Un petit Poucet de la Coupe de France est Samarien, c’est Salouël. Qualifiés pour la première fois de leur histoire au 6ème tour de Coupe de France, les Salouasiens y sont en plus parvenus en écartant Lambres, une R1 !
L’important, c’était de repousser l’échéance. Les deux équipes l’avaient bien compris et tandis que Salouël faisait le dos rond en comptant, en cas de besoin, sur un Durieux impeccable, Lambres multipliait les assauts en mettant de suite un gros rythme. Qui se traduisait vite par deux grosses occasions, d’abord par Delacourt depuis l’extérieur de la surface dont la frappe était repoussée par Durieux, avant que Halluin ne surgisse au second ballon pour finalement trouver le petit filet extérieur (2′). Puis sur une situation similaire, avec une frappe d’Iriout, qui trouvait elle aussi Durieux sur son chemin, et un ballon mis au fond des filets par Halluin, cette fois, dans la foulée, avant qu’un hors jeu ne soit signalé (3′). Plus espacées, les tentatives continuaient à se multiplier pendant vingt minutes, qu’il s’agisse d’un centre-tir de Lecoustre capté par le portier salouasien (7′), d’une tentative de Halluin, encore lui, après un festival de dribble dans la défense, qui butait encore sur le dernier rempart samarien (13′) ou d’un double arrêt d’un Durieux en état de grâce sur une frappe de 25 mètres de Fievet puis sur la reprise à bout portant de Lecoustre (22′).
Dans les dernières minutes de ce très gros temps fort pour les visiteurs, les locaux avaient déjà commencé à sortir. Et ce avec toujours la volonté de jouer propre comme sur une belle première opportunité, très collective, mais conclue par une transmission un poil trop profonde de Gorenflos pour Roger (16′). Pégard parvenait même à se trouver en position de tir quelques instants plus tard mais sa tentative fuyait le cadre (18′). Et finalement, un début d’agacement face à l’inefficacité de leurs attaques et une méfiance accrue à la vue d’une équipe salouasienne capable de se projeter rendait les Lambrésiens bien plus inoffensifs lors du quart d’heure suivant. Tout juste retrouvait ils un peu d’allant en fin de mi-temps. Mais la tentative lointaine d’Iriout ne surprenait pas Durieux et le tir de Delacourt était dévissé (37′). Et quand il y avait un peu plus de travail pour Durieux, comme sur une frappe de Iriout (40′) ou un centre-tir de Lecoustre (45′), le portier s’envolait et claquait les tentatives. Pour permettre aux siens de revenir à la pause à 0-0.
Salouël craque… puis retourne le match !
Et au retour des vestiaires, les Nordistes continuaient à se casser les dents sur le bloc salouasien. Le tout en se montrant de moins en moins dangereux, les frappes au-dessus de Drobik (49′) et Halluin (58′) étant les opportunités les plus franches des vingt premières minutes. Mais sur un seul oubli, Benguesmia, seul au point de penalty, trouvait la faille d’un joli retourné (0-1, 67′). Les Salouasiens devaient trouver un moyen de réagir mais, s’ils se portaient de plus en plus vers l’avant, ils peinaient à conclure par des frappes leurs situations offensives, à l’exception notable de celle de Pocholle, lancé par De Sousa, qui s’envolait néanmoins au-dessus de la cage (81′). Et les locaux s’exposaient logiquement un peu plus aux offensives visiteuses. Le danger venait toutefois d’abord de coups-francs, direct de Fievet (75′) ou repris de la tête par Lecoustre (82′). Puis, après une frappe à côté, une tentative de dégagement rapide dans les arrêts de jeu, alors que le temps se faisait pressant, amenait à la seule erreur de Durieux, qui finissait directement dans les pieds de Benguesmia. Mais le Nordiste tentait un lob qui ne trouvait pas le cadre (90’+1). Et finalement, dans la foulée, Derobert poussait une dernière fois sur son côté gauche et délivrait un centre tendu que Hutin poussait dans le but au second poteau (1-1, 90’+3).
C’est euphoriques que les hommes d’Antoine Mucke abordaient donc la séance de tirs au but. Une euphorie qui s’emparait de plus en plus des supporters quand les locaux prenaient de suite le large avec les tentatives réussies de Jalet et Derobert, tandis qu’Iriout mettait la sienne au-dessus et que Durieux arrêtait celle d’Aouamri (2-0). La réussite semblait tourner quand le bout du pied de Dhelemme empêchait le tir de De Sousa d’aller au fond et que la main de Durieux ne suffisait pas à empêcher la tentative de Kowalczuk de faire trembler les filets (2-1). Mais cela ne déstabilisait pas les Salouasiens. Pocholle ne tremblait pas et Durieux se détendait parfaitement sur le penalty de Delannoy (3-1) pour donner la victoire aux siens qui laissaient alors éclater leur immense joie.
