L’entraîneur de la structure Excellence de l’Amiens Métropole Natation tire, comme son président, un bilan positif des championnats de France open qui se sont déroulés dans la capitale picarde durant six jours. Notamment du point de vue des performances de ses nageuses et nageurs.
Quel bilan faites-vous après la dernière journée de ces championnats ?
Le matin, à chaque fois, ils ont pu se tester avec des nageurs internationaux, ça reste pour eux une bonne expérience. Ensuite, l’INSEP a fait le choix de rentrer avant la fin, c’est un choix qui s’entend tout à fait et qui se respecte totalement ,étant donné qu’il y a encore des échéances internationales derrière.
Maintenant, ça n’enlève rien aux performances réalisées l’après-midi. Ils restent concentrés sur leurs courses. Quand vous prenez le départ d’une finale, le but, c’est de gagner ou de monter sur le podium. C’est ce qu’ils ont fait en améliorant un peu leur performance du matin. C’est positif et encourageant.
Et puis, le 6ème jour, c’est toujours une journée un peu délicate, il y a beaucoup de fatigue au niveau des organismes. Ils ont réussi malgré tout ça à finir sur une belle journée, avec un beau bilan.
On a tout de même senti de la déception ou de la frustration chez Hugo Sagnes ou Aëla Janvier ?
C’est la situation qui fait ça… Quand tu es compétiteur, si tu prends le départ, c’est pour gagner. Donc quand on échoue de si peu, il y a de la déception qui s’installe. Après, c’est un championnat de France open, pas forcément l’objectif de l’année. Mais ça restera une expérience supplémentaire. Et ce qui est intéressant, c’est que ça va nous donner des bases pour la saison prochaine.
Aujourd’hui, chacun fait avec ses moyens. Aëla a enchaîné 13 courses sur la semaine, je peux comprendre que sur la dernière course qu’elle ait à faire, le dernier 25 mètres soit un peu difficile et qu’elle voit la victoire lui échapper. Hugo a attrapé le covid au Danemark, ça l’a éloigné du bassin pendant 10 jours. Dans leur préparation, tout n’a pas été simple pour Hugo et John (Dabin, ndlr).
Malgré ça, ce que je retiens, surtout, c’est qu’ils ont été en capacité de répondre, de montrer du caractère. Et à chaque fois qu’ils se sont retrouvé en finale, il y a eu de l’ambition dans ce qu’ils ont fait, ils n’ont pas été attentistes. L’un comme l’autre ont essayé de prendre la tête de la course et ont tout fait pour la gagner. C’est ce qui nous intéresse quand on est entraîneur, de voir des athlètes prêts à tout donner.
De manière générale, la semaine a été très satisfaisante ?
Oui, totalement, quelque soit le plan sur laquelle on la regarde. Que ce soit dans l’organisation, dans la mobilisation, dans le nombre de personnes qui sont venues découvrir et suivre cette compétition, plus les résultats, on a vraiment vécu une belle semaine.
Désormais, il reste une échéance, les championnats d’Europe, à Rome du 11 au 21 août : comment les abordez-vous ?
C’est un objectif de la saison. À partir de là, on va l’aborder exactement comme on a abordé les championnats du Monde. Le stage à Vichy (à partir du 1er août, ndlr) va nous permettre de nous mettre au vert, de bien récupérer. Parce que cette compétition durait quand même six jours, il y a forcément de la fatigue qui s’est installée.
La seule chose qu’on a en plus par rapport aux championnats du Monde, c’est une ambition supplémentaire, étant donné les derniers résultats.
Dans la préparation, dans l’approche, on y va avec de la détermination. La seule chose qu’on a en plus par rapport aux championnats du Monde, c’est une ambition supplémentaire, étant donné les derniers résultats. C’est quelque chose qui leur a donné envie d’aller encore un peu plus loin, de découvrir davantage ce qu’ils sont capables de faire, d’aller chercher des limites qui paraissaient plus lointaines avant.
On y va pour chercher les meilleurs résultats possibles et faire en sorte qu’à Rome, ça leur sourie du mieux possible.
Cette fois, le mieux possible, c’est un objectif élevé ?
Oui, c’est la médaille.
Le 200 dos est dominant en ce moment chez Mewen Tomac, devant le 100 dos, c’est en fonction de ses qualités naturelles ou c’est parce que vous insistez moins sur le 50 dos qui n’est pas une discipline olympique ?
Ça a toujours été comme ça. Depuis qu’il est jeune, ses meilleurs résultats, c’est sur 200 dos. Sa première médaille internationale, il l’a eue au FOJE sur 200 dos. Derrière, pareil à Kazan sur les championnats d’Europe juniors et ensuite aux championnats du Monde à Budapest. Ça a toujours été la course qu’il arrive le mieux à gérer, sur laquelle il se sent le mieux.
Il y a eu un petit moment où il s’est davantage orienté vers le 100 mètres, après le confinement, parce qu’il avait réussi sur le Meeting de Rome un temps très proche de celui de sélection pour les Jeux. Donc c’est vrai qu’on s’est concentré un peu plus là-dessus et le 200 mètres est passé un peu au second plan. Mais on ne l’a jamais oublié. Et maintenant, il s’exprime très bien sur les deux.
Après, le 50 mètres, c’est une course atypique, qui demande vraiment beaucoup de puissance. Pour l’instant, Mewen, ce n’est pas le profil du nageur le plus puissant qu’on puisse connaître. Et le fait que ce ne soit pas une discipline olympique fait que, du coup, on y met également moins l’accent, c’est une évidence. Parce que le Graal pour un nageur, ce sont les Jeux Olympiques.
Il n’y a finalement pas tant de raisons de le faire travailler dessus ?
Si, quand même, parce qu’il y a une transversalité. Sur le 50 mètres, on travaille tout ce qui est vitesse, les coordinations, le départ, la coulée. Il y a plein de points qui sont intéressants dans la construction de sa nage dont on se sert ensuite sur les autres distances.
Cette saison a aussi été marquée par la très belle progression de Thomas Le Pape : jusqu’où le vois-tu aller ?
La seule limite qui existe chez un athlète, c’est celle qu’il se fixe. L’avantage, c’est que, justement, Thomas ne s’en fixe pas. Il travaille, c’est un vrai acharné de travail. Il est très sérieux dans tout ce qu’il fait, il met absolument tout en place.
C’est le profil d’un jeune qui est arrivé sur Amiens, il a beaucoup travaillé parce que c’est dans son caractère. La première année a été difficile, le temps qu’il a arrive à digérer tout le travail qui était proposé. Mais il a été persévérant sur l’ensemble de la saison, il n’a jamais rien lâché, il a commencé à avoir un peu de résultats à la fin de la saison. La saison dernière, il a été à chaque fois très proche de se sélectionner en équipe de France junior et cette année, il a réussi à avoir une sélection sur les Jeux Méditerranéens.
Ce qui montre son cheminement, qui se construit petit à petit. Je pense que son parcours peut lui permettre de n’avoir qu’une envie supplémentaire pour passer un cap d’année en année. Ça ne va pas trop vite, il prend son temps. En même temps, cela lui permet de commencer à s’étoffer physiquement. Et les résultats qu’il a eus sur cette compétition montrent qu’il a de beaux jours devant lui.
Morgan Chaumier
Crédit photos : Léandre Leber / Kevin Devigne – Gazette Sports