Sur courant alternatif tout au long de la rencontre et bousculés par une équipe de Montataire très attrayante, les Portugais d’Amiens ont arraché le nul en fin de match, 3-3.
S’il y a des motifs de frustration pour les deux camps, les observateurs neutres ont pu assister à un vrai bon match de football. La partie est en effet tout de suite animée, même si les premiers mouvements, à l’image d’un coup-franc flottant au-dessus d’Isambart (6′) ou d’une frappe de Marhdaoui captée sans difficulté par Gningue (7′) sont peu dangereux. Il faut finalement attendre le quart d’heure de jeu pour connaître un premier tournant du match. Isambart perce sur la gauche jusque dans la surface et centre, à ras de terre, juste devant la ligne, pour Da Veiga. Seul à quelques centimètres de la ligne, ce dernier bute tout de même sur le pied du portier isarien (16′). Une action énorme dont on se demande toujours comment elle a pu ne pas faire mouche, même si Benoît Sturbois n’accable pas son attaquant, expliquant que « la balle arrive vite, elle est dure à reprendre. »
Reste que c’est une opportunité « où l’on doit marquer, ce qui nous aurait permis de prendre le jeu à notre compte. » Et c’est finalement plutôt l’inverse qui se produit, avec un net temps faible pour une équipe amiénoise bien prise et qui peine à se sortir de l’emprise de Montataire. Les visiteurs en profitent pour se créer quelques situations, à l’image d’un ballon de Harradi qui passe devant tout le monde en plein cœur de la surface (19′), d’une frappe de Boutebal sur une belle remise dos au jeu déviée en corner par Gningue ou d’une tête décroisée de Sakho qui fuit de peu le cadre sur le corner qui suit (21′). Les Amiénois ont bien une nouvelle grosse situation quand Siradjidini, lancé par Isambart, centre pour Poidevin et Da Veiga au centre, qui ne peuvent ni l’un ni l’autre couper victorieusement pour quelques centimètres (26′).
Et finalement, la pression des Isariens s’accentue, d’abord avec un coup-franc de Lounis sous la barre que Gningue doit sortir d’une claquette (34′), puis avec Harradi lancé dans le dos de la défense qui bute sur la sortie d’un portier local décidément très en forme (36′) et que son coach saluera d’ailleurs après la rencontre : « Demba a fait un match énorme, c’est lui qui nous permet de rester dans la partie. » Mais celui-ci doit finalement s’incliner face à Lounis, bien servi en retrait par Marhdaoui après un débordement sur la gauche (0-1, 40′). Les Portugais reprennent alors enfin le fil du match. Mais la tête de Da Veiga, pourtant servi bien seul au second poteau par un centre de Despois, complètement manquée (45’+1), ni son pied venu coupé au premier poteau un ballon fort de Siradjidini devant le but (45’+3) ne permettent de sauver une première période globalement compliquée, malgré quelques éclairs.
Une réaction, vive mais brève
Mais la réaction entrevue avant de rentrer aux vestiaires se confirme dès l’entame de la deuxième mi-temps. Les Samariens sont très pressants et cela finit par payer. Isambart, lancé sur la gauche, centre vers la surface où se trouvent trois partenaires. Si Despois et Da Veiga laissent le ballon filer au second poteau, c’est pour mieux permettre à Poidevin de finir, d’une frappe sous la barre (1-1, 53′). Dans la foulée, une superbe ressortie de balle collective permet à Coupelle de mettre Despois sur orbite. Ce dernier sert Poidevin qui bute cette fois sur Jraid. Mais qui récupère et retrouve Despois seul au second poteau, qui conclut (2-1, 56′). Un superbe retour au jeu qui fait dire à Benoît Sturbois que si son équipe a globalement « bafoué [son] football », « on a joué 12 minutes dans ce match. On a fait un début de deuxième mi-temps digne de l’équipe habituelle. On a mis le ballon au sol, ça jouait, on doit faire au moins 10 centres. On met 2 buts et c’est mérité. »
Mais juste derrière, patatras. Une action anodine sur laquelle « on doit dégager, on veut garder la balle et on se fait punir sur un coup-franc. » En l’occurrence, joué à ras de terre à deux, vers Ondo qui, entrée de surface, trouve le petit filet opposé d’une frappe millimétrée (2-2, 60′). Sur une perte de balle, Marhdaoui fait déjà passer un frisson chez les Amiénois en s’échappant et en voyant sa tentative frôler la lucarne (70′). Et dans la foulée, c’est un nouveau ballon anodin qui retombe sur Ondo plein axe qui, pas attaqué, peut s’avancer et tromper Gningue d’une frappe le long du poteau (2-3, 72′).
