Voici quelques jours, le Président de la République Emmanuel Macron a rendu visite aux organisateurs des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Et fidèle à son habitude qui veut qu’il ne manie pas la brosse à reluire, avec un langage qui parfois surprend et dérange, le Président de la République n’y est pas allé par quatre chemins.
Il a simplement déclaré « que la France n’était pas au rendez-vous de l’ambition que ce grand événement 2024 doit avoir pour les quartiers d’Ile de France qui sont les premiers concernés. Donc, on va travailler parce que je ne suis pas content ». Cette déclaration avait été faite à l’occasion d’un débat public avec des élus et associations à Evry-Couronnes dans l’Esonne.
Il est évident que ces propos ont été reçus de plein fouet par l’ancien champion olympique de canoë kayak Tony Estanguet et devenu désormais, le patron du comité olympique français. « Depuis le départ, a-t-il répondu, nous sommes mobilisés pour que les Jeux soient une opportunité ». Dans une long entretien avec le journal l’Equipe, Tony Estanguet avait ajouté « que nous ne faisions pas les fanfarons ».
Une initiative qui peut surprendre
Preuve supplémentaire que beaucoup de choses sont encore à réaliser d’ici ce grand rendez-vous. À commencer par donner des moyens financiers et humains à nos jeunes athlètes qui auront l’honneur de défendre les couleurs de la France en 2024. Alors si l’argent fait défaut, les idées à l’inverse, ne manquent pas. Et la dernière a quand même de quoi, surprendre. En effet, le comité d’organisation a tout simplement décidé que le marathon des Jeux Olympiques de 2024 sera ouvert à tous.
Pour Tony Estanguet, il faut « faire en sorte que les spectateurs deviennent acteurs ». Ainsi, au départ de ce marathon, nous aurons les meilleurs spécialistes africains qui se battront pour approcher les 2 heures et de l’autre côté, une masse d’anonymes dont certains pourraient mettre cinq heures à disputer ces 42km 195, distance normale du marathon dont on rappellera en passant qu’il est pratiqué aux J.O. depuis 1896 et qu’à Athènes, un berger grec Spyridon Louys s’était imposé.
Bref, en caricaturant un peu, nous aurons au départ, un minimum de vrais spécialistes qui viendront chercher une médaille et de l’autre des milliers d’anonymes de tout âge qui viendront eux, pour se faire plaisir et photographier par leurs proches. Soit deux mondes différents même si leur passion commune est identique : la course à pieds. Et nous vient en mémoire cette fameuse phase du Baron Pierre de Coubertin, rénovateur des J.O. « L’essentiel est de participer ».
Un marathon un peu trop ouvert…
Franchement, le véritable esprit des Jeux sera quelque peu dénaturé car nous ne sommes plus en 1924, dernière année qui a vu la France organiser les JO. Les Jeux Olympiques, c’est certes la fête mondiale du sport mais c’est surtout le rendez-vous des plus grands champions qui défilent dans un premier temps derrière le drapeau de leur pays et se livrent totalement pour décrocher le meilleur résultat possible. Ils se sont entraînés très dur, durant des années pour être prêts le Jour J.
Et juste derrière ces champions, nous aurons ces amateurs, ces sportifs du dimanche qui auront eu quant à eux, une préparation beaucoup plus relâchée. C’est d’autant plus surprenant que cette décision émane de Tony Estanguet qui a brillé dans son sport et remporté les plus beaux titres mondiaux dans le canoë kayak.
Peut-être serait-il plus opportun de faire participer tous ces sportifs anonymes la veille même du marathon. Un peu comme cela se passe la veille de Paris-Roubaix lorsque les coureurs amateurs se disputent la victoire dans un critérium qui n’a, évidemment, rien à voir avec la course des pavés. L’idéal olympique mérite plus d’égards. Au comité départemental olympique, trône le vrai drapeau olympique qu’a ramené l’ancienne championne olympique Nawal El Moutawakel.
Et ce drapeau avec les cinq anneaux, est la vraie référence du sport olympique moderne. Même si nous avons une profonde admiration pour Pierre de Coubertin, il est évident que désormais ce qui compte le plus dans le sport de haut niveau, « c’est de gagner avant tout ».
Lionel Herbet