Alors que la rentrée est incertaine pour les associations sportives, nombre d’entre elles étaient présentes à la « Faites du sport », ce samedi, au Coliseum, avec un mot d’ordre commun : se faire connaître.
Samedi, la « Faites du sport » prenait possession du Coliseum. Guillaume Duflot, vice-président au sport à Amiens Métropole, en explicitait pour nous le principe : « Le principe de la Faites du sport, c’est qu’on peut pratiquer. C’est-à-dire qu’on vient à 10h, on repart à 18h, il y a 60 pratiques différentes et on peut faire, peut-être pas tout, mais une grande partie pour essayer, pourquoi pas de trouver un futur sport qui pourrait satisfaire un enfant ou un plus grand, peu importe, ce n’est pas réservé aux enfants. » L’élu amiénois, qui insiste sur le contexte difficile qui amène un besoin particulier de recrutement pour les clubs nous rappelle toutefois que l’événement date de 2015, en réponse aux attentes formulées par de nombreux clubs avec comme idée directrice, déjà « d’avoir une journée consacrée au sport où ils peuvent se retrouver pour pouvoir pratiquer et rencontrer des gamins qui pourraient ensuite venir s’inscrire. »
Un enjeu de visibilité par rapport au public
De fait, parmi les motivations évoquées par un certain nombre de participants, c’est bel et bien ce besoin de visibilité qui revient en premier. Si Mathias Saur, responsable de l’école de hockey et gardien de l’ASC hockey sur gazon, n’en fait pas un enjeu direct de recrutement – « Pour nous, l’essentiel du recrutement, c’est sur les entraînements libres. » – il reconnaît qu’il s’agit pour son club d’être visible « après cette période un peu compliquée où l’on a été un peu transparents sur l’espace public parce qu’il n’y avait pas de compétition. » S’il paraît moins étonnant d’entendre cela de la part du club de hockey sur gazon, mais aussi d’Arthur Carlin, président des Jackals, le club de baseball d’Amiens, c’est également le leitmotiv qui revient dans des sports que l’on aurait cru moins confidentiels.
Je pense que c’est surtout de l’opportunité, ils voient qu’il y a une initiation et viennent essayer.
Thibault Griffart, président du Cercle d’Escrime d’Amiens
Ainsi, Dominique Pingaud, président de l’Amiens Picardie Handball, nous explique que « l’idée, c’est d’attirer des jeunes, on voit qu’il y en a qui ne connaissent aucun sport. » Un constat que partage Benoît Venin, responsable de l’école de rugby au RCA, qui nous explique être concerné par cette problématique « parce qu’on n’est pas sur une terre de rugby, on sait qu’il y a encore un certain nombre d’Amiénois qui ne savent pas qu’il y a du rugby à Amiens. Donc, il s’agit aussi de montrer qu’il y a de la pratique. » Mais s’il s’agit principalement de recruter des licenciés, ce dernier évoque également l’idée de fédérer autour du club : « Ce n’est pas notre objectif premier, mais quand je parle de développer la culture du rugby, c’est des gens qui n’ont peut-être plus l’âge pour jouer au rugby mais qui aiment ça, qui se rendent compte qu’il y a un stade de rugby avec des joueurs qui jouent à bon niveau et qui viennent les voir. C’est une façon de participer à la vie du club. »
Du côté de Thibault Griffart, président du Cercle d’Escrime d’Amiens, le constat est plus nuancé. « En général, les gens qui viennent nous voir savent ce qu’est l’escrime, souligne-t-il, mais qui n’en ont jamais fait, qui sont là pour découvrir. Je pense que c’est surtout de l’opportunité, ils voient qu’il y a une initiation et viennent essayer. C’est en cela que c’est important de sortir de la salle parce que ce sont des gens qui d’eux-mêmes n’auraient pas fait l’effort ou eu l’idée de venir à la salle et de découvrir la pratique. »
Montrer et expliquer pour convaincre
Cet enjeu de visibilité se couple avec une volonté de pédagogie sur son activité, et sur le sport en club en général. Et Guillaume Duflot est le premier à souligner cet enjeu lorsqu’il évoque l’importance d’inciter par cet événement à prendre sa licence dans un club : « Il faut convaincre d’autres enfants et adultes de prendre une licence dans un club. Un club, c’est une structure encadrée avec des personnes qui ont un brevet d’État, qui savent quoi faire ou ne pas faire dans la pratique sportive. Faire du sport, c’est aussi avoir les bons gestes. »
Si le fait de proposer de la pratique est déjà une première étape, du côté des clubs, cette pédagogie sur l’activité se fait de plusieurs manières. Du côté de l’escrime, cela passe par une présentation des « 3 armes de l’escrime avec leurs règles et leurs techniques propres même si chez nous, nous proposons avant tout des cours de sabre et d’épée. » Quant au stand du baseball, il attire l’œil grâce à une plaquette explicative des règles du sport, sous la forme ludique d’une bande dessinée : « C’est mis en place par la Fédération pour expliquer en une feuille le minimum des règles du baseball. C’est plus simple à expliquer comme ça. C’est plus visuel, ça aide les gens, on peut plus facilement discuter à partir de ça avec les gens qui viennent s’intéresser. »
Tout le monde peut jouer au rugby. […] C’est cela que l’on veut montrer, les valeurs du sport qui permettent à chacun de s’épanouir dans une activité physique.
