BASKET-BALL : Stéphane Noé : « On a une mission a remplir »

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A la veille du début de la saison, Stéphane Noé nouvel entraîneur de l’équipe fanion de l’ESCLAMS est revenu pour nous sur son parcours, et nous a parlé de l’inter-saison et du recrutement. 

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Stéphane Noé, chargé de missions au rectorat d’Amiens, professeur et entraîneur à Longueau depuis quatre ans. J’ai entraîné les féminines pendant trois saisons puis la réserve l’année dernière et cette saison donc l’équipe première.

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Pourquoi avoir décidé d’accepter cette “promotion” ?

C’était dans les tuyaux depuis quelque temps. J’avais été nommé assistant l’année dernière du premier entraîneur, puis finalement cela ne s’était pas fait. J’ai alors pris l’équipe réserve en cours de saison. Le président pensait et pense sans doute que je peux faire quelque chose. Il m’a proposé de prendre l’équipe au départ en N3 puisque l’on devait descendre puis finalement en N2. J’ai accepté mais je voulais être accompagné de quelqu’un qui a l’expérience et c’est pour cela que Jean Marc Bouthors (ndlr : assistant coach) nous a rejoint. C’est donc naturellement que j’ai accepté ce challenge.  

Pour revenir sur votre place d’assistant l’année dernière, comme avez-vous vécu finalement cette non-nomination ?

Je devais au départ être assistant de Romain Barrody mais pour des raisons que l’on connaît il n’a pas pu continuer sa mission, Leila Mahaleine est alors arrivée. Mais rapidement elle a exposé le souhait de travailler seule, ce qui n’était pas une question de personnes mais un souhait dans sa façon de travailler. Je me suis alors remis au service du club car le plus important c’est l’association. Il n’y a rien de plus important que les gens qui font le club, les bénévoles ou les jeunes du club. Être entraîneur de l’équipe A, B ou C ce n’est pas important, ce qui compte c’est de remplir une mission dans l’intérêt du club. Lorsque Leila a été coupée, Liam Michel a été promu en équipe première et j’ai donc basculé sur l’équipe réserve. J’ai rempli cette mission avec grand plaisir et avec un groupe très sympa. 

La saison dernière en tant que coach principal et ce titre en pré-national vous ont apporté de la “légitimité” par rapport au président et au groupe ? 

Ce n’était pas ma première expérience en tant qu’entraîneur, j’avais déjà entraîné ailleurs en nationale. Légitimité par rapport au groupe je ne sais pas, je voulais avoir la confiance totale du président et je pense que c’est le cas. Est-ce-que j’ai de la légitimité je ne sais pas mais ce n’est pas important et cela ne m’empêchera pas de dormir. Je suis là pour remplir une mission et je vais tout faire pour y parvenir.

« Le plus important c’est le club » 

Vous allez former un binôme avec Jean Marc Bouthors, comment allez-vous fonctionner ?

Sur les entraînements on travaille tous les deux, on se fait des propositions de fonctionnement, de choix, on intervient à deux voix. Après sur les matchs j’interviens plus mais on prend 90% de nos décisions ensemble. On se connaît depuis très longtemps, on partage des valeurs communes en dehors du basket que l’on retrouve dans le basket. Après on a des désaccords mais cela est normal. 

Cet apport de quelqu’un ayant l’expérience de la NM2 était indispensable pour vous ? 

Je pense que premièrement on ne peut pas le faire tout seul. Ensuite moi ce n’est pas mon métier, c’est avant tout une passion et pour Jean Marc c’est la même chose. Moi ce que j’aime profondément c’est mon équipe, mes joueurs. Le faire seul c’était vraiment très compliqué voire inenvisageable pour plein de raisons et je voulais aussi quelqu’un avec qui partager une aventure humaine. Que ce soit dans le staff où on est un duo voir même un trio car il y a aussi Fanny Martin qui a en charge l’équipe réserve. On travaille vraiment à trois sur tous les choix et toutes les options. C’est une première à Longueau, l’année dernière il n’y avait pas d’échange entre l’équipe réserve et première. L’accès des joueurs de l’équipe réserve vers la première était pour diverses raisons impossible. Tous les joueurs n’avaient pas forcément le niveau pour jouer en N2 mais quand on veut faire progresser les gens on les met dans les meilleures conditions. S’entraîner avec des joueurs meilleurs te fait progresser plus rapidement. On a des jeunes et il est important de les faire grandir, c’est l’objectif cette saison. Cela va prendre du temps, on ne va pas mettre demain un jeune de 17 ans qui sort de cadet sur le parquet en N2, on va avancer tranquillement. Il y aura déjà des jeunes qui vont occuper une place importante en équipe réserve, ils font partie du groupe à l’entraînement et pourquoi pas dans la saison leur donner leur chance en N2.

