Au terme d’une rencontre complètement folle où il aura mené 3-0, l’Amiens SC est parvenu à tenir en échec le Paris-Saint-Germain. Mais son avenir au sein de l’élite demeure toujours en pointillé…
Des scénarios les plus invraisemblables, celui orchestré hier en fin d’après-midi en l’enceinte de la Licorne peinait cependant à retenir l’attention. En effet, d’un ordre rationnel, il apparaissait bien improbable que l’Amiens SC puisse reléguer le Paris-Saint-Germain à trois longueurs après (seulement) quarante minutes de jeu ! Et pourtant, grâce à Guirassy (5e), Kakuta (27e) puis Diabaté (40e), le petit poucet amiénois est bel et bien parvenu à faire vaciller un colosse parisien aux pieds d’argile. S’il présentait un aspect inhabituel, le leader de la Ligue 1 Conforama s’est révélé emprunté en Somme…
Je suis plutôt content que nous puissions être revenu au score après avoir livré une telle bataille. J’aurais vraiment regretté de repartir avec une défaite.
Luka Elsner
Certes, les coéquipiers d’Edinson Cavani ont su corriger le tir après la pause, apparaissant notamment efficaces sur corner, mais la copie rendue est loin, très loin de susciter l’enthousiasme dans les rangs du club de la Capitale, à quelques jours de son 8e de finale de Champion’s League.
Saisissant contraste avec la satisfaction qui se dessinait sur le visage de Luka Elsner : « Je suis plutôt content que nous puissions être revenu au score après avoir livré une telle bataille. J’aurais vraiment regretté de repartir avec une défaite. Je pense que les garçons ont réellement mérité ce point. Cela m’offre aussi beaucoup d’espoir pour la suite mais également attise un signal d’alarme. Il convient de conserver les pieds sur terre. »
En quelques mots, le responsable technique exprimait ainsi son ressenti au terme d’une rencontre complètement folle. Où ses protégés – sans véritablement l’admettre – pouvaient nourrir des regrets. « Je ne m’attendais pas à mener 3-1 à la pause, c’est évident. Ce but de Herrera concédé juste avant la pause change un petit peu la donne. J’avais pourtant alerté les garçons, leur rappelant qu’au moment où l’on pense être très bien, il arrive des situations négatives. Cette réduction du score en est une. »
Pour autant, Luka Elsner n’osait accabler une formation qui « a su réaliser le match qu’il fallait… » Sans complexe, notamment d’infériorité, l’Amiens SC est parvenu à se sublimer, bousculant un adversaire en manque d’inspiration, d’investissement également.
« Encore une fois, je n’ai pas envie de diminuer ce que le groupe a fait ce soir. Nous avons proposé une belle deuxième mi-temps, nous procurant même quelques occasions. Même si le Paris-Saint-Germain a orchestré certains changements, laissait entrevoir un degré de motivation supplémentaire, nous avons réussi à marquer » commentait encore l’intéressé. Afin de quitter la pelouse tête haute…
Je ne m’attendais pas à mener 3-1 à la pause, c’est évident. Ce but de Herrera concédé juste avant la pause change un petit peu la donne
N’en demeure que cette belle débauche d’énergie valait peut-être mieux que ce (petit) point. Une unité venue créditer le capital d’une formation qui reste toujours engluée dans les profondeurs du classement. Surtout que les résultats de ses compagnons d’infortunes n’allaient lui être favorables. Les « Crocos » Nîmois, victorieux d’Angers (1-0) et en pleine régénérescence, Dijon et Metz courageux respectivement face aux Girondins de Bordeaux (2-2) et le FC Nantes (0-0), l’Amiens SC ne tire aucun profit de ce bel exploit. Car c’est bien de cela dont il s’agit lorsque vous réussissait à glisser à quatre reprises le cuir au fond des filets parisiens…
Reste que dans cette course effrénée au maintien, cette unité se découvrira éventuellement une valeur inestimable. « C’est un point qui nous permet d’avancer » confessait Luka Elsner, sans toutefois envisager sombrer dans une euphorie excessive. « Il est indispensable de continuer à travailler dur pour ainsi prétendre en récolter d’autres. Car notre situation actuelle au classement ne nous permet pas de nous relâcher, bien au contraire. Il serait indécent de croire qu’au lendemain d’une confrontation telle que celle-ci les prochaines échéances apparaîtront plus faciles. Ce qui ne sera pas le cas »
Il est indispensable de continuer à travailler dur pour ainsi prétendre en récolter d’autres. Car notre situation actuelle au classement ne nous permet pas de nous relâcher, bien au contraire
Mise en garde envers un effectif qui aura à cœur de faire fructifier ce probant résultat dans huit jours à Strasbourg avant d’accueillir le FC Metz. « Treize journées sont à jouer. A nous d’être aussi performants, notamment opposés à ces adversaires qui, comme nous, aimeraient prolonger l’aventure parmi l’Elite » mentionnait un éblouissant Régis Gurtner. Surnommé amicalement « Superman » par son coach, celui-ci semble sonner la révolte au sein d’un effectif « déterminé à se battre jusqu’au bout ».
Fabrice Biniek
Crédit photos : Léandre Leber – Gazettesports