« L’euphorie »
Une joie qui se ressentait facilement aux contacts des joueurs après la rencontre. « C’est magique, c’est la Coupe de France » résumait Antoine Mucke, le coach des rouges. « C’est l’euphorie, commençait quant à lui Donovan Durieux, l’un des héros du jour, décisif à au moins 7 reprises avant même la séance de tirs au but. Il n’y a pas de mots pour décrire cela. » Plus disert, Alexis Derobert n’en était pas pour autant moins pris par l’émotion, visible sur son visage : « On n’est qu’une D2, c’est pour ça qu’on joue au foot. J’ai beaucoup de respect pour nos adversaires en D2 mais là on montre qui on est. » Car pour le latéral passeur décisif, plus encore que toutes les considérations tactiques, c’est la force de ce groupe qui lui a permis de réussir cet exploit : « On savait que ça allait être très compliqué, on savait qu’en face on avait des mecs qui cartonnaient tous les dimanches. Mais on sait qui on est, on n’a peur de personne, on est une équipe de copains, on est là depuis 11h30. C’est plus qu’un frère qui me lance dans la profondeur, et un mec que je connais depuis 20 ans qui la pousse au fond, ça montre qu’on est plus qu’une équipe. » Donovan Durieux souligne également que « si on le fait, c’est pour les enfants, c’est pour le club. »
Un club qui vit ainsi un moment « historique, c’est la première fois qu’on arrive au 6ème tour », insiste le président du RC Salouël-Saleux, Antonio Dos Santos. « C’est mémorable pour le club ce qu’on est en train de faire », acquiesce Donovan Durieux. D’autant plus que le scenario, on l’a vu, s’est révélé totalement fou. Un scenario d’autant plus fous qu’Alexis Deorbert reconnaît qu’avant la dernière action, décisive, « j’avais des crampes, je commençais à me dire que je n’irai pas au bout, et puis la dernière, je ne sais pas d’où elle vient, ça sort des tripes. » Avant la séance de tirs au but où Donovan Durieux s’est illustré pour la deuxième fois consécutive, après celle face au RIF. Et pourtant, il l’assure, il n’est « pas spécialement » un expert de l’exercice : « Je ne les travaille même pas, en plus, c’est à l’instinct. »
Le fruit d’un gros travail
Si ces deux moments clefs ont fait basculer le match, c’est aussi parce que Salouël est resté dans la partie jusque-là. Alexis Derobert le reconnaît, « on a fait le dos rond pendant 90′ parce qu’on savait que c’était la seule chose à jouer, des contres, un ou deux. » Mais les locaux ont aussi eu l’intelligence, en s’appuyant sur la qualité technique de l’effectif, dont Adrien De Sousa, précieux dans ce registre de « relancer de derrière. On n’a pas balancé, on a construit » se félicite le président salouasien. Antoine Mucke, détaillait : « Le système dans lequel on a évolué, c’est parce que quand il y a 4 divisions d’écart, on est obligé de s’adapter. Les garçons ont super bien travaillé depuis 10 jours à l’entraînement pour préparer ce match avec conviction pour le gagner. Je leur avais dit, un match, c’est 95′, pas 90. Sur le peu d’occasions, il fallait être efficace. » D’autant plus après avoir concédé l’ouverture du score : « J’ai tout de suite tenté un 4-4-2 à plat, ça n’a pas trop marché, et puis à la fin, on n’a plus rien à perdre, je suis passé sur un 3-4-3, offensif. »
Mais, en écho aux propos de son latéral gauche, l’entraîneur des locaux admettait que l’aspect tactique n’a pas été le seul déterminant de cette qualification : « Mon équipe est forte mentalement. On est préparés pour ça, pour le championnat, parce qu’on sait qu’on va être attendu après le début de saison de l’année dernière. Je leur avait dit que cette année, ce ne serait pas tactique mais mental. Tous les matchs, il faut les aborder mentalement avec la bonne attitude. Et en Coupe de France, on sait que ce n’est pas forcément le plus gros qui passe mais celui qui a le plus envie. On a montré de l’envie, dans le bon sens du terme. On a pris un but sur un oubli, mais mentalement, mes joueurs sont forts. » De quoi être « fier », « c’est un très bon résultat, on va bien fêter ça », glissait-il ainsi. Avant de se projeter sur la suite. Une suite qui ne sera pas abordée différemment : « Notre discours ne change pas, petit ou grand, enfin, le petit, maintenant c’est nous, on prendra le match pour le gagner, en espérant que ce soit à domicile. » Et puisque désormais, Salouël est l’un des 4 petits Poucets nationaux, « on n’a plus rien à perdre, ce n’est que du bonus », savoure Donovan Durieux.
RC Salouël Saleux (D2) – ES Lambres-lez-Douai (R1) : 1-1 (0-0 ; 3-1 t.a.b.)
Buts : Hutin (90’+3) pour Salouël ; Benguesmia (67′) pour Lambres-lez-Douai
RC Salouël Saleux : Durieux – Kikassa, Semence, Jalet, Derobert – Matos, Gorenflos – Roger, Pégard, Louette – De Sousa
Entrants : Hutin, Treboutte, Pocholle
Morgan Chaumier
Crédit photo : Audrey Louette – Gazettesports