Après le point sur le recrutement et les ambitions pour la première saison en Fédérale 2, place à la seconde partie de notre entretien avec Joël Nayet. Le président du RC Amiénois nous expose le projet du club concernant, en particulier, les féminines et les jeunes.
Les féminines pleinement dans le projet
Le RCA, depuis plusieurs années, n’oublie pas son équipe féminine et les résultats de la saison dernière n’ont fait que renforcer sa position. En effet, pour leur retour à XV, les joueuses de Marion Puiraveau ont atteint les phases finales. Désireux de voir cette équipe progresser encore, Joël Nayet compte bien continuer à la soutenir. “À l’image de notre équipe masculine, on veut que nos filles poursuivent sur leur lancée. Il faut donc que l’on soit capable de nous renforcer et d’attirer des joueuses du bassin. Les résultats parlent pour nous et pour la saison qui vient, l’objectif sera d’aller une nouvelle fois en phase finale et pourquoi pas jouer la montée… Le rugby féminin est encore en développement et l’on veut, à notre échelle, y participer. C’est indispensable pour nous d’avoir une équipe féminine compétitive et attractive. Je crois beaucoup en ce groupe et en Marion Puiraveau qui est une fille avec énormément de qualités. Elle et son staff peuvent faire de grandes choses dans les années à venir.”
L’avenir se prépare maintenant
Depuis toujours, le Rugby Club Amiénois s’appuie sur des jeunes du cru, issus du club et de sa formation. L’équipe première aujourd’hui le prouve parfaitement avec des garçons comme Bamière, Wiotte, Prévost ou Gentien, tous enfants du club. Avec l’accession à la Fédérale 2, il va être de plus en plus difficile de lancer des jeunes, donc il est indispensable de les préparer à ce niveau bien en amont. Pour cela, le club a fait confiance l’année dernière à Anthony Scelers à la tête du pôle formation et des équipes U16-U18. Il a fait un très gros travail et a changé de nombreuses choses mais n’a malheureusement pas réussi à faire monter les deux équipes. Le club voulait poursuivre avec lui mais il a décidé de rejoindre la FFR. Pour le remplacer, Nathan Cladière, formé au club, était pressenti mais il a finalement décliné pour rejoindre Oyonnax (Pro D2) en tant qu’analyste vidéo. Des départs qui laissent un goût d’inachevé au président Nayet “déçu, car on aurait aimé garder Anthony qui a apporté énormément l’année dernière, mais d’un autre côté on est heureux pour lui qu’il puisse rejoindre la FFR. Pour Nathan, c’est un enfant du club et il connaît parfaitement son fonctionnement. Je suis un peu amer de son départ de cette façon, mais c’est aussi une fierté de voir des Amiénois exporter leurs compétences ailleurs. Je pense que cette expérience va lui faire du bien et pourquoi pas un jour nous revenir avec un nouveau vécu et bagage à partager.”
Pour la direction du pôle formation et des équipes U16-U18, Joël Nayet se veut optimiste, étant “sur la piste d’un garçon de qualité qui va, je l’espère, nous donner une réponse positive rapidement et prendre avec brio le relais d’Anthony.”
