ATHLÉTISME – Lorelei Taillandier : « Aurore Dilly, c’est un vrai modèle de travail et d’investissement »

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Ils et elles étaient 9 à représenter l’Amiens UC aux derniers championnats de France. Dans le lot Aurore Dilly. Focus avec sa partenaire d’entraînement, Lorelei Taillandier.

Alors que se fermaient les championnats de France, dimanche 27 juin, nous évoquions la grande déception de Thomas Jordier suite à la perte de son titre de champion de France sur une (mauvaise) décision des juges. Et on enchaînait directement en évoquant les résultats qui avaient suivi en exprimant le fait qu’ils ne rattrapaient pas la perte de ce titre pour l’Amiens UC. Un traitement injuste au regard des parcours très différents entre un athlète se battant pour sa qualification pour les JO et une athlète comme Aurore Dilly obtenant enfin la récompense de son travail en participant à ses premiers France Elite à 29 ans, pour Lorelei Taillandier. Alors, nous corrigeons en donnant la parole à cette dernière qui souhaitait mettre en avant sa partenaire d’entraînement.

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Bonjour, pour commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Lorelei Taillandier. Je suis lanceuse de marteau, je suis licenciée au Yonne AC. J’ai 30 ans et je fais du lancer de marteau depuis que j’ai 12 ans. J’ai terminé 3ème des derniers championnats de France Elite.

Tu le dis sans sourire, comme si c’était une performance moyenne, tu espérais mieux ?

Il y a de la déception quant à la performance métrique. Mais le podium est là, c’est tout ce qui compte en championnat.

Comment se fait-il, en étant licencié dans l’Yonne, que tu t’entraînes à Amiens ?

J’étais en Bourgogne, j’ai fait mes études à Dijon. Je suis monté faire mon master STAPS en région parisienne. Dans le même temps, j’ai rencontré Serge Foucat qui est devenu mon entraîneur, qui entraîne à Amiens et donc je fais le trajet avec lui pour venir m’entraîner à Amiens trois fois par semaine avec son groupe, parce que l’effet de groupe est important dans cette discipline.

Est-ce que tu peux nous présenter ce groupe ?

Il y a Jean-Baptiste Bruxelle qui est champion de France cadets et juniors et médaillé au FOJ (Festival Olympique de la Jeunesse) qui prépare les championnats d’Europe juniors et les championnats du monde juniors. Dans le groupe on a également Aurore Dilly qui est sénior, elle a un an de moins que moi, qui lance le marteau de 4kg, qui s’est qualifiée plusieurs fois pour les championnats hivernaux et qui a fait ses premiers Elite cette année où elle termine 10ème. Sa prochaine échéance, cela va être les championnats de France Open, c’est-à-dire ouverts aux Français, aux étrangers et aux double-nationalités.

On a également Virginie (Scribe, ndlr) et Octave (Pineau, ndlr) qui est minime, qui est un jeune prometteur, qui est passionné par ce qu’on fait, qui a bien intégré le groupe. C’est un gamin super sympa, hyper sérieux quand il est à l’entraînement, c’est très agréable. On a également Yoan François qui habite en région parisienne et qui s’entraîne avec nous le samedi. Il n’a pas eu la chance de se qualifier encore pour des championnats de France mais il intègre l’équipe masculine quand ils font la Coupe de France, une compétition par équipe de 4 sur une discipline. Et Joee Vasseur qui ne s’est malheureusement pas qualifiée pour les espoirs. Tous étant de l’Amiens UC, je suis la seule étrangère du groupe. Mais ils m’ont super bien intégré.

Si on est là, c’est pour mettre en avant Aurore Dilly, peux-tu nous la présenter ?

Aurore Dilly, beaucoup la voit comme la fille du président, mais elle est beaucoup plus que ça. C’est une lanceuse de marteau avant tout. C’est une fille discrète et super rigolote et qui vaut le coup d’apprendre à la connaître. Et c’est une fille passionnée par sa discipline et par son club. Elle est capable de connaître les records de jeunes du club, de sprinters, etc. Elle s’intéresse beaucoup à la vie de son club de façon générale et je pense que l’inverse n’est pas vraiment le cas, ce qui est dommage parce que c’est un club élite et c’est important que les uns et les autres se soutiennent. C’est ce qui me chagrine.