Avez-vous choisi l’ensemble du groupe ? 

Oui, on a choisi tous les joueurs, que ce soit ceux qui sont restés ou ceux qui sont arrivés. Jean Marc a un énorme réseau, il a fait des propositions, on a discuté, on a passé du temps et fait des paris. On a recruté jeune puisque notre recrue la plus âgé a 25 ans, on a aussi gardé jeune. On a essayé de prendre des joueurs qui ont le potentiel pour s’installer ici et qui sont complémentaires au maximum. On a aussi misé sur des recrues “locales” que ce soit en équipe première avec Théo qui est formé à Saint-Quentin ou en équipe réserve. Notre objectif dans l’avenir est de valoriser la formation picarde et plus précisément notre formation. On se doit de pouvoir mettre sur le terrain des joueurs issus du club et qui ont une fibre pour le maillot. 

Le président avait parlé de s’appuyer sur une base de la saison dernière, vous n’avez finalement gardé que deux joueurs, pourquoi ? 

C’est un choix de notre part. On avait envisagé un autre joueur mais il a préféré partir. Après parmi les joueurs qui ont participé à la montée en N2, il n’en restait plus beaucoup l’année dernière. Certains artisans de la montée étaient déjà partis, ensuite en cours de saison Salmane est lui aussi parti. Finalement il ne restait que trois joueurs qui ont participé à la montée que l’on n’a pas conservés. Henri Kahudi et Assim Branly qui ne font donc pas partie du voyage aujourd’hui et Jessy Kangaba qui n’a pas souhaité rester. 

Pensez-vous être un peu juste au niveau du banc, surtout en cas de blessures ? 

Si, ma principale activité du matin en allant au travail et du brûler un cierge à la cathédrale (rire). Évidemment si j’avais pu recruter trois ou quatre joueurs en plus je les aurais pris avec plaisir même si en gérer autant ce n’est pas forcément évident et on l’a vu l’année dernière. Après on le savait dès le départ quand on a accepté le maintien en N2 qu’il y aurait des restrictions et notamment dans le nombre de joueurs. Pour démarrer, on va s’appuyer sur les deux anciens, et je ne dis pas ça de façon péjorative, que sont Rémy Bexant et Maxime Hure qui sont les artisans de titre mais aussi d’une vraie dynamique au sein du club. Ensuite on s’appuiera sur deux-trois jeunes que l’on espère amener doucement vers l’équipe première. Il faut qu’aujourd’hui les jeunes du club aient à l’esprit que l’équipe première est accessible et qu’ils peuvent jouer, c’est l’un de nos objectifs. Il y a plein de raison à cela comme le fait que si on n’a rien à leur proposer on perd nos jeunes et, en plus de cela, faire venir des joueurs demande beaucoup d’investissement. On a modifié des choses dans le recrutement, on va voir si cela paye ou non. 

« Il n’y a pas de vedettes mais une équipe »

Vous êtes globalement satisfait de votre effectif ? 

J’ai toujours fonctionné comme ça en tant qu’entraîneur, je me satisfais des joueurs qui sont à ma disposition. Je ne vais pas aller pleurer toutes les semaines au président en lui réclamant des joueurs. S’il juge qu’il manque un joueur et qui peut le faire, il le fera. J’ai un groupe très sympa avec de très bons mecs qui ont des valeurs, ce qui était important dans notre recrutement. Je vais m’appuyer sur les joueurs présents pour remplir nos objectifs. 

Quel est l’objectif justement cette saison ? 

L’objectif est simple, se maintenir en NM2, après si on peut jouer les play-offs bien sûr on ne s’en privera pas. 

La communication avec Aziz (il est américain) n’est pas trop compliquée, son adaptation se passe bien ? 

