bondues).
La prochaine édition du Grand Prix de la Ligue se déroulera dans le Pas-de-Calais l’année prochaine.
Océane Kronek
Crédits photos : Léandre Leber – Gazettesports.fr