À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes 2019, nous avons rencontré Laurence Petit-Dessaint, vice-présidente de l’ONG BPW, qui milite pour l’égalité salariale et professionnelle. Une ONG à l’initiative d’un événement avec l’équipe féminine des Gothiques, qui se déroulera lors du dernier match de la saison des joueuses amiénoises ce samedi 9 mars.
Vous nous parlez aujourd’hui au nom de l’ONG BPW. Quelle est cette organisation ?
BPW est une ONG qui milite pour l’égalité des salaires à travail égal, salaire égal hommes-femmes, et qui milite contre les discriminations faîtes aux femmes. Je suis la vice-présidente de cette organisation.
Vous êtes à l’origine d’une initiative avec les Gothiques féminines, quel est le lien avec votre ONG finalement ?
Nous avions eu l’occasion de rencontrer Cindy Debuquet (ndlr : coache et capitaine de l’équipe féminines des Gothiques), de l’entendre sur son parcours et de voir le manque de visibilité autour de cette équipe féminine de hockey. J’ai donc proposé à l’ONG dont je suis la vice présidente, d’organiser un événement proche de la journée internationale des droits des femmes, car cette équipe mérite d’être soutenue, d’être entendue, parce qu’il y a beaucoup de décalage entre hommes et femmes dans le sport.
Vous réunissez donc plusieurs acteurs du monde de l’entreprise samedi soir lors du match des Gothiques féminines face à Cergy Pontoise?
Oui, on a organisé un événement, on a communiqué autour et on a des entreprises qui ont acheté des places pour venir soutenir cet événement et la cause que l’on défend. Après la rencontre il y aura une discussion avec les joueuses autour de leur parcours, ce qu’elles ont vécu, ce qui manque pour que leur sport soit plus reconnu. L’idée c’est de faire en sorte qu’elles se sentent soutenues. C’est la théorie du colibri, goûtes d’eau par goûtes d’eau on peut remplir l’océan.
La problématique « des femmes dans le sport » est donc un sujet qui vous intéresse ?
Les stéréotypes ont la dent dure
Disons que nous savons qu’il y a des différences assez importantes dans le sport entre hommes et femmes. Tous les sports ne sont pas encore accessibles aux femmes, ou soutenus de la même manière. De toute façon, quand on fait partie d’une minorité quelconque, on doit se faire sa place, ça demande des efforts assez conséquents. La bonne nouvelle c’est au niveau du football féminin, dans ce que j’ai entendu pour la Coupe du Monde qui est organisée en France cette année, il y a déjà plus de 70% des places qui ont été vendues. Mais les stéréotypes ont la dent dure et tant que l’on aura pas des modèles exemplaires et médiatisés (chez les femmes), un certains nombre de freins persisteront.
Il faudrait aussi que les jeunes filles puissent s’identifier à des « modèles féminins » dans le sport ?
S’il y a des résultats féminins ou des manifestations féminines qui sont assez spectaculaires ou médiatisés, ce sont des images qui vont valoir 1000 mots ! Et je crois, comme vous le dîtes à juste titre, que « l’exemple modèle » reste certainement le moyen qui permet de faire évoluer les mentalités et les états d’esprit. Parce que les grands discours c’est bien, mais les gens ont besoin de pouvoir s’identifier pour faire évoluer leurs représentations et leurs croyances. C’est vrai que le foot peut être un super vecteur. Le foot a été considéré il y a quelques années dans les quartiers en difficulté, comme un vecteur d’insertion, ici c’est pareil. Je veux dire, le sport globalement est un vecteur de changement d’esprit, d’état d’esprit qui peut être extrêmement efficace.
Trouvez-vous que les sportives ont conscience de l’importance qu’elles peuvent avoir dans ce qu’elles représentent?
Pour certaines c’est comme si elles découvraient qu’elles pouvaient être un vecteur d’évolution. Elles sont tellement dans leur discipline, elles sont tellement centrées sur leurs résultats, ce qu’on peut comprendre, qu’elles ne voient pas forcément le rôle qu’elles pourraient jouer « en allant plus loin ». Avec l’équipe de Hockey de Cindy on veut aussi leur dire « on peut aussi être là pour vous aider à faire évoluer les mentalités ». De manière générale, il faut éveiller les sportives, les accompagner, mais après, les sportives baignent dans un monde d’hommes, donc elles risquent d’être forcément influencées.
Quentin Ducrocq/Timothée Van Poecke
Crédits photos Laurence Petit Dessaint