Marc Roguet est le seul cavalier samarien à pouvoir se targuer d’avoir ramené une médaille d’or des Jeux Olympiques.
Nous sommes en 1976 à Montréal et alors que la quinzaine olympique va s’achever, le bilan des Tricolores est plutôt maigre. Seul le hurdler Guy Drut a sauvé l’honneur en devenant champion olympique du 110m haies. Heureusement, quatre cavaliers français vont arracher la médaille d’or le dernier jour des compétitions dans le saut d’obstacles par équipes. Quand il arrive à Montréal une bonne quinzaine de jours auparavant, Marc Roguet, un pur Samarien puisqu’il est né à Pargny, près de Roye, n’est pas du tout assuré de participer à l’épreuve.
Il est en effet le 5e cavalier mais au dernier moment, Balanda doit déclarer forfait. La raison est simple : son cheval est malade. Du coup, Marc Roguet est appelé in-extrémis et se retrouve aux côtés d’Hubert Parot, Marcel Rozier et Michel Roche. Le cheval de Marc Roguet appartient à un médecin d’Amiens. Il s’agissait de Belle de Mars, âgée de 9 ans et le propriétaire était le docteur Trinez. Ce dernier était l’ami de Marc Roguet et il avait refusé une belle offre financière de la part de la Belgique..
L’équipe de France créait donc une sorte de sensation et s’adjugeait la médaille d’or. Marc Roguet quasiment inconnu dans les milieux hippiques pouvait dès lors exprimer sa joie alors qu’il se trouvait sur la plus haute marche du podium: « Entendre la Marseillaise, si loin de son pays et en son honneur est une chose inoubliable. Dans les Jeux, il y a trois moments terriblement éprouvants. D’abord, la cérémonie d’ouverture et je souhaite à chaque participant de ne pas la rater. Le deuxième moment, c’est quand nous sommes entrés en piste après la compétition suivis par l’équipe allemande et belge. Tout va très vite: remise de la médaille par le Prince d’Édimbourg, poignées de main. Le troisième moment, c’est la Marseillaise et le drapeau qui monte. Il faut faire appel à toute sa volonté pour ne pas pleurer« .
Un champion olympique dans l’ombre
Marc Roguet avait beau être champion olympique, il restait d’une grande modestie. C’est bien simple : jamais il n’eut l’honneur d’être reçu officiellement par la Fédération Française des Sports Équestres. C’est du moins ce qu’il nous avouera plus tard lorsqu’il est venu à la Maison des Sports à Amiens invité par le Comité Départemental Olympique et Sport. Cette équipe de France était unie et elle était dirigée par Jean d’Orgeix. Elle avait imité l’équipe de 1964 à Tokyo quand elle avait aussi arraché la médaille d’or le dernier jour. On appelait souvent cette équipe « les Indiens« . Pourquoi ? C’est très simple : les Indiens sont sur la piste tandis que les chefs restent dans les tribunes.
Chaque cavalier avait son surnom et celui de Marc Roguet était « Le Castor prudent » . Tout un symbole. Cette médaille d’or eut au moins le mérite d’atténuer la colère du Ministre des Sports Pierre Mazeaud qui s’en prenait surtout aux dirigeants dont il affirmait qu’ils étaient plus préoccupés par leur réélection que par les résultats de leurs représentants… De ses équipiers dont certains nous ont quittés depuis, Marc Roguet répétait sans cesse « qu’ils formaient une vraie équipe. C’est comme si nous étions des frères et que nous avions fait la guerre« . Le regret de Marc Roguet qui file vers ses 89 ans est de ne pas avoir reçu la Légion d’Honneur mais dit-il avec le sourire « une médaille d’or aux Jeux, ça vaut vraiment tout l’argent du monde« .
Lionel Herbet
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