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C’est une fille travailleuse, qui ne se qualifiait pas aux Élite jusqu’à cette année mais qui continue à s’entraîner jusqu’à fin juillet alors qu’il n’y a plus d’objectifs. Il faut savoir qu’on est à deux heures d’entraînement par jour, on n’est pas pro, elle est agente immobilière. Il faut réussir à tout faire, quoiqu’il arrive, elle fait ses séances, si elle a des rendez-vous qui s’intercalent, elle vient le dimanche faire la séance qu’elle n’a pas pu faire la semaine. C’est un vrai modèle de travail et d’investissement. Ça commence à payer parce qu’elle commence à faire des compétitions comme les Élite. Ce n’est pas rien, c’est quand même la plus grosse compétition au niveau national ! On est quand même dans les 12 meilleures de France ! On n’est pas beaucoup médiatisés au marteau et ça la dessert.

Quelles qualités tu mettrais en avant chez elle ?

Elle est investie est travailleuse que ce soit dans le sport ou en dehors, dans son travail. Elle s’investit corps et âmes dans ce qu’elle fait. C’est une fille pleine de vie et d’envie de prendre du plaisir. Elle est pleine de joie. C’est quelqu’un qui a le sourire.

Quel est ton regard sur ses championnats de France et pourquoi as-tu trouvé injuste la couverture qu’on en a faite ?

Parce que, pour moi, ça ne mettait pas assez en avant le fait qu’elle s’est qualifiée aux Elite et qu’elle s’est super bien comportée dans ce concours dans le sens où elle ne s’est pas effondrée. Par expérience, mes premiers Élite, je suis passé à côté, j’ai fait n’importe quoi, c’est-à-dire que j’ai lancé peut-être 10m de moins que mon record parce que je n’ai pas géré le stress. Ça n’a pas été son cas. Elle a fait ses deux jets d’échauffement, super bien, elle a respecté les consignes du coach et ce qui avait été mis en place avant parce qu’il y a tout un travail préparatoire pour rentrer dans son concours comme il faut, parce qu’en compétition, il n’y a que deux jets d’échauffement et ensuite le concours démarre, ce qui est très peu.

Elle a respecté ce que le coach avait mis en place, elle fait son premier jet, qui est dans le secteur, ce qui n’est pas toujours le cas, parce que l’enjeu, parce que le stress, un peu moins de rythmique parce qu’on a peur de faire n’importe quoi. Et là ça fait monter le stress parce qu’il n’en reste que deux. Ce qui m’a gêné, c’est qu’on n’a pas mis en avant qu’elle avait réussi à faire tout ça, ce qui est une victoire, déjà, réussir à gérer une entrée de concours et à poser son premier jet, c’est super beau.

Après, en effet, elle n’a pas réussi à faire une performance autour des 53m qui lui aurait permis de rentrer dans les 8, donc là, elle a de la déception parce que ce n’était pas inatteignable. Il faut relativiser, on a eu un temps qui a changé, le plateau a changé pendant le concours, il était mouillé au départ donc il tournait tout seul, au fur et à mesure des essais il a séché, donc il tournait moins bien, donc les sensations ne sont pas les mêmes. L’émotion fait aussi peut-être qu’elle n’a pas réussi à en remettre, mais malgré tout, elle a tout donné, elle ne s’est pas effondrée, elle a été à sa place, elle s’est battue, elle a même gagné une place.

Ce manque de communication sur la performance, c’est une problématique générale du sport amateur ?

Oui bien sûr, mais particulièrement en lancer, on n’est pas hyper médiatisés. Typiquement, la compétition était retransmise, notre concours était en même temps que la perche féminine. Du marteau, on n’a vu que trois jets, trois jets d’Alexandra Tavernier. Et on a vu la perche, entièrement. Et ça c’est dommage, parce que, pour elle, mais même pour nous toutes, c’est sympa de prévenir la famille, de dire que le concours est retransmis, qu’on peut nous voir. La famille ne peut pas forcément venir et là… Déjà qu’en athlé, on n’est pas très médiatisés, mais quand dans un concours on ne voit personne d’autre que la meilleure lancer… On a toutes mérité notre place. Je ne vois pas pourquoi il devrait y avoir un traitement de faveur entre athlètes ou entre la perche et le marteau.


Léandre Leber

Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports

Publié par La Rédaction

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