C’est un peu compliqué car Aziz est arrivé en décalage par rapport aux autres, ça ne fait que deux semaines qu’il est avec nous, c’est un peu juste pour dire qu’il est totalement intégré car les autres ont travaillé pendant son absence. Après son adaptation se passe bien, on est là pour parler basket et c’est un langage universel voir plutôt anglophone donc sur ce point-là il n’y a pas trop de soucis. Ensuite je pourrais dire que je suis bilingue mais ce n’est pas le cas mais Jean Marc et certains joueurs se débrouillent très bien en Anglais donc on s’en sort. Après ça lui demande beaucoup d’efforts de son côté car l’objectif est qu’il parle français. En tout cas c’est un basketteur qui a envie de continuer d’apprendre, un garçon très charmant. On espère qu’il s’intègre le plus vite possible pour aider l’équipe. Pour le moment en tout cas de ce que l’on voit on a fait de bonnes pioches sur le recrutement.

Quels sont vos principes de jeu et qu’est-ce-que vous voulez mettre en place ? 

On veut avant tout défendre, se battre du début à la fin, courir, donner du plaisir, bien vivre et partager le ballon. Pour ça il faut que les joueurs partagent pleins de choses et après on partagera naturellement le ballon. On ne doit pas avoir de joueurs qui monopolisent le ballon mais on doit le faire vivre et le partager. Il n’y a pas de vedettes mais un groupe. Ensuite des principes de jeu classiques au haut niveau, mettre le plus de panier et en encaisser le moins possible. 

Comment vous définiriez-vous comme entraîneur ? 

Je dirais passionné, j’aime mes joueurs, rigoureux et exigeant. Je suis très exigeant, le détail est essentiel et je suis très attentif à cela. Si je veux que l’on mette le pied à un endroit il faut le mettre à cet endroit, je peux avoir tort ce n’est pas grave je l’assume mais je veux de la rigueur.  

En parlant de rigueur, quand on vous observe travailler, on a vraiment l’impression que c’est quelque chose qui vous “obnubile” ? 

Oui, il faut avoir de la rigueur à l’entraînement pour en avoir en match et je pense que c’est un domaine essentiel dans notre société tout court. Sur le terrain si on est rigoureux, on n’aura rien à se reprocher. On fonctionne de la même façon avec Jean Marc et même Fanny avec l’équipe réserve. Les joueurs ont ça dans la tête et ça fait partie de leur habitude. Depuis le début de saison on n’a eu aucun retard à l’entraînement, c’est l’exigence et la rigueur. Par contre ça veut dire que l’on doit montrer l’exemple. 

Avoir une équipe en N2 et en N3 était vraiment impossible pour le club ? 

L’équipe réserve a gagné le droit d’évoluer en N3 la saison dernière maintenant certains artisans du titre n’allaient plus évoluer avec cette équipe. Je pense à Baptiste Noé qui a rejoint l’équipe première, Thomas Divol qui arrête, Valentin Rode qui a rejoint l’ASBB et la possibilité pour Rémy Bexant et Maxime Hure de venir prêter main-forte à l’équipe première. La première question était donc est-ce-que sportivement la réserve pouvait évoluer à ce niveau ? Ensuite au niveau des structures du club, ça demandait de nombreux efforts et notamment financiers qu’il n’était pas possibles d’assumer. 

Entraîner votre fils c’est quelque chose de spécial ? 

J’avais déjà entraîné ma fille auparavant et j’entraînais déjà mon fils la saison dernière. Ce n’était pas prévu au départ, ça fait des discussions parfois à la maison le soir. Après je pense être juste par rapport à lui et les autres joueurs. Je n’ai jamais eu de remarques, s’il mérite de jouer il joue sinon il ne joue pas. Il y a parfois une relation plus simple à établir mais avant tout entraîner son fils c’est une superbe aventure. Gagner avec lui l’année dernière c’était génial, après je ne pense pas que ce soit plus difficile de l’entraîner quand les choses sont bien claires. J’essaye de le rendre meilleur mais je n’ai pas d’attention particulière et je suis même parfois plus dur avec lui. Pour le moment tout se passe bien mais on n’est pas à l’abri d’un clash, en tout cas il sait pourquoi il est là. Il est passé par un centre de formation, il a fait de bonnes choses l’année dernière et comme tout joueur il peut jouer ou ne pas jouer. 

Vous avez fait des matchs amicaux que contre des N3 pourquoi ? 

On a un peu subi les matchs amicaux car quand on a appris notre maintien en N2 toute les équipes avaient déjà leurs matchs de prévus. On a eu une fenêtre pour un match contre une N2 mais finalement cela ne s’est pas fait. On n’a fait que trois matchs amicaux mais après je ne suis pas fan de faire beaucoup de matchs amicaux et je préfère travailler à la salle.

Aurélien Finet

Crédit Photo : ESCLAMS Officiel -Jean Luc Nehlig et Coralie Sombret Gazettesports

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