Benoît Venin, responsable de l’école de rugby au RCA
Le plus offensif sur cet aspect est toutefois sans doute Benoît Venin. Pour lui, l’important est de « montrer que notre pratique est adaptée à tous et que ce n’est pas l’image qu’on voit à la télé du grand rugbyman qui fait 2m et 120kg. Tout le monde peut jouer au rugby : les garçons, les filles, les petits, les minces, les plus épais. C’est cela que l’on veut montrer, les valeurs du sport qui permettent à chacun de s’épanouir dans une activité physique. » Bref, il ne s’agit pas seulement de faire connaître un sport mais aussi de tordre le coup à tout un tas de clichés qui en freinent l’accès au plus grand nombre.
Enfin, à l’instar de Benoît Venin soulignant l’importance d’être visible auprès d’Amiens Métropole et des partenaires, Guillaume Duflot lui-même évoquait cette possibilité offerte aux clubs au travers de cet événement d’échanger avec les pouvoirs publics, à commencer par lui-même, sur leurs problématiques, notamment « en termes d’infrastructures, pour avoir des créneaux supplémentaires, différents, pour trouver un terrain pour pratiquer son sport. » C’est ainsi qu’une discussion s’est engagée entre le vice-président métropolitain au sport et Arthur Carlin sur les entraînements de baseball. « Pour ces clubs qui apparaissent, on ne peut pas construire aujourd’hui, par exemple un terrain de base-ball – le football américain a dû attendre plus d’une dizaine d’années pour avoir un terrain, nous explique Guillaume Duflot en revenant sur cet échange. On est encore sur des pratiques entre copains qui cherche à se développer, pour le moment, on observe comment ça se passe. On essaye de leur trouver un terrain pour qu’ils puissent s’entraîner, c’est ce qu’ils demandent aujourd’hui, ils ne cherchent pas forcément un terrain de base-ball mais un lieu où ils puissent faire venir des gamins en toute sécurité pour faire du base-ball. »
Des résultats mitigés
Sur le plan de la visibilité, Thibault Griffart s’en tire bien : « Depuis ce matin, ça tourne bien, on a eu beaucoup de contacts », se réjouit-il, « surtout des enfants. » Si c’est moins le cas pour d’autres sports, lui assume clairement vouloir allier cette visibilité avec un recrutement pour la saison à venir, sur fond de contexte compliqué : « L’idée, c’est de faire découvrir le sport en espérant que certains aient envie de venir à la rentrée. Les deux saisons qui viennent de s’écouler n’étaient forcément pas optimales en termes de prospection de nouveaux licenciés donc on espère que la saison qui vient va nous permettre de retrouver un nouveau public. » Brandon Toudick, des Hoplites d’Ambiani, est dans le même état d’esprit et se félicite que « beaucoup d’enfants viennent essayer », profitant de la position très passante de leur emplacement, juste devant le Coliseum – une chance que n’eurent pas Sarba’Arc’Am et le stand des voitures radiocommandés, placés sur le côté de l’enceinte sportive, peu fréquenté – et du fait que « les enfants sont facilement attirés quand ils voient d’autres enfants qui sont en train de jouer », et rappelant le bilan toujours positif de cet événement sur son club (« Chaque année, grâce à la Faites du sport, on arrive à ramener au moins une dizaine d’enfants au club. »).
Mais pour d’autres sports, le bilan est moins positif. C’est du côté du gymnase que l’on résume le mieux ce sentiment mitigé. Ainsi, si Dominique Pingaud reconnait avoir déjà « quelques personnes qui veulent prendre des licences », il estime « qu’il y a peut-être eu un manque de publicité. » Le président de l’APH regrettait aussi que la période ne se prête que modérément à la mobilisation des membres du club, la faute à de nombreux joueurs partis en vacances. Un point que confirmait Mathias Saur, qui espérait pourtant pouvoir jouer sur cet aspect pour resouder les adhérents autour du club : « Aujourd’hui, je n’ai pas grand monde du club, mais l’idée, c’est de rameuter un peu les gens du club autour d’événements comme ça pour essayer de remobiliser les effectifs et relancer une saison propre pour l’année prochaine. »
Quant à Christophe Bizet, entraîneur des U11 à l’US Boves Basket-Ball, il rappelle la réussite de l’édition précédente qui « avait été très enrichissante, aussi bien pour avoir des salariés supplémentaires que pour se faire connaître sur la métropole amiénoise.on avait pris beaucoup de contacts avec des gens qu’on avait relancé en début de saison. Tout le monde n’était pas venu, mais ça nous avait ramené des licenciés supplémentaires. » Et il reconnaît l’intérêt en terme de mise en lumière des sports, admettant apprendre « qu’il y a de nouveaux sports dont je ne savais même pas qu’ils existaient » à l’image du korfball présent non loin de là.
Pour autant, il pointait également un « public qui se fait désirer ». Une problématique soulevée également, sur le stade Maurice Thédié, par Arthur Carlin, déplorant qu’il n’y ait « pas grand monde » et Mathias Saur, soulignant qu’il avait eu « juste 2 enfants qui sont passés » quand on l’interrogeait vers les 15h. Le premier nuançait tout de même soulignant quand même « quelques personnes qui viennent essayer de frapper à l’intérieur de la cage. La majorité, ce sont des enfants entre 9 et 12 ans. Ça montre que les jeunes sont assez réceptifs à ce qu’on met en place. Ça remplit un peu notre objectif même si on n’a pas encore d’inscrit. » Et le public se faisait plus dense au fil de l’après-midi. De quoi, malgré tout, tirer le bilan de cette journée d’exposition du sport vers le positif, celui, selon les mots de Dominique Pingaud, d’une « expérience à renouveler », une 7ème fois, en 2022.
Morgan Chaumier
Crédit photo : DR / Eve Gourdain – Gazettesports