Dès lors, « c’était du hourra football » concède l’entraîneur amiénois. Mais qui a plutôt profité à ses hommes, de nouveau dangereux. Notamment sur deux occasions très franches coup sur coup, toutes deux sur des ballons mis dans le dos de la défense. Despois est d’abord servi par Isambart face au gardien montatairien mais manque le cadre (76′). Puis c’est au tour de Poidevin d’être lancé dans la surface et de s’écrouler suite à un contact, sans que l’arbitre ne bronche (77′). Despois est encore proche du compte quand sa tentative passe juste au-dessus (90′). Et finalement, la décision se fait au bout du suspens sur une sortie de Jraid sur un coup-franc. Percutant Da Veiga, il concède un pénalty après de longues minutes de palabres et de soins, transformé par l’inévitable Despois (3-3, 90’+9). Le double buteur amiénois a même une improbable balle de match, servi par Poidevin, mais sa reprise en pivot fuit le cadre (90’+10) et l’on en reste sur ce spectaculaire match nul.
« Sentiment mitigé’
Si Benoît Sturbois a pu avoir des mots durs sur la prestation des siens, cela s’explique aussi par le fait que « je suis rarement satisfait parce que je suis très perfectionniste », d’autant plus que celui-ci, cette année, « met la barre haute quand je vois ce qu’ils sont capables de faire. » Mais, reconnait-il « c’était un bon match nul, même si ce n’était pas le contenu attendu. » De quoi, donc, rester sur un « sentiment plutôt mitigé. »
Côté pile, outre les critiques déjà formulées plus haut, un certain manque de réussite, au regard des occasions que les Portugais se sont, malgré tout, procuré : « On a été moins efficaces dans les deux zones que d’habitude, voilà ce que ça peut donner. » Mais aussi, comme l’implique la deuxième partie de cette affirmation, une plus grande perméabilité défensive : « Le collectif, défensivement, a moins fait bloc, mais je pense que c’est le jeu de Montataire qui a fait ça. Quand on essaie d’attaquer et qu’ils récupèrent, ils vont tellement vite vers l’avant qu’on n’a pas le temps de se replacer, donc ça fait des trous énormes. »
Côté face, tout de même, une « belle équipe de Montataire » qui va « en emmerder plus d’un », prédit Benoît Sturbois : « C’est une équipe qui a du répondant physiquement, qui a de gros atouts offensifs, plutôt solides défensivement malgré les trois buts. » Ainsi, faire match nul « face à un adversaire coriace, c’est qu’on n’a pas dû tout mal faire. » D’autant, souligne le coach amiénois, que cela permet tout de même d’enchaîner un troisième match sans défaite, même si ce n’est pas la succession de victoires souhaité. Enfin, il pointe une attitude exemplaire, à l’inverse de ce qui s’était passé à Chevrières, qui a permis de revenir : « On a vu d’autres valeurs, parce qu’on a été le chercher au mental, au courage. Personne n’a lâche, tout le monde s’est donné à fond, l’état d’esprit a été irréprochable. Je les félicite pour ça. »
De quoi en tirer ce qui semble être une bonne synthèse de la rencontre : « On s’est rendu coup pour coup, le match nul est plutôt logique, à mon sens. » Même si personne ne peut réellement être heureux.
FC Porto Portugais d’Amiens – SFC Montataire : 3-3 (0-1)
Buts : Poidevin (53′), Despois (56′, 90’+9′) pour Amiens ; Lounis (40′), Ondo (60′, 72′) pour Montataire
FC Porto Portugais d’Amiens : Gningue – Ribeiro (Ameur 51′), Seguenebou, Wable, Siradjidini – Coupelle (Vasseur 72′), Facquier – Da Veiga, Despois, Isambart – Poidevin
SFC Montataire : Jraid – Legrand, Salomon, Sakho, Abbes (Jo. Caderhoussin 73′) – Ondo Ebang, Niakate – Harradi (Castro Fernandes 62′), Boutebal (Ja. Caderhoussin 55′), Marhdaoui – Lounis
Morgan Chaumier
Crédit photo : Eva Daubenton – Gazette Sports