Faire du RCA un club référent pour la formation
Un développement qui a aussi pour but d’être choisi par la Ligue pour accueillir le futur CEL (Centre d’Entraînement Labellisé) qu’elle veut mettre en place. Une aubaine pour le RCA dans sa quête de renforts et de fidélisation de ses jeunes générations qui, aujourd’hui, partent encore souvent dans des clubs comme Lille ou Rouen pour rejoindre un centre de formation. Comme le souligne Joël Nayet, “il y a une très bonne entente entre les clubs picards sur la formation des jeunes, initiée par Benoît Venin, Martin Saleille ou encore le président du Comité départemental notamment. Le fonctionnement est plutôt bon jusqu’à ce que l’on arrive au lycée où il y a un éclatement et les joueurs partent alors dans plusieurs directions, ce qui crée une défaillance. Le projet de Centre d’Entraînement Labellisé doit permettre aux jeunes de pratiquer leur sport tout en continuant leurs études. On travaille pour qu’Amiens puisse accueillir ce centre car cela peut aider nos jeunes à rester et renforcer leur formation pour, dans le futur, alimenter nos équipes seniors. Cela peut aussi nous aider à attirer des jeunes de la région pour créer un vivier intéressant et de qualité. Je pense d’ailleurs que l’on devrait faire cause commune avec un club comme Beauvais sur le sujet. La formation est un projet à long terme qui est indispensable. Il faut savoir former nos jeunes mais aussi être attractif pour attirer et former d’autres joueurs. Et pour que l’on parle du RCA comme d’un club référent en termes de formation dans les Hauts-de-France, où nous sommes actuellement en troisième position.«
Un budget et des partenaires au rendez-vous
Pour grandir et se développer, le club a dû revoir son budget et pour cela il a pu compter sur ses partenaires historiques mais aussi sur de nouveaux, comme le souligne son président. “On a quadruplé le budget Partenaires en l’espace de 4 ans, c’est en tout cas ce que l’on prévoit pour cette année. On a la chance d’avoir des partenaires de très longue date qui poursuivent l’aventure chaque année, en la renforçant. On a des partenaires plus récents, qui nous on rejoint il y a un an ou deux, qui vont aussi accroître leur contribution. Puis on a de nouveaux partenaires. Je vais présenter un budget à la DNACG et je suis confiant quand je vois la qualité de nos partenaires. Si l’on arrive à fédérer autant, c’est grâce aux valeurs du rugby, mais aussi au fait que les gens viennent soutenir des Amiénois, des gens issus du territoire et ce sont des valeurs qui sont appréciées de nos partenaires.”
Pour aller chercher des ressources, le club veut aussi trouver de nouvelles sources de revenus comme la billetterie. En effet, le RCA qui accueillait jusqu’à présent gratuitement les spectateurs, va donc franchir le cap en mettant en place des entrées payantes. Une décision assez logique au vu du niveau atteint et de la nécessité de trouver de nouveaux revenus venant compenser de nouvelles dépenses. “Il faut forcément que l’on indemnise les joueurs qui font de la route, c’est quelque chose de logique. Après, certains sont sous contrat mais nous restons avant tout un club amateur. Cette saison, nous allons aussi mettre en place des primes de match, ce qui me semble logique à ce niveau”, souligne Joël Nayet. Le club espère cette saison finaliser sa structure administrative et commerciale dans le but de se développer davantage.
Le RCA base arrière de la Coupe du Monde et des JO ?
Alors que la Coupe du Monde 2023 et les JO 2024 en France pointent le bout de leur nez, le club amiénois, comme d’autres dans la région, souhaite accueillir des sélections, indique son président. “On aimerait vraiment avoir une équipe chez nous. On aurait bien aimé le Zimbabwe de nos internationaux mais ils ont raté la qualification. On avait d’ailleurs proposé de les accueillir lors des phases de qualification qui avaient lieu en France mais le Zimbabwe avait choisi Marseille, les matchs ayant lieu à Monaco. Après, pour les JO on ne désespère pas car c’est du rugby à 7 et le pays performe. Mais on n’est pas contre accueillir une autre nation de l’hémisphère sud ou autre. Pour la Coupe du Monde (en France du 8 septembre au 28 octobre 2023, ndlr), on n’a pas de touche pour le moment, à moins que la ville ait des contacts de son côté… Mais on reste ouvert à toute proposition, même si nous n’avons pas les installations du Touquet, par exemple, qui accueillera les Anglais.” Qu’on se le dise : si une sélection cherche encore un camp de base, le RCA et Amiens Métropole se tiennent prêts pour les accueillir.
Aurélien Finet
Crédit photos : Coralie Sombret / Kevin Devigne / Léandre Leber – Gazette Sports